31 Août Rock en Seine 2018, jour 1: SOPHIE charismatique et fédératrice
Rock en Seine investissait le parc de Saint Cloud pour une édition 2018 en demi-teinte. Récit de cette toute première journée.
Notre trajet en direction de Rock en Seine se révélant plus long que prévu, nous arrivons seulement sur les coups de 17h sur le site du festival, pile à l’heure pour le set de First Aid Kit. Un constat se fait cependant assez vite: l’espace de la Main Stage est largement réduit en comparaison avec les éditions précédents, la scène étant avancée et les côtés rétrécis. Une subtile stratégie supposée masquer un évident manque d’affluence pour les concerts à venir ce week-end.
Qu’importe; devant une foule clairsemée, les musiciennes de First Aid Kit montent sur scène pour un set folk aéré, tout en douceur et en puissance. Venue défendre son superbe Ruins, la formation oscillera une heure durant entre divers spectres musicaux tous plus séduisants les uns que les autres, à l’issue résolument fédératrice ne pouvant que nous charmer. Un véritable courant d’air frais.
C’est ensuite au tour de Dirty Projectors de monter sur la scène de la Cascade. Forts d’un Lamp Lit Prose pop et coloré, le groupe enchaînera ses nouvelles compositions (I Found It in U, That’s a Lifestyle) avec d’anciens titres bien-aimés (Dance For You, Beautiful Mother). Bien qu’étant une antithèse du set folk des First Aid Kit, le set de Dirty Projectors a, en ce début de soirée, pourtant fait le même effet de bol d’air frais. Une proposition pop séduisante qu’il nous tarde de revivre en salle.
Il était maintenant temps pour un des headliners de la journée de monter sur scène. Mike Shinoda, membre de Linkin Park, monte donc sur scène sous le son d’imposantes basses sur les coups de 18h45. Le pari est fort: remonter sur scène après le terrible décès de son ami de toujours Chester Bennington il y a maintenant un an, et défendre l’album qu’a créé cet événement, Post Traumatic. Fort de porter différentes casquettes, le musicien se fera alors un plaisir de jongler entre ses titres personnels (Crossing a Line, About You, Running From My Shadow), ses titres sous le nom de Fort Minor (l’ouverture Petrified, la dévastatrice Kenji) et (évidemment) des morceaux de Linkin Park: When they Come for Me, Roads Untraveled, Bleed it Out… Multi-instrumentiste et rappeur, Mike Shinoda est sur scène épaulé par un batteur et un claviers/bassiste/guitariste qui fournissent au trio un son impressionnant débordant de puissance et d’intensité. Le set atteint évidemment un sommet d’émotion le temps d’un long hommage à Chester Bennington, permettant à Mike d’expliquer sa présence sur scène, son rapport à ces événements et de remercier tous les fans pour leur constant soutien. Un discours particulièrement touchant suivi d’un In the End au piano/voix, le public se chargeant des parties de Chester. Le temps fort de cette première journée.
C’est un peu tardivement que nous arrivons au set de Nick Murphy (fka Chet Faker, pour les intimes); grand mal nous a pris. Épaulé par un live band conséquent, le musicien, apaisé en studio, se révèle être une bête de scène, crooner charismatique et incarné, atteignant des niveaux d’intensité rappelant notre ami Archy Marshall. La virtuosité de ses musiciens permet de privilégier de longues improvisations et de superbes réinventions, comme ce Talk Is Cheap incroyablement séduisant. La conclusion Fear Less est elle une gigantesque claque, pulsation électronique inattendue se propageant dans l’organisme de chaque spectateur pour un résultat tétanisant, ne pouvant que laisser admiratif. On tient la grande claque de la journée.
On se dirige alors vers la Main Stage pour retrouver les sud-africains de Die Antwoord. Leur mélange électro-techno-hip-hop se révèle amusant et impressionnant dans les premiers instants, mais devient très vite redondant, et trop grossier pour convaincre. On se console avec les singles Banana Brain et Ugly Boy, avant de s’éclipser.
C’est sur la scène du Bosquet que nous retrouvons à 21h45 SOPHIE pour un dj-set haut en couleurs. Charismatique bien que habilement dissimulée derrière d’éblouissants jeux de lumière, la musicienne va proposer un sans-faute, jonglant entre tracks ambiantes expérimentales et purs bangers issus de son dernier bijou, Oil of Every Pearl’s Un-Insides. Les premiers rangs sont extatiques, dansant et hurlant à chaque seconde, et c’est une clameur qui émane de la foule entre chaque morceau, malgré un public clairsemé. Après 55 minutes de set, SOPHIE s’éclipse; elle reviendra quelques secondes après pour un ultime titre qui achèvera de combler les fans et de convaincre les non-initiés. Un diamant à l’état brut.
Vint alors l’heure du gros morceau de cette journée. Avec 25 copieuses minutes de retard, le duo PNL émerge de l’avancée de la Main Stage dans un nuage de fumée sous les cris d’un public majoritairement acquis à la cause des deux frères. Le temps de la grosse heure qui viendra, pas de surprises: les convaincus adoreront, les non-amateurs exécreront. Rythmes et flows très posés, le duo enchaîne ses hits (Oh Lala, DA, Bené, Jusqu’au dernier gramme), repris à la ligne près par un public très réactif. Le light show impressionne, et si la mise en scène passe majoritairement par deux écrans affichant d’inspirés visuels, les deux frères se permettent également d’amener une borne d’arcade à leur effigie le temps d’un Dans la légende épatant. Les nouveautés arriveront vers la fin du set avec les premières interprétations lives des titres À l’ammoniaque et 91’s, avant de conclure sur un Le monde ou rien forcément fédérateur. Humbles, visiblement très émus et ayant pris un manifeste plaisir, PNL n’auront cessé de remercier leur public tout le long de leur set, appréciant l’honneur qui leur a été fait de pouvoir être en headline de cette première journée. Un grand moment dans la carrière des deux frères, et un grand moment pour tous les spectateurs sensibles à leur musique et à leurs mots.
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