Le festival Transfer fait la part belle à la scène anglaise

Trois soirs de musiques indépendantes avec pas moins de 7 groupes britanniques à l’affiche : on ne pouvait rêver mieux. Retour sur le festival lyonnais Transfer qui ne cesse de grandir édition après édition.

Tout commence le vendredi à 17h, nous arrivons alors par l’entrée des artistes pour tomber nez à nez avec un certain James Bagshaw. La synchronisation est parfaite : le leader du trio Temples attendait patiemment le début des interviews. Il nous fit le plaisir de se confier à nous pour une interview passionnante.

Après deux trois découvertes intéressantes, notamment les norvégiens de Pom Poko, on se presse à la grande scène afin d’assurer la barrière pour la grande tête d’affiche du soir : Temples. On ne va pas se voiler la face, une grande partie du public semblait bien être venue pour voir le trio chouchou de Noël Gallagher et Johnny Marr. Les lumières s’éteignent, et les trois garçons accompagnés d’un batteur de scène apparaissent avec leur style bien à eux. Les hostilités commencent avec le classique Sun Structures, annonçant la couleur. Malgré des lumières qui auraient pu être plus en harmonie avec la musique du groupe, le son est plutôt bon et le public rentre bien vite dans cet univers si particulier. James nous avait fait part de son obsession dans la recherche d’un son proche de la perfection sur scène, le moins que l’on puisse dire est que nous sommes servis. Le set se poursuit avec le monstrueux Certainty qui réveille les derniers endormis, pour ensuite laisser placer à Holy Horses, futur morceau du prochain album ?

Thomas Edison Warmsley des Temples.

Les anglais semblent avoir trouvé la recette qui fonctionne en mélangeant habilement leurs deux premiers efforts : s’ensuit Colours To Life puis Oh The Saviour. L’efficacité est redoutable, la synchronisation est irréprochable, et dire qu’ils n’étaient pas retournés sur scène depuis 5 mois. Le batteur semble s’être bien intégré au groupe, et ce dans les reproductions quasi identiques comme dans les déviations des chansons studios. On poursuit ce moment de bonheur avec les classiques The Golden Throne et Keep In The Dark, faisant pousser la chansonnette à de nombreux fans dans la foule. Ils (se) font plaisir, et ne se parlent qu’à peine afin de peaufiner deux trois détails de la setlist : on notera une chanson rayée dessus à la fin du concert, mais impossible de déchiffrer.

Move With The Season, extrait de Sun Structures, fait alors son apparition, plongeant le Transbordeur sans ses gradins pour l’occasion dans une ambiance psychédélique fort appréciable. Le vieux Ankh prend la relève, avant de laisser place à Mesmerise. Le set a beau avancer on saute de joie du fait de tous ces tubes que le groupe détient après seulement deux albums, et cela va de pair avec cette efficace aisance sur scène. Strange Or Be Forgotten et A Question Isn’t Answered viennent calmer les esprits avant de voir le spectacle se clôturer avec le superbe Shelter Song. On aurait pu en redemander encore et encore, mais le temps était déjà dépassé, alors qu’il semblait avoir été suspendu un instant.

Place au samedi, et à Ditz qui s’occupe de l’apéritif de cette longue soirée quasi britannique. On est d’abord marqués par des musiciens remplis d’énergie, puis on fait la moue en découvrant un frontman étrange, absent, ne savant trop où se mettre. Le set prévu était de base assez court (30 minutes), et pourtant la fougue de ce rock bien péchu qui faisait un peu trop crasher la sono nous pousse vers la sortie pour retrouver…

Drahla. Un trio simple et efficace, une voix féminine entraînante, puis arrive sur scène le quatrième membre avec son saxophone. On pense par raccourci à la reine PJ Harvey, mais cela n’est pas si injustifié. La recette fonctionne, on se plaît à cet exotisme que l’on retrouve si peu de nos jours. Le quatuor maîtrise son sujet, n’hésite pas à interagir avec le public qui se prête au jeu. On apprécie les interludes avec une légère pointe de jazz qui laissent ensuite place aux riffs qui deviennent de plus en plus énervés, s’associant parfaitement au cuivre. La chanteuse alterne entre textes parlés et mélodieux, et on est conquis.

Drahla, une maîtrise prometteuse.

Arrive alors le groupe que l’on attendait probablement le plus : Toy. Et qu’est-ce que c’était bon ! Le set commence doucement pour encore mieux monter en puissance, on reste bouche bée face à une maîtrise impressionnante. Il se dégage véritablement de la beauté dans ce que produit les originaires de Brighton, les morceaux prennent alors une toute autre dimension, et on est conquis. Une basse qui assure les yeux fermés, des solos partagés qui se glissent parfaitement au rythme, des voix envoûtantes… Les anglais se parlent beaucoup afin d’assurer leurs chansons, mais se contentent des remerciements habituels avec des adieux très légers pour la fin. Toutefois, on a assisté au grand concert de la soirée qui nous rappelle les somptueuses heures de la musique.

Mais si Toy maîtrisait son sujet, que dire de Beak ? Le trio était somptueux, comme touché par la grâce, une technique hallucinante, beaucoup de communication avec le public, on rigole, on parle Brexit, on se moque du claviériste londonien… La fosse est conquise, les fans de la première heure se mettent dans tous leurs états à l’écoute des premières notes de chaque nouveau morceau, on se sent véritablement comme à la maison avec des lumières basiques, rien de plus agréable !  Ah que l’on aurait aimé les avoir encore plus longtemps avec nous, mais notre déception fut atténuée avec…

Beak en clôture de la grande scène.

Lice ! La bonne claque, emmenée par un batteur monstrueux torse et pieds nus dès son entrée sur scène, accompagné d’un chanteur déchaîné et des guitares qui électrisent la salle, le public ne peut qu’être conquis malgré l’heure tardive. Le frontman confia alors le micro à celui de Ditz sur scène afin de pouvoir se convier au pogo, on n’en revient pas ! On apprend alors que quelques groupes du soir font la route ensemble depuis quelques dates déjà. L’énergie est communicative, on rigole avec le public, et les 40 minutes de set furent bien courtes pour cette jolie découverte, un peu violente toutefois pour certains.

Le chanteur de Lice, rempli d’énergie.

Le changement de plateau se fait alors au plus vite : Gum Take Tooth a la lourde responsabilité de clôturer cette soirée et donc ce festival. Quelques heures après les avoir interviewés, nous ne pouvions terminer sans voir les anglais défendre leur dernier effort. Ils nous ont fait part avant de monter sur scène de leur passion pour l’improvisation, et force est de constater que le public y est bien réceptif. Le style surprend, on a peu l’habitude d’entendre ce genre là, et pourtant qu’est-ce que c’est appréciable ! On voit alors l’intérêt de programmer ce genre de groupes, en particulier dans les derniers actes. Les claviers se mêlent à la batterie classique, le binôme fonctionne à merveille, on est conquis. C’est un groupe idéal pour le closing de ce festival que l’on a déjà hâte de retrouver l’an prochain.

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