30 Mai L’évidence Arctic Monkeys, impériaux au Zénith de Paris
Le grand retour français d’Arctic Monkeys se faisait à guichet fermé ce 29 Mai au Zénith de Paris. Évidemment, on y était. Récit.
Le Zénith est plein à craquer. Les mots Monkeys bien installés sur le fond d’une scénographie simple mais élégante, le public peine à tenir en place, la température grimpant de minute en minute. Premier concert français en 4 ans, la date est évidemment immanquable; et les attentes élevées.
Le crooner Cameron Avery, membre de Tame Impala et collaborateur du nouveau Tranquility Base Hotel + Casino, est chargé de l’ouverture. Simili-Father John Misty, le musicien prend le temps d’installer une ambiance jazzy lounge non sans nous rappeler le dernier effort des Arctic Monkeys, pour mieux délivrer d’efficaces fulgurances rock. C’est au bout d’une petite demie-heure que le bonhomme s’éclipse. 21h, les lumières s’éteignent de nouveau; la salle hurle à l’unisson.
Le groupe monte sur scène, à l’évidente exception de son inimitable Turner. C’est quand Four out of Five commence à résonner dans l’enceinte du Zénith qu’enfin le frontman arrive sur scène sous les hurlements de la salle. La température grimpe encore d’un cran, et on est immédiatement transporté dans l’hôtel lunaire façonné par le quartet. Nombreux sur scène (jusqu’à 8!), le groupe restitue à merveille les arrangements de ce dernier effort, bien aidé par un public bouillant et amateur du dernier album. Le groupe enchaîne sur Brianstorm; la véritable folie peut commencer.
Un cercle de pogo, qui ne s’arrêtera pratiquement jamais, se forme dans les premiers rangs, tandis que les Arctic Monkeys reprennent leur évident hit, tout en vélocité et en fureur. Les fans de la première heure peuvent se rassurer: le groupe n’a rien perdu de son énergie. L’occasion de se tailler un triplet parfait avec Crying Lightning, évident single du mésestimé Humbugqui provoque à son refrain de surpuissants et inimitables frissons. Sacrée entrée en matière.
La température retombe avec Do I Wanna Know?, première (et loin d’être la dernière) incursion au sein d’AM. Le public réagit vivement au titre, forcément incontournable. Alex Turner tente quelques phrases dans un anglais approximatif que nous avons bien du mal à comprendre, et la formation se lance dans un She Looks Like Fun splendide, tout en explosion et révélant un superbe pont. Tout cela pour nous conduire à la surprise de la soirée.
Après quelques mots introductifs de Turner (que nous n’avons toujours pas compris), la formation lâche Do Me A Favour, rescapée de Favourite Worst Nightmareet interprétée pour la première fois de la tournée. La montée en puissance est délicieuse et l’explosion d’autant plus jouissive. L’enchaînement est parfait avec la splendide ballade Cornerstone, puis c’est l’occasion pour la formation de délivrer une première mondiale du tout nouveau Batphone, dont les ténébreuses guitares nous saisissent sans nous lâcher; un test live réussi pour un des titres les plus atypiques de ce Tranquility Base Hotel +Casino.
De là, l’intensité du concert retombe violemment. Replongeant dans AMà corps perdu, la formation enchaîne Why’d You Only Call Me When You’re High?, aux étranges arrangements live, Fireside, que personne n’attendait vraiment, et Knee Socks, obligé mais oubliable passage. Le titre éponyme du dernier album vient heureusement apporter un certain regain d’intérêt au set, faisant découvrir les atours live de son mystérieux groove et de son délicieux refrain.
Les Arctic Monkeys reviennent alors en force. Don’t Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair, Pretty Visitors, I Bet You Look Good on the Dancefloor; bien que cette dernière soit interprétée à un tempo légèrement ralenti, le cercle de mosh-pits ne désemplit pas, et tant le public que la formation prennent un plaisir fou sur ces implacables titres, formidable triade qui brasse en un souffle les compositions d’Arctic Monkeys à leur plus énergique. Mention évidemment spéciale à Pretty Visitors, vénéneuse et terrifiante, sublimée par d’inimitables pas de danse de sir Turner.
Sur scène, le groupe ne flanche pas, jonglant entre guitares, claviers, allant et venant, Matt Helders toujours bien campé derrière ses fûts. One Point Perspective entre en scène, temps fort du dernier album et du concert, malheureusement dépossédée de sa suite directe American Sports, injustement absente de la setlist ce soir. Pas le temps de se plaindre: les Monkeys délivrent un 505 fédérateur, puis font mine de s’éclipser.
L’attente (un peu longue) s’achève finalement quand la formation originale, O’Malley, Helders, Cook et Turner remontent sur scène. « 1, 2, 3, 4 » s’amuse à décompter Turner en pointant ses camarades de scène. Petit indice de la bombe à venir: la formation lâche un The View From the Afternoon titanesque, rappel instantané aux débuts des Arctic Monkeys, qui n’ont décidément rien perdu de leur superbe (malgré une guitare de Turner légèrement faiblarde sur le pont).
A ce coup d’éclat suit Arabella, forcément en deçà, puis Alex Turner nous souhaite une bonne nuit. R U Mine? arrive, auréolée de son statut quasi-culte, et vient renverser un Zénith déjà en sueur et sur les rotules. Les mosh-pits se retrouvent poussés à leurs extrêmes et le public éructe une ultime fois sur le refrain avant que le groupe ne s’éclipse timidement; et cette fois pour de bon.
On ressort avec quelques réserves de ce pourtant impressionnant retour français des Arctic Monkeys: tout d’abord la composition de la setlist. Bien que pas avare en surprises, elle se retrouve néanmoins phagocytée par le monstre AM, bien trop présent (Fireside, vraiment?), au détriment d’un Tranquility Base Hotel + Casino quasi-oublié (4 timides titres) et d’un Suck It and See pratiquement aux oubliettes (The Hellcat Spangled Shalalala, présente sur le reste de la tournée, a été tronquée de la setlist ce soir). Et ensuite, une durée un peu courte: avec un peu moins d’une heure et demie de concert pour 6 albums, il y a facilement de quoi rester sur sa faim.
Un peu plus d’équilibre et de générosité aurait donc été les bienvenus ce soir; mais on ne saurait trop longtemps bouder notre plaisir face à l’évidence scénique des Arctic Monkeys, délivrant un répertoire relevant désormais du classique avec une élégance et une énergie qu’on ne peut leur enlever. Les retardataires auront l’occasion de découvrir cette expérience ce soir, pour leur deuxième Zénith, ou aux Nuits de Fourvière ce 10 Juillet. On y sera; évidemment.
NOS PHOTOS D’ARCTIC MONKEYS AU ZENITH DE PARIS
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Arctic Monkeys Setlist @ Zénith de Paris (30/05/2018)
Four out of Five
Brianstorm
Crying Lightning
Do I Wanna Know?
She Looks Like Fun
Do Me A Favour
Cornerstone
Batphone
Why’d You Only Call Me When You’re High?
Fireside
Knee Socks
Tranquility Base Hotel + Casino
Dont Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair
Pretty Visitors
I Bet You Look Good on the Dancefloor
One Point Perspective
505
–
The View From the Afternoon
Arabella
R U Mine?
La galerie photo complète est à retrouver en suivant ce lien!
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