The Divine Comedy – Office Politics

The Divine Comedy dresse un portrait cinglant et drôle de notre société dans cet Office Politics toujours orchestré de façon brillante par Neil Hannon.

A chaque album de The Divine Comedy, un univers bien précis. Neil Hannon, chef d’orchestre et scénariste de sa Divine Comedy n’a pas échappé à sa propre règle avec ce 12e album qui dépeint une société ultra moderne emplie de codes et de conventions aussi puissants qu’éphémères. La connexion entre humains ne se fait plus, et c’est au sein d’une entreprise lambda que cette pièce tragi-comique se déroule, saupoudrée d’une forte dose d’humour noir habilement maniée par Neil Hannon.

Tout cela est mis en musique de façon soignée, et aucun titre ne se ressemble comme à l’accoutumée avec The Divine Comedy. Chaque chanson est comme un petit acte d’une pièce retraçant les relations fausses ou inexistantes, les burn-out généralisés et la digitalisation à outrance qui nous rendent finalement invisibles au yeux de tous. L’album s’ouvre sur Queuejumper qui plante le décor avec une ode à l’arrogance futile « I jump the Queue coz I’m smarter / better than you – I don’t have to play by the general rules «  au son de percussions qui rendent la situation presque ridicule (la vidéo venant confirmer ce second degré des plus jouissif)

   

Dans Office Politics, le trait est grossier mais le fond est bien réel : la codification et le formalisme outrancier qui règnent dans certaines entreprises sont mis en musique par un riff de guitare sec et presque angoissant, accompagné d’un petit sample de synthé glaçant à souhait. Les lois du marché – rules of market forces – et les présentations Powerpoint que nous détestons tous rendent le portrait encore plus cynique. The Life and Soul of The Party est un titre venant démonter le mythe des pots de bureau : ici, la rythmique est dansante et un brin funky, Neil Hannon sachant puiser dans tous les styles musicaux pour mettre en exergue le message de ses chansons.

Les instruments à vents et à cordes sont quasi présents sur tous les titres et accompagnent les thèmes des chansons en jouant de sonorités tantôt dramatiques (I’m a Stranger Here), tantôt attendrissantes (Norman and Norma) . Le piano et la guitare maintiennent le fil conducteur du son de The Divine Comedy qui reste avant tout un groupe pop.

Au même titre que Foreverland, cet Office Politics nous dévoile quelques perles atypiques, qui viennent illustrer le thème principal du disque. Quoi de plus efficace que des morceaux aux sonorités robotiques, froides et expérimentales comme dans les titres Infernal Machines où les échos sont synthétiques et le riff de guitare caverneux, ainsi que Dark Days Are Here Again qui résonne tel un Fantôme de l’Opera des plus effrayant.

Les ballades sont aussi présentes comme pour casser ce portrait plutôt défaitiste et redonner un brin d’espoir au tout. Norman and Norma portrait d’un couple soudé traversant les âges et A Feather In Your Cap sont des morceaux gais et très mélodieux.

Nous retrouvons bien sûr quelques ovnis sortis tous droit du cerveau un brin déjanté de Neil Hannon : You’ll Never Work In This Town Again au sonorités jazzy des années 30, Psychological Evaluation au travers d’un échange entre un homme et une machine – robot call comme appelée outre Atlantique – résonne comme du Kraftwerk et Philip and Steve’s Furniture Removal Company est tout simplement inclassable – vous connaissez les massages de la Cogip ? C’est un peu ça.

Les disques de The Divine Comedy ne laissent jamais insensibles. La plume habile associée aux talents de composition offrent toujours un résultat qui s’il peut être contesté (on rentre ou non dans chacun de ces univers qui peuvent autant plaire qu’agacer), fait toujours l’objet d’une curiosité avide de la part du public.

Après des début grandiloquents avec la période ultra fertile des 90s (de Liberation à Fin de Siècle en passant par le petit bijou d’élégance qu’est Casanova), et suite à une période plus triste avec des disques comme Absent Friends ou Victory For The Comic Muse, Neil Hannon a frappé fort en remettant sur le devant de la scène son imagination débordante avec une nouvelle salve d’album audacieux dont Foreverland et ce denier Office Politics. Un auteur compositeur qui continue de vous surprendre et de vous séduire après 25 ans, c’est ce que l’on peut appeler une belle histoire.

L’interview de Neil Hannon à l’occasion de la sortie d‘Office Politics est à retrouver ici (Spoil Alert : un personnage meurt)

 
 

Tracklisting :

  1. Queuejumper
  2. Office Politics
  3. Norman and Norma
  4. Absolutely Obsolete
  5. Infernal Machines
  6. You’ll Never Work In This Town Again
  7. Psychological Evaluation
  8. The Synthetiser Service Centre Super Summer Sale
  9. Tle Life And Soul Of The Party
  10. A Feather In Your Cap
  11. I’m a Stranger Here
  12. Dark Days Are Here Again
  13. Philip And Steve’s Furniture Removal Company
  14. « Opportunity » Knox
  15. After The Lord Mayor’s Show
  16. When The Working Day Is Done
 

Notre sélection : Office Politics, Queuejeumper, Opportunity Knox, Absolutely Obsolete, The Life And Soul of The Party

La Note : 8/10

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