22 Août La Route du Rock 2017, jour 2 (The Jesus and Mary Chain, Temples, …)
Considérée comme la moins bonne journée de cette édition 2017 sur le papier, le jour 2 de la Route du Rock a pourtant délivré avec force. Récit.
Cold Pumas
La journée a démarré pour nous à 18h30 avec le set de Cold Pumas. Avec pour lourde tâche d’ouvrir cette 2ème journée de festival, le groupe, que nous avons pu interviewer, a délivré un set efficace et hypnotique. Chaleureusement accueillie, la recette krautrock/post-punk du quatuor a fonctionné à plein régime, ne cessant de s’améliorer au fil des morceaux. Proposant, fait rare, un chanteur/batteur complété par deux guitares et une basse, les Cold Pumas ont proposé titres imparables sur titres imparables, ne prenant que de rares pauses pour souffler. Si le tout n’incitait pas à une avalanche de pogos, faute d’un contexte adapté (un set est toujours meilleur la nuit), le set du quartet nous aura néanmoins convaincu du potentiel du groupe, et de la qualité de ses compositions, réservé à un public aguerri sans verser dans l’inaccessible. 40 minutes et puis s’en vont: très belle façon de démarrer cette seconde journée que ce set d’ouverture.
Parquet Courts
L’étrange quatuor texan continue de déchaîner les passions; et la foule amassée près de la scène du fort pour le set de Parquet Courts ne peut que confirmer ce fait. Toujours auréolés du succès de Human Performance, les 4 musiciens se sont présentés sous leur meilleur jour, attaquant avec un Dust efficace, empli d’une énergie garage-rock à plusieurs degrés qui varieront tout au long de ce set. Les ruptures de tons, bienvenus, sont très nettes, entre les extraits de leur dernier opus, et ceux tirés de leurs premiers efforts: le duo Master Of My Craft/Borrowed Times, dévastateur, ne peut que ravir même les plus sceptiques. Une énergie live au service de délicieuses compositions; que demander de plus?
Temples
Saut temporel: nous voilà devant la scène du fort. Il est 21h15, et le quatuor Temples monte sur scène, pile à l’heure. Premier choc: James Bagshaw, irremplaçable leader, s’est coupé les cheveux, pour un look beaucoup plus rock 70’s que psychédélique. Simples question esthétique? Que nenni, ce changement viendra accentuer la force d’un live qui se sera révélé beaucoup plus rock et maîtrisé que par le passé. Attaquant par le single Certainty extrait de Volcano, le groupe dévoile une puissance sonore délicieuse, malgré une batterie légèrement en retrait au début. Les harmonies fusent, basse, guitare et claviers s’entremêlent, et même un petit souci de guitare en fin de morceau n’empêche pas à James d’alpaguer les foules et de motiver le public. Sur les 10 titres joués au cours de ce set d’une heure, plus de la moitié seront issus du récent Volcano: des mentions spéciales doivent alors être attribuées au fédérateur refrain de Roman God-Like Man, à l’envoûtant et superbe How Would You Like To Go? et surtout à la fulgurance alternative de Open Air, titre intégré à la dernière minute dans la setlist grâce à un set plus long que le groupe ne le pensait. Le classique Sun Structures ne s’est évidemment pas laissé faire, et le groupe a joué ses plus belles cartes sur ses titres: Keep In the Dark, Mesmerise et sa délicieusement allongée outro, A Question Isn’t Answered… Tous ces morceaux se sont révélés encore plus efficaces que d’habitude grâce à un son puissant, maîtrisé et résolument plus rock que psychédélique; sans perdre néanmoins cette touche caractérisant le son du groupe. La réussite est total, et le tout se clôt sur le son de l’inimitable Shelter Song, qui assène le coup de grâce parfait. Temples ne font que devenir meilleurs; une bonne raison pour retourner les voir à La Cigale en Septembre.
The Jesus and Mary Chain
Indéniablement l’un des sets les plus attendus de la journée. Les britanniques de The Jesus and Mary Chain, venus défendre leur nouveau Damage and Joy, sont venus (avec un peu de retard) déchaîner les passions et raviver la ô combien précieuse flamme de la nostalgie. Si ladite flamme n’a pas été ravivée pour une grande partie du public, bien trop jeune pour avoir connu la formation à son heure de gloire, nul doute que le déchaînement des passions a en revanche été un dénominateur commun pour tout à chacun. De l’ouverture Amputation, excellent extrait de Damage and Joy, à la folle conclusion I Hate Rock ‘n’ Roll, le public aura été tout simplement fou, déchirant les premiers rangs en impressionnant pogos laissant des nuages de poussière s’envoler à chaque fin de morceau. Le groupe, lui, reste souvent dans l’ombre, avec une fumée artificielle découvrant à peine les contours du chanteur Jim Reid. Tandis que des classiques comme Head On et Always Sad défile, la formation, imperturbable et impeccable, délivre une performance maîtrisée s’énervant juste comme il faut. Jim Reid, lui, tenant des mètres et des mètres de câble dans la main, s’accroche à son micro et chante sans démériter, incarnant ses textes avec conviction. La réaction la plus forte aura évidemment été obtenue dès l’ouverture du classique Just Like Honey, le chant de la foule se transformant alors en un impressionnant cri fédérateur. 1h15 impeccable et palpitante qui nous a laissé un goût de trop peu, tandis que l’époustouflant duo de conclusion Reverence/I Hate Rock ‘n’ Roll est venu secouer la foule de la Route du Rock. Communication minimale pour performance maximale: rien à dire, le retour sur scène de The Jesus and Mary Chain aura convaincu.
Future Islands
La sensation Future Islands était à la Route du Rock ce soir, et si leur performance devait être résumée en deux mots, les suivants seraient employés: décharge émotionnelle. Portée par un Samuel T. Herring en grande forme, la formation a proposé un set superbe, humain et puissant, démarrant avec la superbe Ran et en passant par la maintenant culte Seasons (Waiting On You). Frontman incarné, Samuel T. Herring vit ses textes comme jamais, dansant, invectivant, arpentant la scène, passant par toutes les émotions, le tout avec une sincérité désarmante. Le public est évidemment emballé, les pogos faisant rage dans les premiers rangs. 1 heure de set, ni plus ni moins: la success story de Future Islands est une émouvante réussite et sûrement une des plus belles découvertes de ces dernières années. On sort du set ému, heureux, apaisé; la musique dans toute sa force émotionnelle la plus pure.
Soulwax
Le show de Soulwax venait clôturer cette deuxième journée avec une formation live impressionnante, car composée entre autre de 3 batteries. Ensemble impressionnant et rythmé; si le groupe échoue par moments sur ses sonorités électroniques, étrangement agencées, le pari de 3 batteries est en revanche largement remporté, avec une section rythmique dingue, maîtrisée et totalement réussie. On retrouve d’ailleurs à une des batteries Victoria Smith, aperçue dans toute sa force au Trabendo de Jamie T. Elle nous avait impressionné lors de ce concert, et nous époustoufle toujours au cours de ce set de Soulwax. Une conclusion électro organique parfaite pour ce Samedi soir, qui nous achève autant qu’elle nous emplit d’énergie.
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