Lewis Capaldi – Divinely Uninspired To A Hellish Extent

La Grande-Bretagne n’avait pas connu pareille sensation depuis le succès flamboyant d’Adele : le phénomène Lewis Capaldi sort son premier album.

Il est ce qu’on appelle un véritable phénomène. Au printemps 2017, les curieux font sa connaissance avec l’éblouissante Bruises, une ballade au piano à vous en briser le coeur. Pour les plus pessimistes, l’Ecossais n’est rien d’autre qu’un énième songwriter surfant sur la vague efficace des depressive songs, ces compositions portées essentiellement par une voix puissante et des textes fédérateurs. Pas faux quelque part. Mais Lewis Capaldi c’est un peu plus que ça.

Dans les mois qui vont suivre, le grand public découvre la pépite mais aussi le personnage. Lewis n’est pas vraiment comme les autres. Ce n’est pas une belle gueule prédestinée à squatter les Unes des plus grands magazines. Il n’est pas non plus consensuel. En effet, pour ceux qui le suivent sur les réseaux, c’est un Lewis rieur, bourré d’auto-dérision, qui n’hésite pas à parler de ses hémorroïdes ou de ses cuites avec un accent à couper au couteau. Loin des standards que lui imposerait l’industrie musicale, bien trop sage et lisse, Lewis Capaldi détone.

Pourtant, avant d’être un véritable trublion 2.0 qui parle à son public comme à ses potes, Lewis Capaldi est avant tout un bijou pour la musique. Il nous avait séduit avec ses différents singles, alors autant dire que son premier effort au titre pour le moins tape-à-l’oeil – Divinely Uninspired To A Hellish Extent – était attendu. Que vaut-il vraiment ? Est-on bel et bien en présence d’un Adele au masculin ?

Divinely Uninspired To A Hellish Extent débute cash avec Grace, un morceau déstructuré dans lequel Capaldi, dont la voix grave peut rappeler celle de son compatriote Paolo Nutini, donne le ton. Il enchaîne avec Bruises, une de ses premières compositions et pierre angulaire de son style, à savoir un mariage piano-voix intimiste qui laisse bouche-bée. On retrouvera cette ambiance sur Lost On You ou One. Par extension, Someone You Loved (son plus gros hit à l’heure actuelle) est de cette trempe, une superbe composition aux mélodies mémorables dès la première écoute, avec des envolées puissantes.

Reste que Lewis Capaldi n’a pas le monopole sur ce credo. Il rappelle Tom Grennan sur Hold Me While You Wait, Ed Sheeran sur Maybe ou Sam Fender avec Headspace. Alternant les ballades à la guitare ou au piano, Lewis Capaldi tente de trouver un équilibre, de passer entre les gouttes du « mec, on l’a déjà entendu ça » de manière plus ou moins habile.

On regretterait que ce premier effort ne soit aussi personnel qu’on aurait pu l’imaginer ou espérer. Pour autant, le talent est là, indéniablement. L’Ecossais de 22 ans arrive à nous charmer à chaque composition, comme avec le refrain de Forever. On ne peut s’empêcher de penser que Capaldi n’a pas inventer l’eau tiède, mais on se dit quand même que c’est génial et super bien foutu. Même constat avec Don’t Get Me Wrong et son léger swing romantique, ou la bouleversante Fade.

Il apparaît évident que Capaldi n’aura pas la critique de son côté. S’il était apparu avant Adele et Ed Sheeran, on aurait crié au génie. Là, pour beaucoup, c’est une pâle copie peu inspirée. Mais voilà un artiste qui risque de se construire avec le public plutôt qu’avec le soutien indéfectible des médias.

En effet, si Lewis Capaldi parle à ses fans à travers ses chansons universelles et son humour sur les réseaux sociaux, il était aussi très proche des problèmes de notre temps, à savoir la santé mentale. Ainsi, lors de sa future tournée, les fans souffrant d’anxiété ou de crises d’angoisse pourront trouver du réconfort au travers d’une assistance personnelle, une escape room où se retrouver ou bien un ami de concert si le spectateur vient seul. Jusqu’ici, personne n’y avait pensé.

N’en déplaise aux critiques britanniques trop contentes de taper sur la sensation du moment, Lewis Capaldi sera assurément l’un des grands artistes des années à venir. Ses compositions parfaitement produites et interprétées avec brio font mouche. Sa cool-attitude casse les codes d’une industrie trop policée. Et son empathie, doublée d’un intérêt évident pour les maux d’aujourd’hui, témoigne d’une sensibilité à fleur de peau, celle d’un artiste conscient qui se veut proche de son public, qu’importe la taille de la salle où il jouera et le succès qu’il rencontrera dans les charts.

Tracklist :

1. Grace
2. Bruises
3. Hold Me While You Wait
4. Someone You Loved
5. Maybe
6. Forever
7. One
8. Don’t Get Me Wrong
9. Hollywood
10. Lost On You
11. Fade
12. Headspace

Nos morceaux favoris : Fade, Someone You Love, Bruises, Forever

LA NOTE : 8/10

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