Muse à la Cigale: implacable, dantesque et inoubliable

Dur de rater l’info: Muse se produisaient hier soir sur l’intimiste scène de La Cigale pour un concert by request qui a retourné la mythique salle. Récit.

On a à peine eu le temps de comprendre ce qui allait nous arriver que nous étions déjà dans l’enceinte de La Cigale à attendre notre trio préféré. Annoncé il y a tout juste une semaine, ce concert voyait la formation Muse, adepte des Bercy par packs (6 pour être précis) et des Stade de France en duo (2 par 2), jouer dans l’enceinte d’une salle de 1300 places grand maximum, sans aucun artifice de mise en scène. Pour un show qui plus est à la demande où les (chanceux) détenteurs de places pouvaient voter pour le top 5 de leurs morceaux préférés dans l’espoir de les voir interprétés ce soir. Mais trêve d’introduction: à 21h l’ambiance dans la salle est chaude bouillante, et c’est avec quelques ridicules minutes de retard que le groupe entre en scène.

Sans prévenir, le trio lâche le premier live mondial de Thought Contagion. Peu importe les avis sur ce morceau, les fans se déchaînent, connaissant déjà les paroles par cœur, et de premiers solides mouvements de foules se font ressentir. On le sent: le public est là pour s’éclater. Pas le temps de souffler que Interlude résonne dans la salle, et un Hysteria surpuissant fracture l’audience avec des pogos impressionnants. Difficile de se rappeler de ce genre d’ambiance à un autre concert du trio. Et le meilleur est encore à venir.

« On n’a pas joué ce titre depuis 2002 » lâche Matthew Bellamy. Et effectivement: la formation lance Eternally Missed, b-side favorite interprétée pour le 4ème fois de l’histoire du groupe. Le public accueille cette interprétation solennellement, profitant du jouissif solo que délivre un Matthew au sommet de sa forme. La suite? Un passage au piano pour un New Born dévastateur qui ouvre les premiers mosh-pits de la soirée avec véhémence. Muse ne laissent pas à l’audience le temps de respirer, et l’intimité de La Cigale nous permet de découvrir l’intensité de leurs lives sous un nouveau jour, débarrassé de ses fioritures numériques.

Nouveau morceau, nouvelle claque: Space Dementia, issu d’Origin Of Symmetry, interprété pour la première fois depuis 2011. Le public hurle à s’en arracher les cordes vocales, et Matthew Bellamy démontre qu’il n’a rien perdu de sa maestria au piano tandis que Dominic Howard et Chris Wolstenholme le soutiennent avec une section rythmique surpuissante. D’ultimes riffs de guitare viennent nous transpercer pour délivrer l’ahurissante outro d’un titre magistral. Quelle claque.

« Il est l’heure d’un vote en ligne! » annonce Matthew. En effet, les internautes visionnant le concert en live ont à 3 reprises l’opportunité de voter entre 2 titres au cours de ce concert; ici, « meilleure piste japonaise ». Les nommées? Les cultes Fury et Futurism. Le choix du public? La plus mainstream Fury, puissante mais accueillie avec un relatif calme au moment de l’interprétation malgré ses titanesques ponts. Futurism aurait été un choix idéal, interprétée seulement 6 fois dans l’histoire du groupe; mais on ne peut avoir le contrôle intégral sur les évènements de cette soirée de folie.

Petit retour malvenu; le trio lance la redondante Psycho, heureusement sauvée par une ambiance jouissive de la part du public, sautant et hurlant dans tous les sens. Un petit Helsinki Jam remet Dom et Chris sur le devant de la scène, et le trio lance un inimitable et inoubliable Showbiz, scandé par la foule avec une force jamais vue. Le titre culte permet aux plus endurants de se lancer dans une série de mosh-pits tout en continuant de hurler le refrain comme si la vie de chacun en dépendait. Totalement fou.

Légère redescente: ne souhaitant pas négliger leurs hits, Muse nous servent un Uprising et un Supermassive Black Hole convenus, encore une fois rattrapés par une ambiance jamais vue, prétexte à de violents mouvements de foule. Entre ces deux titres vient se glisser un nouveau vote du public: Citizen Erased, choisie au détriment de Butterflies & Hurricanes. Un choix tout à fait sensé: la masterpiece du groupe fait vibrer l’enceinte de La Cigale et réduit la majorité de l’audience aux larmes au moment de son émouvante ultime section au piano. On ne s’en lassera donc jamais.

Mais pas le temps de se poser: arrive le titre préféré d’Origin Of Symmetry de Matthew Bellamy, la mouvementée Bliss, accueillie avec force et passion. Tandis que les dernières notes résonnent, le groupe fait mine de s’éclipser; mais comment être dupe?

Au bout de quelques ridicules minutes, le groupe revient pour un premier rappel, attaquant l’air de rien avec Muscle Museum, fan favourite ultime accueillie avec (au moins) la même félicité que pour sa sœur Showbiz. Le public est en sueur et à bout de souffle? Pas grave, une intro guitaresque inédite amène l’uber-culte Plug In Baby, restituée avec une intensité rarement vue auparavant. Et encore une fois le groupe s’éclipse. Mais évidemment, personne ne lâche l’affaire.

Et à raison. Muse revient pour un deuxième rappel, et plus précisément pour ce qui est sans l’ombre d’un doute le meilleur finish de l’histoire du groupe. Le trio attaque avec un Assassin démentiel, live à l’intensité inimaginable qui brise l’audience en 2 et fait se jeter les fans sur les autres. Puis vient l’ultime vote du public. La classique Knights of Cydonia ou la jouissive Stockholm Syndrome pour conclure? A 51% de votes, le public bien avisé a réussi à faire entendre sa voix: Stockholm Syndrome se lance, pour ce qu’on pense être la fin du concert.

Nous avions tort.

Le riff du titre d’Absolution offre au public des mosh-pits de plus en plus violents, et les paroles sont braillées avec une intensité de fin de concert dévastatrice. Le titre se conclut; et dans la foulée, le groupe lance le riff d’Agitated, b-side résolument énervée qui vient rouvrir les mosh-pits et les plaies que l’on pensait pansées. Agitated se clôt; et dans la foulée, Muse lâchent Yes Please, b-side toute aussi énervée qui provoque parmi les mouvements de foules les plus violents de la soirée. Le morceau s’achève; et le groupe nous achève aussi en lâchant l’outro RATM-esque de leur Reapers, issu de Drones. Rien ne va plus, l’audience se percute avec fracas, et c’est quand Matt jette sa guitare dans son ampli qu’on sait que cette fois, le concert s’achève. Et de quelle façon.

Difficile de rester objectif à l’issue de ce mémorable concert. Muse ont livré l’une de leurs meilleurs performances depuis des années, enchaînant classique sur classique, rareté sur rareté, les rares temps faibles du concert étant même rendus forts par un public jouissif, fédérateur et absolument dingue.

Les 1300 chanceux présents ce soir ont vécu une expérience folle et rare; l’occasion de redécouvrir Muse dans un cadre intimiste, prompt aux explosions soniques et aux mouvements de foule, renouant avec l’intensité de leurs premiers lives. Aucun doute, cette performance fera date. Impossible de moquer le trio après ce genre de live, conçu pour les fans, véritable tour de force et démonstration totale de maîtrise. Leur meilleur live français? On serait prêts à prendre le pari.

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Setlist Muse @La Cigale 24/02/2018

Thought Contagion

Interlude

Hysteria

Eternally Missed

New Born

Space Dementia

Fury

Psycho

Helsinki Jam

Showbiz

Uprising

Citizen Erased

Supermassive Black Hole

Bliss

Muscle Museum

Plug In Baby

Assassin

Stockholm Syndrome

Agitated

Yes Please

 

Le concert est disponible en replay intégral juste en-dessous!

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