Baxter Dury – Prince Of Tears

Baxter Dury présente son cinquième album Prince Of Tears. Loin de là l’idée du pamphlet tire-larme, voici une oeuvre honnête et très autobiographique. Dury puise dans l’introspection un aspect sans grandiloquence… caractéristique d’un grand disque ?

Il aura fallu près de trois ans au multi-instrumentiste et compositeur Baxter Dury pour tourner la partition de son quatrième album Palm Trees. Cette année, il revient, chargé d’un vécu malléable, aisé à retranscrire en musique, bien faiseur de mélodies basées sur des cycles, basiques, toute en simplicité. Prince Of Tears, à première vue, n’est pas une oeuvre qui tient dans la longueur. Durant à peine trente minutes, le disque vit et sévit de dix titres entêtants et pleins de charme. Du titre Miami à l’éponyme, déchirante, déboule des pépites, toutes ancrées dans une structuration rappelant l’âge d’or du trap. Force est de constater que plane aux côtés de Dury un spectre de Massive Attack, sans pour autant tomber dans la copie.

Porcelain, entièrement chanté par des voix féminines, est en fait un préambule à tout ce qui suit. L’album construit son socle dans la féminité et fait justement de ses choeurs son… coeur. Battant la chamade. Abordant des thèmes libres à diverses interprétations, les obsessions du musicien semblent toutefois encore le poursuivre : la solitude, le deuil amoureux, le renouveau… des peurs qui maintiennent le cap de Prince Of Tears, sans forcément le condamner à la répétition. L’instrumental, deuxième point fort de la galette, sonne carré. Une basse maîtresse, du début à la fin, mène l’orchestre et donne à Miami, Mungo et la légère Letter Bomb un aspect hypnotique (pourtant loin du psychédélique). Parfois, Baxter Dury plonge dans le sensoriel, perturbant, en variant les émotions. Si le refrain déchirant de Listen répond à l’ouverture très Beatles de OI et ses étranges synthétiseurs, impossible de ne pas mentionner un autre corps, primordial, organique.
Oui, le musicien dispose d’une voix grave, chaude, dans lequel se dessine une certaine étreinte. C’est ainsi qu’il nous embrasse le mieux, avec ses paroles. August, pastille ambitieuse qui dresse le portrait d’un été mélancolique agrémenté de violons (jamais tiraillés), caresse le même tempo du final, qui boucle le chapitre.

Terme important, puisque Prince Of Tears ne tient ni dans le testament de fin de carrière ni dans la quête de l’infatigable renouvellement. Il joue une carte, une seule, suffisante à elle-même et qui n’a rien à envier aux autres sorties actuelles. Cet album à tout pour plaire, enchaînant titres efficacement mené et taillés minutieusement. Baxter Dury a beau être un artiste rare, il propose ici un disque personnel, donc emprunt d’humilité. Instantané donc mémorable.

 


Tracklisting

Miami
Porcelain
Mungo
Listen
Almond Milk
Letter Bomb
OI
August
Wanna
Prince Of Tears
Les + : Miami, Porcelain, Listen, OI, August, Prince Of Tears…

8,5/10

 

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