24 Jan Years & Years, l’interview : « Je n’ai pas grand-chose à cacher »
Rencontre avec Olly Alexander, Mikey Goldsworthy et Emre Turkmen, les trois membres de Years & Years, pour parler de leur dernier album « Palo Santo ».
Comment se sont passées ces deux dernières années, entre la sortie de Communion et l’enregistrement de Palo Santo ?
Mikey : Un roller-coaster d’émotions
Emre : Elles ont été bonnes parce qu’on n’a peu tourné. On n’a pas joué depuis quoi, un an ? C’était bien, mais on est aussi heureux de revenir.
Olly : Pareil. C’est surprenant de voir combien de temps ça met de faire un album, à quel point dur et long pour 4 minutes de musique, mais c’est tellement bon de retourner là-dedans, mon cerveau réfléchissait constamment pendant ces deux dernières années, ‘Ok, quel sons on va produire, de quoi ai-je besoin, quel contact’… tous les jours. C’est beaucoup ! Mais tout ça, c’est fait, et c’est un soulagement.
Comment vous avez vécu le succès après Communion ?
Olly : Maintenant que le tourbillon du premier album est passé, que la poussière est retombée, tu es ‘Waou, j’arrive pas à croire que c’est arrivé’, partout où tu es allé. C’est assez difficile de vraiment le digérer, j’ai toujours cru que c’était une loterie et que ce qui nous arrivait était dingue, pas quelque chose que tu attends vraiment. Et maintenant on se sent reconnaissant.
Mikey : Quand je retournais en Australie chaque année, mes parents me disaient ‘qu’est-ce que tu as fait cette année’, et je leur racontais tous ces trucs, et ils répondaient, ‘ah oui, c’est bizarre, c’est ridicule’. C’est fou, et je suis aussi reconnaissant que ça soit arrivé.
L’album s’ouvre sur Sanctify, qui est aussi le premier single de Palo Santo. Le titre raconte l’histoire de deux mecs hétéro qui vont expérimenter leur sexualité…
Olly : Je voulais écrire une chanson sur ma propre expérience avec des mecs qui… tu vois, j’ai rencontré quelqu’un avec qui c’était de l’amitié, il m’a dit qu’il était hétéro. Et au bout d’un moment il est apparu assez clairement que nous étions plus que des amis. Et notre relation est devenue quelque chose de plus romantique où nous étions des amoureux. Et j’ai trouvé cette expérience intéressante, et je voulais écrire quelque chose qui parle de cela.
« Il y a de plus en plus d’artistes gays et LGBTQ qui ont du succès, et c’est génial, mais »
J’ai lu un truc de Fiorenzo Palermo, un professeur en musique pop, qui disait que certains artistes n’écrivaient pas sur l’homosexualité et chantait des chansons à propos des femmes, comme George Michael ou Elton John, et qu’il est difficile d’écrire des chansons pop et ouvertement gay. Es-tu d’accord avec cela ?
Olly : Il y a de plus en plus d’artistes gays et LGBTQ qui ont du succès, et c’est génial, mais à la radio par exemple, combien de chansons entends-tu où il y a des pronoms de même sexe, où il est explicitement question de relations sexuelles du même sexe, ou queer ? Presque aucune. En ce sens, les histoires hétérosexuelles restent donc prédominantes. Mais cela est en train de changer… ça va prendre du temps.
As-tu l’impression que l’industrie de la musique change vraiment en ce sens ?
Olly : Je le crois oui. Même ces trois dernières années, ça a grandement changé, depuis qu’on a sorti notre premier album. Les artistes, contrairement à ceux qui par le passé n’avait pas ces accès à leurs fans, ont maintenant accès aux réseaux sociaux qui sont devenus extrêmement importants, ils peuvent s’exprimer par ce biais même s’ils n’ont pas de label, avoir une grosse fanbase sur ces réseaux, tout particulièrement les artistes queer et LGBT, ils en tirent des bénéfices.
Emre : Si les gens ont envie d’écouter une musique, ils le feront, label ou pas. C’est du toujours du public à l’artiste, pas le label. Un artiste a toujours besoin des gens et vice-versa. ??? . Ca rend la musique démocratique, je ne sais pas si ça veut dire quelque chose. Les gens streament ce qu’ils veulent. Chaque mois il y a un nouvel…
Olly : Algorithme ?
Emre : Algorithme, de nouvelles règles pour les charts, tous ces trucs. Le but, c’est de continuer à faire ce que tu fais, sinon t’es foutu.
Est-ce que tu dirais que c’est un album plus personnel que Communion ?
Olly : Je pense que cette fois-ci, je me suis senti plus confiant dans le fait d’écrire des paroles plus expressives. J’ai toujours écrit sur mes expériences personnelles, c’est tout ce que j’ai pour écrire des chansons. Le premier album était plus codé ou secret sur sa signification. Et en même temps j’ai déjà fait plus explicite aussi donc… J’adore quand un artiste vient te dire, ‘c’est mon album le plus personnel jusqu’ici’ donc, ouais ça l’est.
LA REVIEW DE L’ALBUM
Pourquoi avoir choisi ce titre, Palo Santo ?
Olly : C’est une longue histoire mais je vais te donner la version condensée. J’ai rencontré un mec qui m’a initié à ce bout de bois qui brûlait dans sa maison et qu’on appelle Palo Santo. Donc ce bout de bois brûle et dégage une fumée qui purifie la zone et votre espace des ondes diaboliques et des énergies négatives. J’en avais jamais vu, et ça sent vraiment bon. J’ai un plan à trois avec ce type et son partenaire, et puis c’est parti en vrille. Et j’ai voulu écrire une chanson dessus. Le truc, la seule chose avec laquelle je suis reparti de cette maison est ce palo santo. Du coup, c’est devenu une métaphore dans les paroles, à savoir de brûler quelque chose pour laver de quelque chose. Et puis j’aime bien le son des mots, Palo Santo. Ca veut dire littéralement dire Holy Wood, ce qui aurait pu être un titre sympa.
Mickey : C’est le titre d’un album de Marilyn Manson.
Olly : Holy Wood ?
Mickey : Ouais
Olly : Marilyn Manson a aussi un album qui s’appelle Holy Wood… Fortuité.
Emre : On ne s’est jamais retrouvé la même pièce que Marilyn Manson. Il est très grand.
« Je suis sûr qu’il y a des choses scandaleuses que je n’ai pas encore raconté aux gens »
Tu as parlé de ta dépression, de ton homosexualité, de ton enfance, de tes ruptures… Est-ce qu’il y a un encore des secrets que tu gardes pour toi ?
Olly : On dirait que je n’ai plus de secrets maintenant, j’ai dit tout ce qu’il y avait à dire sur ma vie. Non, je suis sûr qu’il y a des choses scandaleuses que je n’ai pas encore raconté aux gens.
Mickey : Comme le fait qu’il est hétéro en vérité.
Olly : Exactement ! Que dire… Je suis vraiment ouvert en général pour parler, je n’ai pas grand-chose à cacher. Je ne me sens pas effrayé à l’idée de répondre à des questions ou peur de parler de ma vie personnelle je suppose. Je pense juste que c’est un choix que j’ai fait, je cherche à comprendre.
Quelles ont été vos inspirations sur cet album ?
Olly : Je crois que tu prends des inspirations d’un peu partout. Rien que ce qu’il y a dans ma tête par exemple : sexe, magie, rupture, jalousie
Mickey : Sang
Olly : Non pas sang, dis pas ça. Mon enfance, les arbres, la nature.
Emre : On est allé en vacances… C’était Bali, de toi-même.
Olly : Oh oui !
Emre : On y est allé juste après avoir fini la tournée. On avait tous besoin de décompresser, parce qu’on était sur la route depuis tellement de temps. (et alors grosse incertitude ce qui dit avant settle)
Mickey : Bali est une inspiration, c’est ça.
Olly : Ce n’est pas Bali non.
Quelle a été la chanson la plus difficile à écrire ?
Je peux te dire laquelle a été la plus difficile à écrire puisque c’est en fait notre prochain single et une chansons qui s’appelle If You’re Over Me. Ca a été une chanson qui représentait un défi. Je l’ai écrite avec un gars qui s’appelle Steve Mac, qui est un producteur et songwriter génial, mais il avait une vision du morceau qui différait de la mienne. On voulait changer des trucs, et lui disait ‘non, ça doit être ainsi’. Ca être un long combat, mais au bout du compte, tu sais quoi, Steve a fait un compromis, nous aussi, et je pense que Steve avait raison sur pas mal de choses. Tout au long du processus de création d’un morceau, il y a tellement de gens, nous, des producteurs, tu as plein de voix, des opinions, et tu dois trouver un terrain d’entente sur quelque chose avec lequel tu es heureux. Ca a été la chanson la plus difficile à trouver à ce niveau-là. Parfois, ces choses-là arrivent, tu n’imagines pas te battre pour ces trucs.
Question qui n’a rien à voir avec la musique… quand est-ce que tu reviens au cinéma, en tant qu’acteur ?
Olly : C’est la question qui est sur toutes les lèvres. Jouer dans les clips est une forme d’acting. J’attends juste le bon rôle tu vois. Je voudrais jouer un alien flippant et prostitué.
Tu pourrais écrire un film ? Ou réaliser ?
Olly : Non pas réaliser. Il faut être compétent pour cela. Je préfère avoir l’idée, plutôt que de faire le sale boulot.
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