Franz Ferdinand – Always Ascending

Il en aura fallu, du temps, pour Franz Ferdinand de remettre en marche ses instruments, cinq ans après son quatrième (et acclamé) opus. Outre une séparation et l’envie certaine d’expérimenter, le groupe s’engage avec Always Ascending dans un sillon plus psychédélique. Tout en sachant garder la dose, habile, de l’arrangement rock typiquement britannique. Verdict.

Franz Ferdinand, cela fait 14 ans que ça dure. Au fil du temps, le groupe a su, à sa manière, inventer un son qui lui est propre : du socle d’accords rythmiques totalement efficaces (l’album éponyme et You Could Have It So Much Better) à l’échappée métamorphe mais nécessaire Tonight : Franz Ferdinand.

En 2013, avec Right Thoughts Right Words Right Action, la formation a proposé ce qui demeure probablement le parfait condensé de sa musique, entre bangers rock-pop et bizarreries indés. Toujours dans l’activité du format léger, Franz Ferdinand est un groupe dont on a l’habitude de vite desceller les ficelles, qui se consomme aisément. C’est aussi un membre important du cortège rock’n’roll britannique, auquel on se doit, aujourd’hui, d’attendre beaucoup.
Deux ans plus tard, le front-man Alex Kapranos emmène son groupe fondateur pour voguer ailleurs, le temps d’un album. Étrange, protéiforme et dansant, la collaboration entre Franz Ferdinand et l’extravagant duo Sparks aura été un passage intéressant mais dont on peut aujourd’hui douter de la longévité. Pourtant, force est de constater qu’il aura donné le souffle nécessaire d’un nouveau départ, plus électronique, pour la bande de Glasgow. Mais cela a t-il fait de Always Ascending, cinquième chapitre, un élément indispensable de la discographie de Franz Ferdinand ?

Le lead single du disque, en tout cas, en porte fièrement l’étendard. En prenant son temps, le morceau éponyme pose tranquillement un univers aux multiples facettes. Ce qui frappe, d’emblée, c’est la production, vacillant entre Tonight et pourtant encore très organique, comme RTRWRA. À mi-chemin, elle propose quand même quelque chose de nouveau, un sentiment de fraîcheur qui mérite la mention. Ce qui propulse, forcément, le titre en haut du classement des meilleurs titres du groupe. Sa dimension live, excellente, sur-ligne le crescendo et représente l’ascension (d’où le titre) que le morceau veut communiquer. La suite, pour être honnête, n’en atteindra (presque) pas les sommets.

Puisque Always Ascending serait presque un album « mensonger ». À la lecture toute simple, on s’imagine l’évolution d’un concept, qui se tire constamment vers le haut. Plus en profondeur, l’écoute nous aide à constater : ce nouvel album décolle mais ne va pas au-delà du premier palier. Les deux singles suivants, Lazy Boy et Paper Cages, sont savoureux mais sans surprise, voire même attendus. Et c’est donc à cause de cela, que cet opus peinera à dépasser ses prédécésseurs. Toujours dans un élan de production aérienne, des petits détails, en revanche, viennent titiller l’ouïe. Paper Cages par exemple, débute très vibrant, suivi d’un piano de saloon. Le groove s’émancipe dans le pathos avec l’oubliable Finally. Fort heureusement, le très bon The Academy Award vient remonter la pente. Seulement, difficile de ne pas penser à son grand frère inavoué, The Universe Expanded, du précédent album.

Franz Ferdinand en concert au Festival Rock En Seine, au Domaine National de Saint-Cloud, le 25 août 2017

Le morceau suivant, Lois Lane, tient dans l’originalité autant dans son titre que dans son exécution. Revigorant. Articulé avec des refrains tout en retenus, les ponts assurent parfaitement la transition vers un refrain interstellaire. Pour ne pas faire les choses à moitié, le titre se termine dans un troisième acte inattendu, au point qu’on aurait voulu étirer la recette. « We’re going to America« , Huck And Jim permet à Kapranos de prouver une fois de plus son talent de conteur. Très théâtral, la formation nous fait profiter d’un refrain fédérateur à souhait, où vocales se superposent, se dépassent parfois. Glimpse of Love, synthétique, n’est, finalement qu’une introduction à sa suite directe Feel The Love Go. Une fois n’est pas coutume, les guitares rugissent d’accords cisaillés, entre deux vibes électroniques dignes de l’errance finale de Lucid Dreams, sans pour autant en atteindre l’apogée.
Globalement, Always Ascending tire un grand coup de projecteur sur les pistes de danses. Malgré tout, Franz Ferdinand prend à contre temps son propre pas, avec le final Slow Don’t Kill Me Slow, ballade nocturne qui se termine dans un fleuve d’instruments… Le navire à repris la route…

Mais vers où ? Difficile de comprendre où le groupe veut emmener son public. Si toutefois, on peut saluer l’effort de nouveauté, Franz Ferdinand cultive encore sur le même terrain, des morceaux qui s’assemblent jusqu’à parfois se ressembler. Le grand saut (ciseau) n’est donc pas pour maintenant. Étonnant, d’autant plus que le groupe s’est séparé il y a deux ans de son guitariste Nick McCarthy (remplacé par Dino Bardot). Cet album en est la preuve : rien, ou presque, n’a changé. Au fond, on s’en réjouit, mais mince, qu’est-ce qu’on aimerait toucher, ou ne serait-ce effleurer, LA prise de risque de Franz Ferdinand !


Tracklisting

Always Ascending 

Lazy Boy

Paper Cages

Finally

The Academy Award

Lois Lane

Huck And Jim

Glimpse Of Love

Feel The Love Go

Slow Don’t Kill Me Slow

Nos + : Always Ascending, The Academy Award, Lois Lane, Feel The Love Go…

La note : 7/10

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