Loyle Carner – Not Waving, But Drowning

Le génial rappeur londonien revient avec un deuxième album sensible et superbement écrit. Loyle Carner au sommet.

Après Yesterday’s Gone et sa nomination méritée au Mercury Prize il y a 2 ans, Loyle Carner revient avec un second opus sublime. A la limite de l’album concept, le rappeur nous offre avec Not Waving, But Drowning l’un des meilleurs albums de ce début d’année. Avant d’être un artiste exceptionnel, Benjamin Coyle Larner est un homme qui s’exprime et parle de son histoire pas toujours simple. De sa dyslexie, à l’absence de son père jusqu’à l’amour qu’il porte à sa mère, cet album parle d’un thème universel : la vie.

Difficile de ne pas commencer cette chronique par le morceau d’ouverture de cet album. Dear Jean est un message que l’artiste adresse à sa mère. Bluffant de sincérité, Loyle Carner y adresse un message d’amour magnifique (I had a dream and it came true. And I can only blame you). Loyle Carner n’est pas ce genre de rappeur a faire dans le trash et dans les instrus trap. Tout est réfléchi, fin, précis. Tout comme lorsqu’il invite son ami et artiste tout aussi génial Tom Misch sur le morceau Angel. Son flow est millimétré, tranchant et un refrain plus pop donnent un titre de grande envergure. On y retrouve une basse profonde et un synthé qu’on attribue facilement à Tom Misch. 2 morceaux et déjà, après moins de 5 minutes d’écoute, on est sous le charme.

Peut-être que la sensibilité de l’artiste nous touche, son histoire aussi. Mais il est difficile de remettre en question la qualité musicale de ce début d’opus. Accompagné par le fidèle Rebel Kleff, les instrus de l’album sont toutes aussi belles les unes que les autres. Entre basse et piano aérien, l’ambiance est là. Entre les larmes et les éclats de rire, cet album transporte. A l’image du premier single Ottolenghi.

Plus pop, You Don’t Know est le second single de l’album. Accompagné par Rebel Kleff, le morceau, plus rythmé, est irrésistible. Pour aller encore plus loin, pour nous embarquer encore plus à l’intérieur de sa vie, Loyle Carner n’hésite pas à ajouter à l’album des moments de vie. It’s Coming Home en fait parti. On y entend la réaction du rappeur et de sa famille lors de la séance de tirs au but qui oppose l’Angleterre à la Colombie lors de la Coupe du Monde de Football l’été dernier. Et oui, ça fonctionne. Parce que, Loyle Carner y raconte sa vie, une vie simple, dans laquelle on se reconnaît facilement. Une vie faîte de moments compliqués, mais entourée d’amour et de plaisirs éphémères.

Tout en délicatesse, Sampha fait son apparition dans Desoleil (Brilliant Corners). Et on a le droit à l’un des duos les plus prometteurs de la nouvelle scène britannique. A moins que Jorja Smith lui pique la vedette. Loose Ends est un véritable bijou. On y retrouve la voix cristalline de la magnifique chanteuse, et le flow toujours aussi précis de l’auteur. Le tout pour l’un des plus beaux morceaux, encore une fois, de l’année.

Loyle Carner a trouvé son style. Et si on peut lui faire un reproche, c’est celui de rester dans une zone de confort. Mais une zone qu’il est le seul à explorer et qu’il maîtrise parfaitement. Sail Away Freestyle est en rupture. Il y raconte une liberté qu’il prend sur ses démons, et une positivité qu’il revendique (Every day is great).

Comme un symbole, Not Waving, But Drowning se ferme avec Dear Ben. Réponse de sa maman à l’ouverture de l’album. Certains diront peut-être que c’est surfait, que c’est trop facile. Je dis que c’est beau. Tout simplement parce que ces 2 morceaux résonnent. Parce que c’est impossible de rester insensible. Parce que la musique est avant tout une question de partage et d’émotion. Parce que la sincérité de Loyle Carner et de ses comparses dans cet album est réelle. Parce que Loyle Carner assume cette sensibilité, ce choix de parler de l’amour qu’il porte à sa mère plutôt que de drogue, de sexe ou de ces thèmes imposés par l’entertainment. Parce que par ce choix, Loyle Carner préserve une liberté qui semble lui tenir à coeur. Et parce que ce deuxième album de Loyle Carner se termine sur des embrassades entre lui et sa mère, on ne peut que l’aimer, l’adorer.

TRACKLIST :

Dear Jean

Angel

Ice Water

Ottolenghi

You Don’t Know

Still

It’s Coming Home

Desoleil (Brilliant Corners)

Loose Ends

Not Waving, But Drowning

Krispy

Sail Away Freestyle

Looking Back

Carluccio

Dear Ben

Nos morceaux favoris : Loose Ends, Angel, Dear Jean, Dear Ben

LA NOTE : 9/10

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