Muse – Simulation Theory

Le trio Muse est enfin de retour pour présenter son futuriste et très attendu 8ème effort, Simulation Theory. Écoute et critique.

Quand Matthew Bellamy vient enfin poser sa voix sur l’ouverture d’Algorithm, c’est après presque 1 minutes et 40 secondes d’électro rétro-futuriste, sorte de mélange protéiné de Kavinsky et Carpenter Brut, habilement sublimée d’un piano que n’aurait pas renié Space Dementia. Rarement aura-t-on été laissé si longtemps sans la voix de sir Bellamy en ouverture d’un album de Muse, et rarement aura-t-on entendu dans l’histoire du groupe un mélange aussi radical.

L’évolution du style de Muse a été source d’innombrables débats depuis la sortie de Black Holes & Revelations, et force est de constater qu’à notre grande surprise, ce Simulation Theory se veut être l’album de jonction, celui conciliant ce que l’on peut distinguer comme l’ancien Muse et le nouveau Muse.

The Dark Side est une excellente représentation de cette volonté. Toute la partie instrumentale semble tout droit tirée de The 2nd Law, tandis que les parties vocales nous ramènent aux grandes heures du golden trio Showbiz/Origin of Symmetry/Absolution. On a certainement vu pires références dans l’histoire du groupe.


Clairement attendu par une large frange du public comme une catastrophe industrielle (sonorités synth-rock, artwork et clips désastreux, …), Simulation Theory parvient miraculeusement à retomber sur ses deux pattes dans un premier temps grâce à un facteur que nul ne pouvait attendre du Muse de 2018: l’expérimentation.

Contre toute attente, la première moitié de ce nouvel effort se tient grâce à un agencement d’idées et de sonorités inattendues; Algorithm en tête. Pressure, bien qu’avec un riff agaçant, parvient à lâcher un refrain à la guitare ultra-catchy et des césures de rythme plaisantes. Propaganda, au sample vocal distordu acéré, vient vite se confronter à un couplet frôlant le R’n’B, pour finalement proposer un solo de guitare au bottleneck. Break it to Me porte elle les nettes influences de Rage Against the Machine, amenant vers un solo de fin dissonant que n’aurait pas renié Tom Morello époque Evil Empire; le tout fusionné avec des couplets aux sonorités orientales. Bref: Simulation Theory surprend.

 

 

On ne dit pas que toutes ces expérimentations fonctionnent, attention: l’exemple le plus frappant reste la catastrophe industrielle qu’est Something Human, ballade électro-pop navrante totalement en décalage avec l’univers du groupe. Mais quand Thought Contagion débarque avec son riff implacable et sa progression d’accords pré-refrain, on se dit que tout n’est peut-être pas perdu pour le trio.

Malheureusement, c’est dans son dernier tiers que Simulation Theory échoue dans toutes les largeurs. Muse passe en pilotage automatique (sauf pour Dominic Howard, batteur déjà asthénique depuis le début de l’album) et jongle entre hymnes de stade grotesques (Get Up and Fight, aussi infâme que son titre laisse à supposer; Dig Down, single infiniment banal) et compositions poussives (le refrain de Blockades…). Le soporifique titre de clôture, The Void, ne parvient pas à sauver l’album, dans une pente descendante à l’issue de Thought Contagion.


Beaucoup à analyser donc à l’issue de ce Simulation Theory. Tiraillé entre jouissives expérimentations et agaçantes facilités, la galette présente de nombreux défauts qu’on peut pardonner en première moitié, de par le pur shoot d’adrénaline que représente cette collision d’inattendues influences, mais qui ne peuvent qu’exaspérer en deuxième moitié (attendez d’écouter les chœurs d’ouverture de Get Up and Fight).

Plus agréable et décomplexé qu’un Drones mais moins cohérent qu’un Black Holes & Revelations, Muse livrent avec ce huitième effort un opus qui surprendra (assurément), qui plaira (sans doute), mais qui à l’arrivée ne pourra cacher les trop grosses ficelles qui le tirent. Pas la catastrophe annoncée; un constat doux-amer pour un groupe aux tels talents.

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Tracklist

 

Algorithm

The Dark Side

Pressure

Propaganda

Break it to Me

Something Human

Thought Contagion

Get Up and Fight

Blockades

Dig Down

The Void

 

Nos morceaux préférés: Algorithm, The Dark Side, Thought Contagion

 

La note: 5/10

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