Pitchfork Music Festival Paris, jour 3: le triomphe Bon Iver

Dernière visite à la Villette pour cette brève troisième journée de Pitchfork, portée par un set absolument monumental et inoubliable.

Nous débarquons dans la grande halle de la Villette pile à temps pour le set de Snail Mail. Jeune espoir de la scène indie-rock, Lindsey Jordan brille sur scène par ses touchantes et efficaces compositions, pas avares en jouissives progressions. « Merci Paris. C’est terrifiant, mais d’une bonne façon ». La musicienne conclura son set en solo, le temps d’une ballade guitare/voix particulièrement touchante qui nous collera quelques frissons. Future is female, on vous l’a déjà dit.

Moins d’une heure après, c’est Ruban Nielson et son projet Unknown Mortal Orchestra qui montent sur scène. Dès le premier titre, le génial From the Sun, le chanteur/guitariste de talent s’offre un monstrueux bain de foule, traversant le public jusqu’à la régie sans cesser d’interpréter un démentiel solo dont lui seul a le secret. La barre est placée haute et le public conquis: la formation a alors tout le loisir de gâter son public, entre nouveautés (American Guilt et son hallucinant riff, Ministry of Alienation et son accrocheur refrain) et old favourites (Ffunny Ffrends, Multi-Love). Entre solos de batterie et de claviers, le set se conclut naturellement sur l’ultra-hit Can’t Keep Checking My Phone, qui vient remuer le public du Pitchfork. Tendance en diable.

Place alors à l’immanquable set de cette édition 2018. 1h30, c’est le formidable temps accordé à Justin Vernon et son projet Bon Iver pour venir prêcher les bienfaits de son électro-folk alternative. La foule est déjà largement convertie, et le silence saura être apprécié par sir Vernon tout au long de son set. D’expérimentations au vocodeur à la superbe fusion de deux batteries en passant par un organique trio de cuivres, Bon Iver propose, à 8 sur scène, une expérience unique, débordant de grâce, touchant le sublime. Les expérimentations du récent (2 ans déjà!) 22, A Million viennent compléter les ballades folk de l’éponyme effort et de l’originel opus For Emma, Forever Ago. Les lives de Bon Iver ont en cela de spécial qu’ils réinventent systématiquement les matériaux de base: Creature Fear, douce ballade folk, devient une montée en puissance presque post-rock. _____45_____, expérimentation de cuivres éphémère, déborde soudainement d’émotions et prend une toute autre dimension. 8 (circle)? On peut légitimement parler de pure œuvre d’art. Toujours humble, toujours touchant, Justin Vernon guide son orchestre avec sincérité et précision, et délivre le plus beau set du festival, et de l’année. Le genre de concert qui change une vie; rien que ça.

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