Thom Yorke – ANIMA

Le leader de Radiohead, Thom Yorke, sort son troisième album solo, entre rêveries noires, longues expérimentations électroniques et séquences hypnotiques.

A 50 ans, Thom Yorke est loin d’avoir dit son dernier mot. Eloigné de Radiohead, l’artiste britannique vient tout de juste de sortir son troisième album solo, ANIMA. Une galette réunissant toutes les explorations musicales, aussi foutraques puissent-elles être, d’un musicien hors-norme. Ecrit par ses soins et produit par son collaborateur de longue date Nigel Godrich, ANIMA est une longue parenthèse de 9 titres (plus un morceau exclusif, Ladies & Gentlemen, Thank You For Coming, uniquement sur la version vinyle qui sortira le 19 juillet).

Tirant son nom du concept de psychologie analytique popularisé par Carl Jung, ANIMA fait bien référence à l’inconscient, à la représentation féminine par l’imaginaire masculin, le tout prenant des formes diverses. Il fallait bien à Yorke au moins deux manières de l’illustrer. Ainsi, parallèlement à la sortie de l’album, un court métrage disponible sur Netflix et réalisé par Paul Thomas Anderson met en scène Thom Yorke face à sa compagne à la ville, l’actrice italienne Dajana Roncione, le tout chorégraphié par Damien Jalet – qui avait travaillé sur Suspiria, dont l’Anglais avait signé la bande-originale.

A l’instar du film, ANIMA est un labyrinthe tout droit sorti de l’esprit torturé de son auteur. Un objet déroutant, comme il fallait s’y attendre, complexe à souhait, magnétique aussi. Avec ses loupes répétitives inspirées par Flying Lotus, ses incantations électroniques croisées chez Four Tet ou Kraftwerk, ANIMA sera aisément placé comme un incontournable pour les aficionados du genre. Perché pour les autres.

Créateur fou, Yorke construit et déconstruit, mettant en sons ce qu’il avait finalement prévu une vingtaine d’années plus tôt dans OK Computer. La dimension pop en moins. Dans une ambiance apocalyptique, il évoque le consumérisme rampant, l’aliénation mais aussi l’isolement, un mal qu’il connaît bien et qu’il illustre parfaitement au détour du court métrage. Il se fait pourtant romantique, notamment sur Twist, quand il ne dépeint pas les fantômes du passé dans le très beau Dawn Chorus, assurément l’un des meilleurs titres de l’album. Dans The Axe, qui rappellera les compos de Suspiria, Yorke il évoque sa solitude face à ses instruments de musique. « Goddamned machinery, why don’t you speak to me? », susurre-t-il avec une forme de mélancolie.

Du côté des sonorités, Yorke et Godrich régalent avec des variations étonnantes. Des vibes dance de Traffic à la guitare blues Runwayaway en passant par la ligne de basse hypnotique d’Impossible Knots, le leader de Radiohead ne se fixe en revanche aucune limite lorsqu’il s’agit de tripatouiller sur des claviers électroniques, s’amuser des distorsions, beats et autres claps. Jusqu’à l’usure par moment, ce qui fait d’ANIMA à la fois un album envoûtant et éreintant.

Tracklisting :

01 Traffic
02 Last I Heard (…He Was Circling the Drain)
03 Twist
04 Dawn Chorus
05 I Am a Very Rude Person
06 Not the News
07 The Axe
08 Impossible Knots
09 Runwayaway

Nos morceaux favoris : Dawn Chorus, The Axe, Twist

LA NOTE : 7 / 10

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