Foals au Festival Beauregard le 9 juillet 2017

Foals, force impétueuse et flamboyante au Bataclan

Le doute n’est plus permis: Foals, tant en studio qu’en live, sont l’un des plus grands groupes de leur génération. Récit.

50 boulevard Voltaire, 11ème arrondissement, 20h. Le Bataclan est déjà bien rempli, affichant logiquement complet pour la venue de nos poulains préférés. Armés d’une nonchalance évidente, le trio YAK s’avance sur scène, s’offrant en apéritif à un public regardant les aiguilles de sa montre trottiner avec impatience.

Étrangement, la formation est accueillie avec tiédeur; sous de nombreux applaudissements certes, mais le public reste bien trop sage, tandis que YAK s’échinent à délivrer un garage rock furieux parfaitement calibré, alternant entre mégaphone, basse dantesque, saxophone et grosse caisse déchaînée, que ce soit de la nouvelle White Male Carnivore au classique Alas Salvation.

Yak au Festival Beauregard le 8 juillet 2017

Peu importe si l’accueil n’est pas à la hauteur; la formation joue beau jeu, ne relâchant pas l’intensité pour 40 solides minutes, alternant énergie punk et vraies fausses balades à deux vitesses pour mieux tromper l’auditoire. Un brin de communication, quelques remerciements, et le trio s’éclipse, sous les applaudissements chaleureux d’un public convaincu mais statique. Le reste de la soirée n’ira pas dans ce sens-là, heureusement.

« Everything Not Saved Will Be Lost« . Une voix robotique retentit alors que les 5 musiciens de Foals montent sur scène sous les hurlements d’un public acquis à leur cause. On the Luna, titre d’ouverture tiré de leur dernier effort en date, lance les hostilités de sympathique mais timide manière. On sent que le titre fait ses débuts en live; la délicieuse production de la version studio perd un peu de sa superbe en live, malgré un break d’une belle intensité. Ne boudons pas notre plaisir; ce n’est que l’échauffement après tout.

Car les choses sérieuses commencent très, très vite. Le riff de Mountain at my Gates retentit sous les cris d’une foule bien plus réceptive aux singles, et le morceau fait mouche de bout en bout. L’intensité monte, vague de beauté et de puissance, qui nous engouffre finalement dans un final explosif et racé, pulsant à 100 à l’heure. Les mosh pits s’ouvrent tandis que Yannis Philippakis, frontman magnétique, se déchaine sur sa 6 cordes. Enchaînement obligé avec Snake Oil, là aussi issu de What Went Down, provoquant au détour d’un break savamment orchestré les premiers gros mouvements de foule de la soirée. La machine est lancée.

Foals au Festival Beauregard le 9 juillet 2017

« Merci beaucoup. Ça nous fait plaisir d’être de retour à Paris. Let’s fucking do this! » envoie Philippakis, stoïque mais mesquin. Un triplet gagnant se profile, brassant avec habileté et sans interruption la discographie du quatuor; tout d’abord la oldie Olympic Airways, aux délicieuses harmoniques et aux superbes chœurs repris avec force par la salle; My Number, ultra hit et invitation évidente à la danse; et finalement la pépite Black Gold, gemme extraite du chef-d’œuvre Total Life Forever, titre à deux vitesses gagnant en puissance et et en superbe en live. Un sans faute.

La tension redescend, tandis que les accords de Spanish Sahara enveloppent le Bataclan. Sur scène, chacun exécute sa partition à la perfection; Jimmy à la guitare, musicien précis et sautillant; Edwin, force tranquille derrière ses claviers; Jeremy, emprunté de Everything Everything et digne remplaçant du bien-aimé Walter; et évidemment Jack, batteur volcanique, force centrifuge du groupe et batteur inné. Le titre nous emporte dans un second acte d’une force renversante et laisse la foule hurler de plaisir, une larme au coin des yeux, pour la première comme pour la dixième fois.

« C’est un morceau de notre nouvel album » lâche tranquillement sir Philippakis. Syrups, titre à la basse complexe et entêtante et là encore à deux vitesses, vient faire trembler les murs du Bataclan, rouvrant des mosh-pits à peine fermés. Les jeux de lumière, limite épileptiques, viennent souligner l’intensité de ce nouveau titre qui franchit avec brio l’épreuve du live. L’heure n’est plus à la plaisanterie.

Foals au Festival Beauregard le 9 juillet 2017

Quelques accords apocalyptiques et rien ne va plus; Foals se lancent dans un Providence déchaîné, Yannis vient se faire porter par les premiers rangs et le tout s’achève dans un finish monumental aux multiples feintes, achevant coup sur coup les fans de pogo les plus acharnés. Quand on vous dit que Foals sont des monstres de live…

Un petit passage par la fan-favourite Red Socks Pugie, rescapée d’Antidotes, et le groupe lâche un triplet dédié à leur dernier effort, avec plus ou moins de réussite; leur single Exits convainc à moitié, perdant un peu de sa force et de son groove sur scène. Même constat pour l’extatique In Degrees, où les basses synthétiques se noient dans le seul déséquilibre de mix sonore de la soirée. White Onions vient heureusement relever le tout, titre rock furieux et désespéré, lançant la machine dans une trajectoire rectiligne inarrêtable 3 minutes durant.

Plus le temps de respirer alors. « Je veux que tout le monde bouge sur ce titre, je ne veux pas voir une personne immobile! » L’introduction du culte Inhaler retentit, noyant le Bataclan sous les cris. La batterie, inimitable, vient propulser le titre jusqu’à des sommets d’intensité, tandis que les guitares hurlent leurs harmonies et décochent leurs riffs les plus heavys sur des refrains monstrueux. A l’occasion d’une outro allongée, notre frontman adoré s’amuse à faire un tour de salle sans cesser de jouer tandis que des mosh pits continuent de se former au centre d’une foule en délire; jusqu’à ce que tout ce beau monde vienne se fracasser lors d’une ultime déflagration jouissive. Allez, on passe au rappel.

Foals au Festival Beauregard le 9 juillet 2017

Pas question pour Foals de faire retomber l’intensité. What Went Down retentit, là aussi machine furieuse qu’on ne saurait arrêter. Yannis, micro à la main, vient de nouveau se faire porter par la foule, cette dernière devenant plus folle à chaque minute. « C’est notre dernier titre. Merci pour tout, on se revoit très vite, on vous aime! » L’heure est venue pour Two Steps, Twice, traditionnelle clôture du groupe. Titre là encore à 2 vitesses, sir Philippakis profite de la rupture de tonalité pour se faufiler jusqu’au balcon de la salle et se jeter dans la foule, sans aucune hésitation. Le sing-along s’intensifie et le titre monte jusqu’à finalement imploser, repris en chœur avec force et venant se fracasser dans une ligne de basse implacable et des breaks de batterie salvateurs. Les dernières notes résonnent, les musiciens se débarrassent de leurs instruments, notre Jack adoré distribue quelques baguettes; l’heure de la fin est bel et bien arrivée. Foals quittent la scène sous d’intenses applaudissements, le sourire aux lèvres. Nous aussi.

En 2019, il n’est presque plus à prouver que Foals sont des monstres de scène. Et si les nouveaux morceaux présentés par la formation peinent encore légèrement à convaincre en live, gageons que le temps et l’expérience saura leur permettre de s’affiner et trouver l’équilibre juteux entre puissance et mélodie, marque de fabrique de la formation. Foals reviennent cet été à Rock en Seine et cet automne pour la deuxième partie de leur diptyque Everything Not Saved Will Be Lost; nous n’avons, heureusement, pas finis d’entendre parler d’eux.

Foals Setlist @ Bataclan (13/05/2019)

On the Luna

Moutain at My Gates

Snake Oil

Olympic Airways

My Number

Black Gold

Spanish Sahara

Syrups

Providence

Red Socks Pugie

Exits

In Degrees

White Onions

Inhaler

What Went Down

Two Steps, Twice

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