Le plaisir communicatif de Jamie T au Trabendo

Venu défendre un Trick inégal dans un Trabendo loin d’être complet, Jamie T a réussi l’inattendu: fédérer les foules et faire jubiler le public. Récit.

C’est devant une foule clairsemée que les portes du Trabendo s’ouvrent à 19h. Les quelques fans présents s’empressent d’occuper le devant de la salle, au pied de la scène. Si Jamie T, au même titre que d’autres artistes et formations comme Biffy Clyro, Enter Shikari ou encore Kaiser Chiefs, profite d’une solide réputation outre-Manche, le constat est très différent en France: malgré une communication efficace, le Trabendo n’affiche pas complet ce soir, et c’est devant quelques pauvres rangs de fans impatients que INHEAVEN monte sur scène à 20h pour chauffer la salle.

Le quartet, dans une formation standard (guitares basse batterie chant), s’élance alors dans une démonstration de rock alternatif aérien et éthéré. Quelque peu banale sur ses deux premiers titres, la prestation se lance alors vraiment sur un Baby’s Alright d’une puissance impressionnante: si la guitare lead se fait trop discrète tout du long du set, elle parvient à délivrer des riffs acérés et la batterie se permet des breaks particulièrement efficaces, permettant de lancer des refrains jouissifs. Ce Baby’s Alright de qualité permet un enchaînement avec une suite de set tout en réussite, dont ressortiront des pépites comme Treats, Drift ou encore le sublime Regeneration, single incontournable à la beauté fantomatique hallucinante. Le chanteur prend le temps de s’exprimer entre deux morceaux devant ce Trabendo peu rempli: toute première nuit à Paris pour le groupe, introduction du nouveau single, vrai plaisir d’être présent ici ce soir. La joie est lisible sur le visage de la bassiste, qui ne se dépareillera pas d’un franc sourire tout au long du set, enjoignant le public à taper des mains au rythme des morceaux. Passé Regeneration, la formation s’éclipse en nous remerciant chaleureusement pour cet accueil. Accueil largement mérité: ces sonorités pop-rock aériennes et prenantes méritent toute notre attention. Bien que singulièrement différente de celle de Jamie T, la musique de INHEAVEN aura réussi à nous charmer au cours de ces 30 minutes de live, laissant présager le meilleur pour la suite et en espérant un rapide retour en France du groupe.

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Vient alors la dernière ligne droite pour les fans de l’artiste britannique: l’attente se fait insoutenable tandis que les roadies déplacent les caissons d’ampli et installent d’impressionnantes pédales d’effets. C’est finalement sur les coups de 21h que Jamie T monte sur scène, décontracté. Le public, lui, ne peut que hurler d’excitation.

Sorte de fils illégitime de Alex Turner et de Pete Doherty, Jamie T impose déjà par sa présence et sa classe naturelle, à grand renfort de chemise à carreaux, veste en jean et pin’s des Clash. Le set du chanteur démarre alors très fort avec un Power Over Men charmeur et efficace. Accompagné de guitariste, bassiste, clavier/sample et batteuse, le songwriter est bien entouré, et la formation semble immédiatement fonctionner de façon naturelle et fusionnelle. Le début de set fait la part belle au dernier opus de Jamie T avec les très bons Tesco Land, Dragon Bones et Solomon Eagle, point forts de Trick qui passent l’épreuve du live avec une aisance insolente. Et c’est au milieu de ce nouveau répertoire que Jamie T lâche les chiens avec une interprétation décomplexée et jouissive de Operation, titre phare de Panic Prevention, premier effort de l’artiste. Guitares saccadées, rythmique effrénée, chœurs syncopés, le chanteur se place au plus près du public pour décocher des riffs dévastateurs sans jamais perdre son petit sourire narquois. Le public, lui, exulte, déjà charmé.

Jamie T

S’il est une évidence que l’on doit retenir de ce concert de Jamie T, c’est que les morceaux de Panic Prevention sont les plus aptes à déchaîner les foules. A peine le riff de If You Got the Money décoché, le public hurle. A peine les premières paroles déroulées de Sheila, tout le monde crie en chœur. Panic Prevention a acquis chez les fans une place particulière et unique, et chacun de ses morceaux en live se place comme un point d’orgue à lui tout seul, provoquant une tornade d’agitation et de bonne humeur, repris sans faille par des fans venant de divers horizons (notamment britannique, profitant de pouvoir voir Jamie T dans une salle minuscule sans barrières). Ces moments de pur bonheur sont entrecoupés par des titres d’une efficacité folle. Don’t You Find dévoile une puissance insoupçonnée avec une monstrueuse rythmique à la batterie. 368 voit Jamie lâcher sa guitare et haranguer la foule de part et d’autres, lui demandant de l’aide pour reprendre le refrain en chœur. Le dernier album n’est pas en reste, avec un best-of de best-of qui voit le musicien se retrouver sur scène pour délivrer un Sign of the Times surpuissant et tétanisant de beauté et de justesse; moment suspendu au sein du Trabendo où personne n’ose parler, de peur de briser la magie régnant à cet instant.

Les mots ne suffisent pas à décrire la monstrueuse fin de set réservée par Jamie T: comme évoqué précédemment l’incroyable Sheila, reprise par des fans la connaissant sur le bout des doigts; le surpuissant Tinfoil Boy, avec son inquiétant et terrassant refrain; le single Rabbit Hole, d’une efficacité dingue; et en guise d’immanquable clôture, le culte et fédérateur Sticks ‘n’ Stones, rare rescapé de l’album Kings & Queens, là aussi connu par les fans sur le bout des doigts. Sorte de marathon best-of, cette fin de concert est une course effrénée dont personne ne ressort indemne, brassant avec efficacité la discographie éclectique de l’artiste et visant à satisfaire chaque personne présente dans la salle ce soir. Jamie T lui échange des regards complices avec le public, nous complimente pour nos McDonald’s futuristes, et exprime son sincère plaisir d’être là, avant de présenter le groupe le soutenant (dont nous retiendrons l’incroyable batteuse, avec un jeu effréné, inventif et impeccable). Le groupe s’esquive alors sur une dernière mesure de Sticks ‘n’ Stones; le public, lui, réclame à grand renfort de cris un rappel. Souhait exaucé.

Jamie T

Jamie T remonte alors sur scène avec le groupe pour interpréter Zombie, single efficace de Carry On the Grudge. La chanson est connue des fans et moins fans, et dans la lignée de l’enchaînement qui a précédé, la bonne humeur et la félicité règnent, chacun profitant de cet unique moment avec le chanteur. Ultimes coups de cymbales, dernières notes, et c’est cette fois fini pour de bon: Jamie T nous salue et nous remercie, avant de disparaître en backstage. Le public, encore soufflé, n’a qu’un souhait: revoir au plus vite ce songwriter et artiste de génie, qui montre une aisance et un naturel fous en studio et en live. Le Trabendo n’était peut-être pas complet ce soir, mais cela ne l’a pas empêché d’accueillir un des lives les plus réjouissants de ces derniers mois, véritable célébration de la musique. A très très vite, on le souhaite.

Setlist:

Power Over Men

Tesco Land

Operation

Dragon Bones

Solomon Eagle

Salvador

The Prophet

Don’t You Find

If You Got the Money

368

Sign Of the Times

Crossfire Love

Sheila

Tinfoil Boy

Rabbit Hole

Sticks ‘n’ Stones

Rappel:

Zombie

 

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