27 Sep Enter Shikari – The Spark
Près de trois ans après l’excellent The Mindsweep, le pilier le plus influent du post-hardcore Enter Shikari revisite sa propre recette avec The Spark, un cinquième album plus synthétique, moins percutant bien que toujours solidement rodé.
The Spark, en plus de nous surprendre de sa sortie, avait tout pour plaire. Un joli packaging (cette pochette, significative d’un certain changement ; la présence d’un clavier n’y est pas pour rien), un tracklisting qui semblait entrevoir un concept mûri. L’introduction, éponyme, ouvre l’album de manière très mélodique. Fonctionnant comme le réveil d’une longue et tumultueuse nuit, on ressent dès lors une quelque chose de nouveau. La gueule de bois ? Pas jusque-là. Avec ce cinquième album, le groupe détourne un axe du soft power à sa manière, afin de nous attirer de ses propres ficelles. Une différente cassette s’est introduite, pas si mauvaise, mais terriblement rétrograde. C’est un sentiment que l’album insufflera pendant près de 40 minutes. De là à nous laisser comme un gout d’inachevé, aussi bien sur le fond que dans sa forme.
L’idée de nouveauté germe de morceaux en morceaux pour devenir flagrante : Enter Shikari ne retient du punk que les prémices. Dorénavant, le groupe élargi (encore plus) son genre. Sa musique se reflète comme un prisme géant. Du single majoritairement électro Live Outside à la réminiscence The Revolt Of The Atoms, qui nous rappelle les premiers ébats, le thème de l’aliénation ressort vainqueur. « Look what we did to ourselves » chante Rou Reynolds au coeur de Take My Country Back. Brutes, les paroles toujours engagées du song-writer font pourtant moins mouche. Davantage accompagné de choeurs, l’instrument vocal est comme sans cesse fédérateur, parfois même tapageur. « Don’t give up the fight » souligne la belle Airfield, qui ranime naturellement en nous un espoir. Mais Enter Shikari vit-il désormais en dehors de son propre univers ?
Rabble Rouser, construite dans l’urgence, fonctionne mieux dans ses couplets et ses ponts que les refrains, mous du genoux. Cependant, on remarque là un immense potentiel live, notamment dans le segment final explosif. La formation nous prend par surprise avec l’expérimental Shirin-yoku. Ouverture béante en orchestration, « my lungs fill with air », l’humeur est à la liberté, et on y retient un agréable moment. Immergent alors les claviers, décidément rois, qui dirigent l’arrangement, jusqu’à même devenir le calque des riffs de guitares. »Thank you for your patience ». Ouverture facile à l’éthéré Undercover Agents, qui monte en puissance avec délice. L’opus fleurit enfin en un terrible diptyque final, soignant à demi-mot la maladie de son créateur. Cela suffit-il à sauver l’entièreté ?
Si le produit global d’Enter Shikari est toujours proprement produit et peuplé de solides morceaux dignes pour les prochains sets, force est de constater que The Spark échoue là où ses prédécesseurs avaient amplement réussi. Manquant indéniablement de force, ce nouvel album n’est pourtant pas une redite. C’est un essai, vers une contrée plus « popesque » et moins enragée que celles visitées précédemment. Ici, les guitares se font plus discrètes, elle tailladent moins le propos, puisqu’elles demeurent envahies par les cordes et les synthétiseurs. Ces derniers détiennent la couronne de The Spark. Si tel est l’objectif d’Enter Shikari, on ne peut que saluer cette prise de risque. Quoiqu’il en soit, le fondement post-punk est toujours là, vivifiant les moindres arrangements, pulsant les instruments jusqu’à la moelle. Seulement voilà, les os maintiennent un corps indépendant, fonctionnant – on l’espère – dans l’instantanéité et non dans la continuité. Le coup de poing qui ne fait pas mal. Enter Shikari ne tombera pas dans la facilité, on se le promet.
Tracklisting
The Spark
The Sights
Live Outside
Take My Country Back
Airfield
Rabble Rouser
Shirin-yoku
Undercover Agents
The Revolt Of The Atoms
An Ode To Lost Jigsaw Pieces
The Embers
Nos morceaux favoris : The Sights, Airfield, Undercover Agents, The Revolt Of The Atoms…
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