31 Août Rock en Seine 2018, jour 3: consécration pour Wolf Alice et IDLES
Rendez-vous tout d’abord avec Confidence Man. Laissant d’abord la charge à un batteur et un clavier d’ouvrir, grand chapeau noir avec un voile leur recouvrant le visage sur la tête, le duo (un gars/une fille) se montre finalement, et ne cessera de faire des allers-retours en backstage pour changer de tenue. Bubblegum, C.O.O.L. Party, Better Sit Down Boy; le groupe livre une électro-pop galvanisante et irrésistible, service par des chorégraphies impeccables et millimétrées. Impossible de résister au charme des Confidence Man, d’autant plus quand Don’t You Know I’m in a Band résonne dans le Parc de Saint-Cloud. À surveiller de très près.
Nous restons devant la Main Stage pour accueillir comme il se doit Wolf Alice. Forte d’un Visions of a Life réussi, la formation monte sur scène et attaque avec un déjà culte Your Love’s Whore tout en puissance et en beauté. De là, le groupe oscillera entre ses deux efforts: l’électrique Yuk Foo et la sublime Don’t Delete the Kisses côtoient ainsi l’efficace You’re a Germ et l’inimitable Bros. Irréprochable techniquement, le concert atteint évidemment un sommet quand la formation se lance dans l’interprétation d’un Visions of a Life homérique, frôlant la barre des 8 minutes, provoquant de délicieuses déflagrations sonores. Le concert se termine sur la classique Giant Peach; que de chemin parcouru pour Wolf Alice, qui, il y a 3 ans, foulaient la scène qu’on appelle maintenant du Bosquet. On ne peut que leur souhaiter le meilleur pour la suite.
L’ascension des fous furieux d’IDLES est irrésistible, et c’est donc un plaisir de les retrouver sur la scène de la Cascade en cette fin d’après-midi. Une heure durant, le quintet va proposer un set signature, porté par un Joe Talbot incarné et viscéral, éructant avec une rare intensité dans son micro. Si les titres de Brutalism (Heel/Heal, Mother, Well Done) emportent tous les suffrages, les extraits du déjà culte Joy as an Act of Resistance ne sont pas en reste, de l’incroyable guitare de Danny Nedelko à la puissance brute de Rottweiler. D’accord, l’expérience IDLES n’est pas pour tout le monde; mais pour les convaincus et les curieux avides de punk-rock, la formation est ce qui se fait de mieux sur le marché en ce moment, en témoignent les quantités de poussière soulevée par les incessants mosh-pits au premier rang. De divers crowd-surfing de la part des membres du groupe à une reprise a capella de All I Want For Christmas Is You, l’expérience IDLES forme un tout irrésistible qu’il est impératif de vivre au moins une fois.
Nous revenons sur la Main Stage le temps de capter le début du set de Macklemore. Sans son compère Ryan Lewis, le rappeur, entouré de talentueux percussionnistes, choristes et cuivres, livre un set enflammé et dynamique, motivé par un sincère amour pour la France. Démarrant avec un Ain’t Gonna Die Tonight impressionnant, Macklemore va vite lancer un Thrift Shop régulièrement repris en chœur par un public conquis. Belle affluence et belle performance: well played mister.
Nous nous dirigeons donc vers la scène de l’Industrie pour capter un bout du set du frenchie Jessica93. Surprise: seul sur scène, le musicien lance des boîtes à rythme manuellement avant d’expérimenter avec guitare, basse et chant. Si le procédé est curieux et intriguant de prime abord, il se révèle un peu trop vite répétitif et redondant, et ce malgré de superbes percées garage. Dommage.
C’est devant la scène de la Cascade que nous accueillons sur les coups de 21h Post Malone. Fort d’un beerbongs & Bentleys particulièrement réussi, le MC va durant 1h enchaîner ses hits récents (Better Now, Psycho, rockstar) et anciens (White Iverson, Congratulations), se permettant même l’audace de deux titres à la guitare acoustique, Feeling Whitney et Stay. Un curieux et touchant moment d’émotion au milieu d’un set construit sur d’intelligents et efficaces bangers, bien que parfois plombé par une backing track trop présente, suggérant une performance parfois légère de la part de sir Malone. Malgré tout, une très belle première française.
Tout se conclut sur la Main Stage avec l’inimitable duo Justice, venant mettre un terme à leur Woman World Tour. Maîtres de leurs platines, les deux DJ enchaînent les titres avec un évident professionnalisme, préférant les medleys et mash-ups aux complètes interprétations, mixant et remixant leurs divers morceaux, les faisant entrer en collision les uns avec les autres. Bien évidemment, la performance vaut surtout pour son aspect visuel, véritable orgie de light-show et d’écrans, fusant dans tous les sens, usant même des écrans et projecteurs présents tout le long de la foule, plongeant tous les spectateurs dans l’univers de Justice. Genesis, Phantom, D.A.N.C.E., Stress, Waters of Nazareth: rien n’est oublié, et les deux compères auront même l’audace d’interpréter Stop perchés sur un échafaudage au beau milieu de la foule. Une conclusion épique et efficace à une édition de Rock en Seine malheureusement fade.
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