Kasabian – For Crying Out Loud

Le groupe de rock indé Kasabian fait son retour avec un sixième album For Crying Out Loud. Purge prétentieuse ou œuvre de génies incompris, qu’en est-il vraiment ?

 

Il y a en a qui ferait de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de parler. « Notre nouvel album va sauver la musique à guitare des abysses », disait Sergio Pizzorno en préambule à For Crying Out Loud, leur sixième opus studio. Avouez que vous aviez esquissé un sourire en lisant les propos du mastermind de Kasabian, ce grand dandy bizarre et dégingandé qui a fini par se tailler une belle place (méritée) dans le panthéon des meilleurs musiciens rock britanniques. Fidèle à sa prétention, celle d’être le meilleur groupe de rock au monde, Kasabian nous est revenu assez rapidement dans les bacs, à peine deux ans après la sortie du fantasque et dance-rock 48:13.

Sur son cheval blanc, le quatuor dit donc vouloir le rock britannique dont il s’estime le garant et l’unique leader (avec Arctic Monkeys, parce qu’ils sont sympas). On se dit donc assez légitimement que cela préfigure un album qui va envoyer du bois, comme Empire en 2006, comme le génial West Ryder Pauper Lunatic Asylum trois ans plus tard.

Hélas, si au premier abord, For Crying Out Loud s’écoute d’une traite et d’une manière plutôt agréable, il n’assume à aucun moment la stature à laquelle il prétend. Rien dans cet album ne laisse à penser qu’on tient à un nouveau Club Foot, un Empire, un Fire, un Vlad The Impaler ou plus récent, un eez-eh. Pas ce morceau qui, dès la première écoute, vous fait lâcher : « Ce morceau, on en reparlera dans dix ans. »

 

 

Pourtant, il n’y a pas grand-chose à jeter de ce For Crying Out Loud qui démarre en trombe avec le rythmé et hymnesque Ill Ray (The King). Une introduction qui affiche ses prétentions sans jamais vraiment en prendre la mesure. Rageant, car l’album est bon, traversé de très belles séquences, entre la romantique Wasted et sa dynamique pop un peu déroutante, le tubesque Comeback Kid (qui s’inscrit clairement dans la lignée des précédents singles cultes) ou encore le titre pop-rock fédérateur et barré qu’est Bless This Acid House.

Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Désormais incorporé au sein d’une tracklist, le premier single You’re In Love With A Psycho demeure toujours aussi anodin, la faute à un refrain chiant. Un constat renforcé avec Twentyfourseven, malgré sa rythmique explosive. On se laisserait presque dire qu’en panne d’inspiration, Kasabian est allé pomper à droite à gauche, chez les Monkeys (The Party Never Ends), Primal Scream (et le foutraque Are You Looking For Action qui résume assez cet espèce de cap que Kasabian n’a pas réussi à passer dans cet album) ou encore Status Quo (Bless This Acid House). On sent pourtant bien ces références qui ont fait d’eux les héritiers d’Oasis, que ce soit avec les Beatles (et la ballade Put Your Life On It) ou les Happy Mondays (All Through The Night).

Le constat est encore plus frappant et frustrant avec l’édition deluxe, lorsque vous enchaînez les 12 titres de cet album pour débouler sur les 15 morceaux du live donné par les Anglais au King Power Stadium pour fêter le titre de champion d’Angleterre de leur club de coeur, Leicester. On prend alors acte de la grandeur toujours plus magnifique des titres d’antan, y compris les Shoot The Runner, I.D. ou Doberman. Et on se dit que Kasabian est passé à côté de son sixième effort.

 

 

Tracklisting :

Ill Ray (The King)

You’re In Love With a Psycho

Twentyfourseven

Good Fight

Wasted

Comeback Kid

The Party Never Ends

Are You Looking for Action?

All Through the Night

Sixteen Blocks

Bless This Acid House

Put Your Life On It

Nos morceaux préférés : Bless This Acid House, Comeback Kid, Wasted

LA NOTE : 5,5 / 10

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