Ghostpoet – Dark Days + Canapés

Dark Days + Canapés, ou le quatrième opus d’unes des figures actuelles du trip hop britannique. Un disque solidement poétique et peuplé d’un sentiment de clair-obscur remarquable.

 

À l’image de ses mentors Massive Attack, et des petits protégés (Ash Walker, pour les intimes), Ghostpoet cultive une musique en slow-motion, tout en possédant une statuette unique. Le musicien tient bien de son nom : l’image d’un artiste dirigé par ses émotions. Avec son quatrième album, Obaro Ejimiwe pratique l’introspection avec merveille. Dark Days + Canapés n’est pas qu’une rapport personnel, c’est tout le compte-rendu d’une oeuvre bâtie depuis 2011 (date de sortie du charmant Peanut Butter Blues and Melancholy Jam). D’emblée, le titre érige un univers précis : le nocturne. Quoi de mieux, pour retranscrire ce champ (mus)(lex)ical, que de pratiquer l’art du trip hop ?

De l’introduction abyssale One More Sip à End Times, le musicien navigue dans ses morceaux, tel un (devinez-quoi) fantôme. Contrairement à ces entités, il n’est pas perdu. Ses sonorités, il les maîtrisent de sa propre loi. Ainsi, Dark Days + Canapés peut jouir d’une cohérence plus frappante que ses prédécesseurs. Le lunatique Many Moods At Midnight, qui tangue entre la mélancolie et la félicité, dépeint l’origine story de son album. Marqué par le temps (celui qui passe, qui dépasse), Ghostpoet enchaîne avec Trouble + Me, qui, à l’image de Karoshi, ne détient pas réellement de structure. Si ce n’est une plongée lugubre au sein d’un nid de pensées sombres, honnêtes. Un monde de bizarrerie pourtant en paix avec lui-même, ramené sur Terre par les moments de grâces que sont les magnifiques morceaux (We’re) Dominoes  et Dopamine If I Do, où d’autres voix (parfois féminines, plus légères), interviennent pour apaiser le spectre.

La musique de Ghostpoet se ressent évidemment à travers ses membres. Autre que la voix, souvent lancinante, pleine de chaleur, les guitares aident aussi à l’instrumentalisation. L’ensemble donne des merveilles et tracent petit-à-petit le paysage mental parfait selon Ejimiwe. Difficile de ne pas penser aux errances de Mogwai lorsque les dissonances font irruption pendant Blind As a Bat…, surplombant le récit de du maître conteur. Une basse prépare le festif Immigrant Boogie, melting-pot surprenant des habitudes de Ghostpoet et de, naturellement, Massive Attack (période Mezzanine, sans aucun doute). Jouissif, le titre s’apprécie dans la longueur, comme finalement la totalité de l’album.

Si son aspect complexe peut paraître rude à cerner, on peut compter sur le plus acoustique Woo Is Meee, qui aborde un arrangement plus organique et axé live. C’est alors qu’on s’imagine assis, au fond d’un bar fumant, appréciant cette musique si rare que nous offre Ghostpoet. End Times, parfaite pour se fondre dans le décor, est à l’image de son album : obscur et sincère. S’insuffle alors un goût de replay, pour mieux saisir, mieux comprendre le voyage que Ghostpoet vous veut faire entreprendre.

 


 

Tracklisting

One More Sip

Many Moods At Midnight

Trouble + Me

(We’re) Dominoes

Freakshow

Dopamine If I Do

Live>Leave

Karoshi

Blind As a Bat…

Immigrand Boogie

Woe Is Meee

End Times

Nos morceaux favoris : (We’re) Dominoes, Many Moods At Midnight, Dopamine If I Do, Karoshi, Immigrand Boogie…

Note : 9/10

No Comments

Post A Comment