03 Juil Depeche Mode plus sensuels que jamais au Stade de France
Les géants Depeche Mode revenaient en terrain conquis ce 1er Juillet pour un show quasi sold-out au Stade de France. Récit.
La capacité qu’a Depeche Mode de fédérer après tant d’années est réellement impressionnante. Bientôt 40 ans de carrière et 14 albums au compteur, le groupe parvient toujours à réunir une horde de fan dans un stade d’une capacité de 80 000 personnes; et cela sans rien perdre de son charme ou de sa qualité musicale, tout en évitant de tomber dans les pièges de la musique de stade, le récent Spirit en étant la parfaite anti-thèse. C’est d’ailleurs pour défendre sur scène ce nouvel opus que le trio monte sur scène à 21h après avoir lancé un classique Revolution d’entrée; le stade résonne au son du tube des Beatles, les écrans prennent vie, et le trio s’avance finalement sur scène.
Épaulés de 2 musiciens additionnels (clavier et batterie), le show commence de bien atypique façon; pas d’hymne fédérateur, pas de tube électro-pop calibré, pas de facilité. Depeche Mode introduisent leur show avec un diptyque Going Backwards/So Much Love, tous deux issus du nouveau Spirit, qui installent une ambiance sensuelle, méditative et à la fois en puissance et en retenue. Pas de retransmission: les écrans latéraux projettent les animations et visuels du panneau central, tandis que Dave Gahan, la voix toujours intacte, incarne à la perfection cette icône glam toujours aussi excitante. Les guitares résonnent, les rythmiques électroniques se déploient dans tout le stade, la batterie frappe: quelle entrée en matière.
Sceptiques? Le groupe sait équilibrer et propose coup sur coup l’excellent Barrel of a Gun et l’énorme A Pain That I’m Used To, présenté dans une version remixée qui emporte tous les suffrages. Le groupe apparaît enfin sur les écrans, souriant. Dave Gahan parcourt toute l’étendue de la scène, harangue la foule, fait le show comme jamais. Le groupe s’efface de nouveau derrière de superbes clips avec In Your Room, superbe chorégraphie dépassant son cadre clipesque, à l’image de Depeche Mode franchissant les barrières pour proposer un titre séduisant en diable qui frappe là où il faut.
Mais il n’est pas question que de sir Gahan dans ce concert. S’éclipsant en backstage, c’est le guitariste Martin L. Gore qui prend le relais, avec une voix cristalline et puissante qui vient jouer sur l’opposé de son confrère frontman. En résultent deux temps forts: l’émouvant Judas, repris en acoustique et porté par Gore seul, et le grandiose et sublime Home, repris en chœur par une foule acquise à la cause du groupe. C’est sur la fin de ce morceau que Dave Gahan reviendra afin de motiver le public à reprendre les ultimes chœurs encore et encore, à en perdre la tête et la voix.
Petit retour aux singles les plus récents: le puissant Where’s the Revolution soulève le stade, et le désormais classique Wrong emporte les suffrages avec sa puissante construction. De là, la machine Depeche Mode ne s’arrête plus: Stripped, Enjoy the Silence et Never Let Me Down Again viennent conquérir le Stade de France avec une grâce et une facilité imparable. La scénographie détonne (un bestiaire animalier pour Enjoy the Silence, vraiment?), le groupe prend son pied et la foule réagit avec plaisir à ces classiques instantanés qui n’ont pas pris une ride. La formation se retire; temporairement heureusement.
C’est sur Somebody que le groupe revient, avec un Martin L. Gore toujours vocalement en forme et aux anges. Le ténébreux Walking in My Shoes, impeccable, se présente accompagné d’un clip questionnant les notions d’identité et de genre; quoi de mieux pour ouvrir la porte à un hommage au regretté David Bowie? Se lançant dans une reprise de Heroes, Depeche Mode proposent une version intimiste et apaisée qui monte progressivement en puissance, éclatant finalement et irradiant de beauté tandis qu’un drapeau noir s’agite sur les écrans géants.
Et voilà que l’heure de la fin du show arrive. I Feel You, plus sexy que jamais, se voit interprétée par un Dave Gahan joueur; ne vous reste plus qu’à imaginer la réaction unanime d’un stade au frontman se touchant sur le rythme de l’électrique titre. Et finalement, c’est l’inimitable riff de Personal Jesus qui résonne dans le Stade de France, pour une fin acclamée en apothéose et enrichie à la perfection. Une fin fédératrice et unanime, et un départ en grande pompe pour le groupe, entre ovations et multiples remerciements, des premiers rangs au fond du stade.
Nul doute que cette performance de Depeche Mode ne sera pas la plus unanime. Troquant leurs évidences electro-pop les plus kitschs (à l’exception de la fun mais hors-propos Everything Counts) pour une mouture beaucoup plus sensuelle, ambiante et mature, la formation a prouvé avec brio que presque 40 ans plus tard, elle était toujours capable de se réinventer et de se renouveler sur scène, proposant une expérience différente à chaque tournée. Opération de séduction 100% réussie en ce qui nous concerne. A défaut d’être la plus acclamée, cette performance restera indéniablement dans nos esprit comme la plus séduisante et la plus excitante du groupe; et ce sans scénographie excentrique ou débordements kitsch. Chapeau bas, ne reste plus qu’à remettre ça le 3 Décembre 2017 à l’AccorHotels Arena.
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Setlist Depeche Mode @ Stade de France 01/06/2017
Revolution (The Beatles song)
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