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Lost Under Heaven – Love Hates What You Become

Trois ans ont passé, depuis le choc du premier album… Le duo originaire de Manchester Lost Under Hevan a mûri ce sequel abrasif comme un retour en force, une délivrance des malédictions d’antan. Mais au prix d’un réel renouveau  

Ebony Hoorn et Ellery James Roberts en ont déjà battu, des démons. Formé en 2016 après le clap de fin du projet WU LYF, le couple a manigancé dans l’ombre l’un des plus beaux albums de ces dernières années, Spiritual Songs For Lovers to Sing. Un recueil de chansons aussi poignantes que saillantes, délivrées depuis le cœur de ses musiciens. Lost Under HeavenLUH, pour les plus fins connaisseurs -, est très vite considéré, à raison, comme un souffle nouveau et bienvenue sur l’art rock indé. Le temps et la prolifération des nouvelles scènes auront eu raison de Lost Under Heaven, dont la prise de risque initiale s’est peu à peu enterrée. Si bien qu’il fut surprenant de voir, en fin d’année 2018, le duo revenir, chargé d’un nouvel album.

Après la catharsis, Love Hates What You Become peut paraître comme étant une suite mort-née. Dépasser les limites imposées par le premier opus, était-ce possible ? Au-delà de l’attente, certaine, qu’on pouvait avoir envers ce disque, il y demeurait aussi la peur que le groupe se noie dans son propre concept, dans la redondance.

Mais il est plus question ici de renaissance. Après l’ode à la nuit, le groupe tente une proposition plus organique et brute, moins synthétique. Comme une aube, annonçant le renouveau, Love Hates What You Become devient, au fil des écoutes, d’autant plus palpable et émouvant. Lost Under Heaven n’est plus ce mystérieux duo brumeux, dont les souffrances ternissent les sonorités. Cela n’a jamais été un défaut en soi. Cependant, le groupe semble aujourd’hui beaucoup plus en phase avec son tiraillement et ne se cache plus derrière l’électronique.

Si ces dix nouveaux morceaux n’atteignent pas l’intensité effleurée par le premier album, LUH n’est plus l’ombre de lui-même, et c’est une bonne nouvelle. Le duo va de l’avant et élargit ses sonorités.

De l’aventure shoegaze digne de l’époque Disintegration des Cure (« Most High »), au coups-de-poing électrisant « Come », le groupe a cette fois-ci décidé de privilégier l’outil, l’instrument de musique. « The Breath of Light » et « Black Sun Rising » sont suspendus dans un univers commun. Celui où Hoorn et Roberts percutent la folk de leurs voix évasives et éraillées. Le terrain est fertile pour le morceau éponyme – l’un des plus réussis. « Love Hate What You Become » raisonne comme une ballade faisant office d’un chemin de croix. Une remise en question de l’amour dans son état le plus primitif. L’étrange « Savage Messiah » fait écho au segment blues-rock dans lequel le groupe se complait désormais, à l’image du single « Bunny’s Blues ». LUH n’est pas mauvais dans ce jeu, mais reste moins pertinent.

Le disque propose dans sa conclusion un déversement de nostalgie. Retour en 2016 avec le très beau « Post Millennial Tension », qui dans sa construction rappelle fortement les débuts. Le riff épuré débutant « For The Wild » nous propulse une dernière fois à l’état sauvage, de la plus belle manière qui soit.

Dans l’absolu, Loves Hates What You Become suscite un intérêt qui, malheureusement, n’est pas aussi marquant que son prédécesseur. Lost Under Heaven fait parti de ces groupes précoces, qui ont atteint, dès leurs débuts, l’apogée. Moins aérien et contemplatif, le duo matérialise son énergie dans l’essence même de la musique. À ne pas méprendre : physique et musclé, ce deuxième volet peut aussi être, à posteriori, un miracle pour Lost Under Heaven. Une remise à niveau, un retour sur Terre qui imposera, par la suite, à prévoir un nouveau départ en orbite. Pour aller encore plus loin.


Tracklisting

Come

Bunny’s Blues

The Breath of Light

Most High

Black Sun Rising

Love Hates What You Become

Serenity Says

Savage Messiah

Post Millennial Tension

For The Wild

Nos + Post Millennial Tension, Love Hates What You Become, Most High, For The Wild, Bunny’s Blues… 

La note : 8/10

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