29 Août Cabaret Vert 2017 jour 1: London Grammar, Death Grips, The Orwells, …
Riche en émotions, revivez avec nous la première journée de cette passionnante et éclectique édition 2017 du Cabaret Vert.
Grindi Manberg
Premier concert de la journée oblige, on accueille les français avec joie sur la scène des Illuminations. Un peu intimidés mais surtout très contents d’être là, les musiciens proposent alors une pop aérienne enlevée proposant quelques variations délicieusement électriques. Tous les instruments sont en osmose, proposant des compositions par moments relativement complexes, et on se laisse volontiers envahir par la musique de Grindi Manberg. Gardons un œil sur la formation: elle sortira son premier album le 15 Septembre, où l’on retrouvera la plupart des compositions découvertes au Cabaret Vert. Une idéale ouverture.
The Noface
Changement de scène et d’ambiance: c’est sur l’imposante Zanzibar que le quintet des Noface entre en scène. Le concept est sur le papier intéressant: 4 musiciens, le visage masqué, accompagnés par une chanteuse se dévoilant elle au grand jour. Audacieux? Quand on sait que les 4 musiciens sont ceux de feu Skip the Use, on se pose quelques questions quant à l’intérêt du concept; mais passons. La formation délivre un rock FM efficace avec quelques échappées émotionnelles convenues mais bienvenues. L’atout du groupe? Oma Jali, frontwoman énervée et fédératrice posant sa voix avec force et justesse sur chaque rythme proposé par les musiciens. Difficile d’être totalement convaincu tant le tout sent un peu le réchauffé, mais les premiers rangs, ouverts en furieux mosh-pits, semblent vouloir nous dire le contraire; allez, ne refusons par aux Noface leur talent à passer l’épreuve du live.
The Orwells
Retour aux Illuminations pour une bonne dose de garage américain maîtrisé. Le quintet The Orwells se présente sur scène, menés par un Mario Cuomo déjà visiblement bien sous substances. Bien qu’un peu frileux au début, le public trouve vite ses marques, et c’est quand les pogos éclate que le groupe semble le plus prendre son pied. Le frontman, lui, erre, toujours sur le fil entre la soirée de sa vie et le coma éthylique, renversant des bières avec son câble, invectivant le public, lançant des eye contacts à la fois glaçants et complices. L’hystérie est totale quant, à l’issue d’un titre, la formation lâche une reprise de Steady As She Goes, fédératrice. Énergie nonchalante et compositions de qualité: tandis que l’ultime morceau défile, Mr. Cuomo s’amuse avec une des caméras tel un cinéaste fou, cadrant le public, avant de s’effacer. Le concert se clôt alors petit à petit tandis que les instruments se taisent les uns après les autres: on ressort confus, et galvanisés. L’effet The Growlers.
London Grammar
Lourde tâche pour London Grammar, rudement placés tant géographiquement (sur la scène Zanzibar, entre The Noface et Cypress Hill) que chronologiquement (juste après l’énervé set de The Growlers). Le trio n’a cependant pas l’air de se soucier de ces considérations: plus confiants que jamais, les trois musiciens plantent d’emblée le décor avec un Hey Now saisissant, supplantés par une superbe mise en scène, tant dans les écrans que dans les jeux de lumière. Très vite, le groupe joue une de ses plus grosses cartes: cette fameuse reprise du Nightcall de Kavinsky ici, à l’image des nouveaux sets de The xx, remixée en fin de course afin de satisfaire un public avide de sensations un chouïa plus forte. La force de London Grammar réside sans doute là: savoir s’imposer face à un public énervé en proposant une musique planante s’adaptant aux envies. Car si le tube Wasting My Young Years passera par cette formule de nouveau mix, le single Rooting For You, issu de Truth Is A Beautiful Thing, sera pour les 2/3 chanté en a capella par une Hannah Reid inspirée et toujours vocalement juste; instant comme suspendu, respecté par un public étonnamment attentif. Who Am I restera un indéniable temps fort de ce set, appuyé par un jeu de lumières explosif gardant l’audience éveillée et le superbe Strong fédéra de nouveau les foules comme jamais, les non-initiés comme les fanatiques. C’est sur la sublime Metal & Dust que le trio referme son set, appuyé par une batterie délicieusement organique et une superbe outro rallongée. Silence; le groupe s’éclipse sous les applaudissements. On regrettera une guitare toujours un peu trop gadget, effacée sous les nappes de synthétiseurs et basses, mais rien d’autre à dire: London Grammar ont trouvé leur son et leur place dans la scène musicale actuelle, et nul doute que leur succès, tant musical que scénique, est et restera singulièrement unique.
Cypress Hill
Changement de rythme pour la formation hip-hop. Set racé empli de tubes, les MC mettent le feu à la scène Zanzibar avec une énergie communicative: les foules se soulèvent au quart de tour tandis que résonnent les hits Insane In the Brain et How I Could Just Kill A Man. Bien que devant écourter notre présence afin d’obtenir un spot idéal sur la scène des Illuminations, impossible de ne pas sourire en repensant à ce moment d’euphorie purement communicatif. Le hip-hop old school se défend encore à merveille.
Cashmere Cat
Le set qu’il fallait impérativement venir voir avec des bouchons d’oreille; pour tout ceux souhaitant conserver un minimum d’audition tout du moins. Seul derrière ses platines, le DJ norvégien a déversé sur la scène des Illuminations un flot de basses résonnant au plus profond de chacun. Si ses morceaux ne brillent pas par une inventivité particulière, les mélodies se révèlent suffisamment addictives et les drops suffisamment jouissifs pour nous convaincre de rester jusqu’au bout du spectacle. Interpolant parfois certains hits internationaux avec ses titres (le Wolves de Kanye West, instant suspendu sublimé par le couplet de Frank Ocean), Cashmere Cat aura, le temps d’une heure, fait l’étalage de son efficacité, et aura satisfait les festivaliers à la recherche l’une expérience plus extatique que Flume, enchaînant à l’opposé du festival juste après.
Death Grips
Le set qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte; désolé Flume. 6ème date française en 5 ans, c’est dire la taille de l’évènement. C’est au cœur de la nuit (1h10!) que le trio a débarqué pour lâcher un set démentiel, animal, violent, inégalable. Sorte de hip-hop viscéral dopé à un indescriptible mélange de toutes les drogues existantes, la musique de Death Grips vient caler un uppercut toutes les 10 secondes à son auditoire sans laisser aucun répit; les morceaux s’enchaînant à la micro-seconde près sans laisser le temps de respirer. Andy Morin derrière son ordi, Zach Hill derrière sa batterie, et MC Ride au micro, transformant sa voix en arme de destruction massive. Épaulés par un jeu de lumières épileptiques dessinant leurs silhouettes la majeure partie du temps, les musiciens ne quittent la scène qu’après 1h de set traversés par Hot Head, No Love, The Fever (Aye Aye), Get Got, Come Up and Get Me ou encore I Break Mirrors With My Face in the United States; autant de déflagrations piétinant les restes de son public. Croyez-nous, si vous n’avez pas passé 1 heure en compagnie de Death Grips au Cabaret Vert, vous avez raté l’un des meilleurs concerts de votre vie.
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