20 Fév Lost Under Heaven au BBTM: dernière communion avant l’apocalypse
Il y avait comme un air de fin du monde au Backstage by the Mill cette semaine. Lost Under Heaven venaient se confesser pour un live dantesque et mémorable. Récit.
Durant presque 1h30 de set, Lost Under Heaven ont épaté un Backstage by the Mill timidement rempli. Set apocalyptique, envolées angéliques témoignant de la fin de notre civilisation; à moins qu’elles ne correspondent à une reconstruction post-catastrophique? Les émotions valsaient à n’en plus finir face à un trio remarquable d’intensité et de sincérité. Mais reprenons depuis le début.
Longue track ambient électronique subissant une greffe de spoken word et le duo Ebony-Ellery monte sur scène, flanqué d’un tout nouveau batteur. Exit la formation aperçue il y a 3 ans à la Maroquinerie; en quête de changement, c’est maintenant en trio que Lost Under Heaven se produisent. Et démarrent ainsi sur un I&I qui n’a pas perdu une once de sa superbe, angélique et envoûtant tandis que l’atypique voix de Ellery résonne avec force dans la salle, couplée aux chœurs de la charismatique Ebony, toute en manteau de fourrure.
Exit la tendresse; le groupe taille dans le gras de son nouvel opus Love Hates What You Become et attaque sans pitié avec le stadesque Come et le garage Bunny’s Blues. Le son est d’une force impitoyable, propice au port de bouchons d’oreilles. Ce que le trio perd en instruments live, il le gagne en bandes sonores lancées par le batteur ainsi qu’en liberté scénique. Avec ou sans guitare et basse, le duo reste mobile quand ils ne sont pas scotchés au micro, n’hésitant pas à s’avancer au plus proche d’une foule relativement calme mais réceptive aux furieuses explosions de la formation.
La tension redescend avec le superbe Most High, digne du Spiritual Songs for Lovers to Sing originel. Sur Black Sun Rising, lente ballade acoustique, Lost Under Heaven tiennent en haleine le public du Backstage by the Mill, tout en douceur et en désolation. Enchanté, Ellery ponctue chaque morceau de courtes saillies bien senties, saluant le public présent dans un petit espace avec canapé et tables sur sa gauche qu’il qualifie de VIP.
Retour aux affaires: rescapé du premier album, Lost Under Heaven ramènent leur titre éponyme, complété d’un jeu de lumières éblouissant et étourdissant. Après un superbe Serenity Says et un vénéneux Savage Messiah, la formation lance $oro, grande messe électro-expérimentale généreusement vocodée qui plonge le public dans une transe extatique, voltige de basses percutantes, spontanées et imprévisibles qui ne laissent personne indemne.
La tension retombe doucement. « On va jouer un morceau triste » annonce avec malice Ellery. Here Our Moment Ends, lente ballade extraite de Spiritual Songs, vient bercer une foule conquise. The Breath of Light vient compléter ce tendre moment de respiration, porté par des musiciens aux petits soins; mention spéciale au batteur, évoluant constamment dans ses jeux et styles.
La fin du concert approche déjà. Lost Under Heaven lâchent Lament, véritable bombe fédératrice reprise avec force par une foule totalement acquise à la cause du groupe. Un moment fort et incomparable, et sans l’ombre d’un doute le highlight de cette soirée. Vient enfin For the Wild, logique conclusion, hymne rock alternatif tout en montée et en puissance, venant confirmer les indéniables qualités de songwriting du duo.
« C’était notre dernier morceau; mais on en a un autre. Tu te rappelles de Future Blues? » lâche Ellery à sa compagne Ebony. Conclusion délicieusement imparfaite, la tendre guitare du titre vient achever avec douceur un set épatant et implacable d’une puissance rare, affirmant la force d’un groupe bien à l’étroit dans la petite enceinte de ce Backstage by the Mill. Alors que d’ultimes harmonies vocales à la limite de la justesse résonnent, le duo nous remercie généreusement. « On doit encore bosser celle-là. Merci d’avoir été là ce soir ». Le duo s’éclipse, sans l’ombre d’un rappel; la grande messe a été dite. Qu’il fut facile de se perdre dans les territoires concoctés par Lost Under Heaven; et qu’il nous tarde d’y replonger.
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