Kate Tempest – The Book Of Traps And Lessons

3 ans après Let Them Eat Chaos, la londonienne nous présente son nouvel effort, offrant à ses textes engagés un cadre musical idéal.

Avec deux premiers albums nommés pour le Mercury Prize, on peut dire que Kate Tempest est déjà une valeur sûre. Poétesse, dramaturge ou encore musicienne, la diversité de ses engagements n’en fait nullement éloigner son talent. Depuis bien des années déjà, un public de plus en plus large est touché par l’anglaise. Ce troisième album ne risque pas de ralentir cette vague.

Ce qui interpelle tout d’abord, c’est cette pochette, et ce titre. On pourrait croire à un conte pour enfants, avec une portée éducative. Le choix de la sensibilisation persiste, mais avec plus de légèreté que l’album précédent. Quand une artiste anglaise sort pareil album en ces temps si particuliers pour nos voisins d’outre-Manche, il n’est pas anodin pour nous d’avoir l’idée du Brexit dans un coin de notre tête…

D’une vision globale, un premier constat : le rap qu’elle chérit tant est mis de côté. Ce virage, elle le doit au grand Rick Rubin. Il lui suggéra en effet d’apporter de la nuance dans son style pour ouvrir son champ d’expression. Force est de constater que la démarche est plus que réussie. Le style surprend comme toujours, mais différemment cette fois-ci.

Les synthés gardent une place majeure, et ce dès les premières secondes de Thirsty. Le fondu enchaîné avec Keep Moving Don’t Move nous plonge dans l’univers de l’anglaise, pour notre plus grand plaisir pendant 45 minutes. Un poil moins que d’habitude, mais après 3 ans d’attente inutile de faire la fine bouche. La voix est posée, les mots sont percutants. Les autres instruments utilisés habituellement par l’artiste se font alors entendre.

Brown Eyed Man est également liée au titre précédent, et fera de même avec Three Sided Coin. Quatre morceaux sont passés, et déjà retrouve-t-on les combats de la poétesse. Elle nous parle du mal-être de son pays, de la société, du monde. La politique est vivement présente tout au long de l’écoute, confirmant nos a priori. Rien d’étonnant pour Kate Tempest, qui ne se cache pas pour critiquer les personnalités politiques nationalistes.

C’est subitement que I Trap You va nous surprendre avec un grand bond dans le passé. Une pointe de douceur vient se glisser dans nos oreilles, pour laisser alors place à All Humans Too Late qui laissera de côté les instruments. Hold Your Own fera de même, et l’attention se focalisera sur les mots. Lessons va quant à elle bouleverser avec sa mélancolie, démontrant que ses textes sont autant appréciables habillés ainsi.

Firesmoke offre des accords que l’on quitte difficilement, mais que l’on délaissera finalement pour Holy Elixir. Son fond sonore aurait pu offrir une belle tempête, mais les mots s’en chargeront avec aisance. Transition est faite avec la dernière People’s Faces, finissant ce sublime album comme dans un nuage.

Le livre se referme avec de belles paroles : There is so much peace to be found in people’s faces. Nous avons hâte de voir Kate Tempest, notamment le samedi 6 juillet aux Eurockéennes de Belfort, présenter cet album. Elle offre à son pays un espace de réflexion et d’espoir, tout en dénonçant les idées néfastes. De l’extérieur, on peut tout de même être touché par ces mots, tant les sujets traités sont universels. Cette habilité de la plume associée à une aisance musicale déconcertante ne peut que déranger, et ce de la plus belle des manières.

Tracklist :

1. Thristy
2. Keep Moving Don’t Move
3. Brown Eyed Man
4. Three Sided Coin
5. I Trap You
6. All Humans Too Late
7. Hold Your Own
8. Lessons
9. Firesmoke
10. Holy Elixir
11. People’s Faces

Nos morceaux favoris : I Trap You, Lessons, People’s Faces

LA NOTE : 7/10

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