18 Juin Ride – Weather Diaries
C’était un retour que l’on n’espérait plus. 21 ans après Tarantula, Ride, les géants du shoegaze, reviennent avec Weather Diaries. Écoute et critique.
Que ce retour de Ride était attendu. Comment parler de la formation autrement qu’en d’élogieux termes? Le quartet a marqué son époque avec Nowhere, disque suprême toujours considéré comme une référence absolue du shoegaze. Et alors que tout semblait fini il y a de ça 20 ans, le groupe revient aujourd’hui pour un 5ème nouvel album. Et le voilà: Weather Diaries, dans toute sa splendeur et son intensité.
En guise de préambule, il est essentiel de préciser que Weather Diaries n’entend pas surpasser ses aînés, ou même leur tenir tête. Non, Ride jouent bien ici sur la carte de la nostalgie, conscient du fossé entre Tarantula et cette nouvelle galette. Le quartet n’est pas là pour reprendre un supposé trône ou pour faire de nouveau ses preuves: Weather Diaries se veut être un album efficace et mineur, rappelant les meilleurs moments de la formation tout en se permettant quelques bonds artistiques dans le futur.
Toute cette volonté est synthétisée dans le titre d’ouverture, Lannoy Point. Sonorités électroniques à l’appui, la voix du frontman Mark Gardener se pose sans souci sur des guitares orchestrées à merveille en écho, jusqu’à un refrain déployant des trésors de beauté, de puissance et d’efficacité. Tout Weather Diaries est contenu dans ce morceau: rappeler la gloire d’antan tout en se projetant dans le présent; en toute humilité.
Jamais boursouflé, jamais au-delà de ses ambitions, Weather Diaries se tient à merveille sur toute sa durée. Ride osent: Charm Assault et Lateral Alice se révèlent être des titres aux contours plus rock dessinant un nouvel aspect du groupe, qui prend plaisir à surprendre. L’expérimentation vocale électronique de All I Want n’est peut-être pas la mieux pensée de l’album, mais se rattrape grâce à une superbe construction et une mélodie émouvante en diable.
Mais évidemment, là où la formation se montre la plus forte est quand elle revient à ses premières amours: le shoegaze. Et là, nul doute que Weather Diaries réserve ses pépites; à l’image du titre éponyme, sorte de pépite pivot qui nous accroche pour ne plus jamais nous lâcher. Rocket Silver Symphony joue, lui, la carte de l’expérimentation et de l’attente, mettant bien ses auditeurs dans le bain avant de lâcher le refrain le plus efficace de l’album dans un triomphe aux indéniables accents post-rock qui nous invitent à la redécouverte. Brillant.
Les titres les plus calmes de ce 5ème album viennent également charmer l’auditeur, sans jamais faillir à leur tâche. Home Is a Feeling, Cali, Impermanence, jusqu’à la piste de conclusion White Sands: tout se déploie toujours dans la subtilité et dans la réverbération pour mieux happer, hanter, hypnotiser. Ride se transforment alors en sorciers du pédalier, étirant leurs guitares vers un nirvana sonore qu’on laisse volontiers nous envelopper.
Cette galette de Ride se présente donc remarquablement bien, avec néanmoins un majeur défaut. S’il est un élément que nous devrions mettre à l’amende, c’est bien la production de ce Weather Diaries, bien trop sage et propre, semblant par moment freiner les ardeurs des musiciens, empêchant alors les titres de s’envoler encore plus haut et donc (osons-le!) de s’inscrire dans la légende. Trop édulcorée, la production de ce nouvel album vient donc fermer les portes à des possibilités soniques folles dont on ne peut maintenant que rêver; à notre plus grande tristesse.
Mais inutile de bouder notre plaisir. 20 ans après, Ride reviennent, forts de leurs acquis et toujours prêts à aller de l’avant, embrassant passé et modernité en un merveilleux souffle qui émane parfaitement tout au long de ces 52 minutes d’écoute. Un petit grand disque, dont nombre de formations devraient s’inspirer. Splendeur passée et réussite actuelle: gloire à Ride.
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