13 Jan Shame – Songs of Praise
Ça y est, le premier effort du quintet Shame est enfin disponible à l’écoute; l’heure du verdict pour l’une des formations les plus excitantes de sa génération. Écoute et critique.
Dès les 30 premières secondes, tout est gagné. Dust On Trial s’ouvre sur une légère plage atmosphérique qui dévoile vite de sombres guitares au loin, venant tout à coup se fracasser dans nos oreilles avec une simplicité et une efficacité innée. La voix de Charlie Steen, rauque, intransigeante, se pose sur le tout, et une vision folle s’impose: le chelem des 10 titres sera pour le moins intense.
La route jusqu’à Songs Of Praise ne se sera pas faite en quelques mois. Révélée fin 2014, la formation a ensuite enchaîné premières parties et sets enragés, remarqués par tous les veinards croisant son chemin. La force de l’alchimie studio/live est au cœur de ce premier album: la moitié de la galette est ainsi déjà connue des fans avides de singles, morceaux taillés et affinés par le live. Et quels morceaux.
Switchant entre divers styles sans jamais perdre de vue une cohérente identité musicale, Shame passent alors du post-punk énervé de Concrete au rock alternatif et aérien de One Rizla, en passant par la fulgurance nerveuse de Donk. Tout sonne d’une évidence remarquable, les compositions s’enchaînant avec un sens du tracklisting hallucinant tandis que l’on reste sonnés, coup d’éclat après coup d’éclat.
Par une brillante construction, les singles déjà connus viennent s’intégrer avec force et cohérence dans un album qui sonne alors comme un nouveau voyage. The Lick et Tasteless dévoilent à elles seules 2 facettes totalement différentes du groupe, passant du vénéneux à l’explosif en un battement de cils. Et Gold Hole, un des premiers titres de Shame, est stratégiquement placé avant le trio de nouveautés de conclusion; comme un subtil coup de rétroviseur sur tout le chemin parcouru avant le grand rush final.
Avec Songs of Praise, Shame construisent, affirment et affinent leur identité et leur son, claque après claque. L’impeccable trio de fin en est la démonstration parfaite: l’efficace Friction est suivi par la titanesque Lampoon à la conclusion surpuissante et hallucinante. Angie, frôlant la barre des 7 minutes d’écoute, vient conclure l’album de la plus belle des manières, prenant le temps d’installer un rythme sur la longueur pour mieux délivrer un refrain catchy et éclatant à souhait.
Tant a déjà été dit, mais nous ne saurions tarir d’éloges sur Shame. Inutile de noyer le poisson plus longtemps: Songs of Praise est un album absolument exceptionnel. En un peu moins de 40 minutes, Shame installent avec force et efficacité un son et un univers qui leurs sont propres, et créent dans un même irrésistible mouvement des hymnes imparables qui marque le tympan pendant de nombreuses secondes, heures, journées.
Addictif, ce premier album l’est assurément, chaque écoute en appelant presque immédiatement une autre. Comment font-ils? Au-delà d’un sens du songwriting acéré, l’aspect technique brille de par lui-même: les interprétations inspirées et épatantes sont complétées par une sublime production, donnant à chaque titre l’ampleur et la force nécessaire pour rayonner. Tout cela sans oublier ce chant, susurré, parlé, hurlé, braillé, constamment maîtrisé. Technicité et plaisir d’écoute sont alors en harmonie pour une expérience des plus jouissives.
Nous tenons donc indubitablement le premier grand disque de 2018. Songs of Praise est une ode au rock à guitares, repensant ses hymnes, son style et ses icônes. De coup d’éclat en coup de génie, de coup de génie en coup de maître, ce premier effort surprend et séduit sans aucune intermittence, révélant toujours plus de subtilités et de beauté après chaque écoute. « Will you walk with me? » demande notre frontman adoré dans le titre d’ouverture. Rhétorique question, à la réponse claire et évidente.
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