08 Juil Dans les coulisses de la création de Boy Azooga : l’interview avec Dave Newington
A l’occasion du festival Minuit avant la Nuit, on a rencontré la tête pensante du projet Boy Azooga, Dave Newington. Un entretien entre enfance bercée par la musique, la création de ce premier album 1, 2, Kung Fu ! et les expériences en tournée et festivals.
« On ne pouvait pas vraiment échapper à la musique »
« Tu as été dans plusieurs orchestres, tes parents étaient musiciens aussi, à quel moment tu t’es dit que tu voulais faire partie d’un groupe de rock ? »
Mes parents étaient musiciens, on ne pouvait pas vraiment échapper à la musique et on adorait ça : j’ai grandi dans une maison où il y avait toujours du rock ou de la pop. Je l’ai déjà dit pas mal de fois et c’est un peu cliché mais en regardant le film « School of Rock » (Richard Linklater, 2003) lorsque j’avais 13 ans -des ados y montent un groupe-, j’ai eu l’impression que je pouvais le faire et c’était très motivant. C’était vraiment pour le fun de jouer de la guitare, retrouver des amis du lycée, … je ne connaissais personne qui jouait de la guitare donc je suis devenu batteur. C’était excitant !
« T’as appris ensuite à jouer de la guitare, du coup ? »
NDLR: Dave est chanteur et guitariste dans Boy Azooga
J’ai commencé tout petit avec la batterie en prenant des cours et j’ai ensuite appris tout seul la guitare -ma sœur a une guitare-. J’ai commencé à jouer un peu avec, à jouer des morceaux de Nirvana et autres dans ma chambre.
« Quelles sont tes principales influences dans la musique et dans d’autres domaines ? »
Je pense que les principales sont des grands noms comme Les Beatles, les Beach Boys, Neil Young, … J’aime aussi beaucoup la télévision et les films. Je lisais beaucoup la bande dessinée Calvin and Hobbes quand j’étais plus jeune -je la lis toujours maintenant, en fait- c’était vraiment un truc que j’adorais… Mon père est aussi un très grand cinéphile, on a toujours eu beaucoup de films et de bandes originales de films à la maison… Je peux vraiment être inspiré par n’importe quel type d’artiste : par la façon de penser d’un peintre à propos de la peinture, par exemple. Tous les artistes ont des choses en commun.
« As-tu des musiques récentes qui t’ont marquées ? »
J’aime beaucoup Fontaines DC, le groupe irlandais [Nous aussi !, NDLR]… Et aussi, ils ne sont pas si récents, des années 80, mais The EVIL. En venant ici, [à Amiens] je regardais un documentaire à leur propos sur Youtube, c’était vraiment super intéressant, leur histoire m’a beaucoup impressionnée.
« ‘1, 2, Kung Fu !‘ c’est un mélange entre être confus à son propos et célébrer la vie »
« Comment le fait d’avoir grandi dans une famille de musiciens a-t-il influencé tes compositions dans « 1, 2, Kung Fu ! » ? »
Forcément, la musique qu’ils écoutaient m’a influencée en écrivant l’album. Eux-mêmes étant musiciens, ils ont aussi compris les contraintes liées au métier et m’ont supporté depuis le début dans le projet en me disant : « continue de faire de la musique » et non pas en me disant de trouver un « vrai job ».
« Tu as mis plusieurs années à écrire ce premier album, quel a été l’élément déclencheur de sa sortie ? »
Je pense que c’est plutôt grâce à Eddy -Ed Al-Shakarchi, le producteur- qui m’a dit : « Ok, je pense que tu as besoin de sortir cet album maintenant, parce que sinon, tu peux encore passer plusieurs années dessus ! » Donc, voilà, on l’a fait. Il y a un moment où tu atteins ce point où il faut sortir l’album… J’ai beaucoup de respect pour les groupes comme Oh Sees qui sortent un album par un an avec un rythme de travail intense. Ce n’est pas facile, mais il faut savoir quand s’arrêter ou tu pourrais devenir fou !
« Pourquoi avoir choisi Heavenly Records en particulier ? A la rédaction, on aime particulièrement The Orielles, Baxter Dury ou Chai chez eux »
Oh oui Chai, ils sont vraiment cool ! … En fait, j’avais entendu que de très bonnes choses à propos du label : ils sont vraiment passionnés de musique, ils peuvent facilement sortir un album, ils ne t’imposent pas des choix avec lesquels tu n’es pas à l’aise, … C’est un bon compromis entre être capable de sortir quelque chose rapidement et conserver notre liberté de création. C’est un peu cliché mais, oui, ils nous permettaient de ne pas trop faire de compromis sur cet album.
« 1, 2 Kung Fu ! est un album très diversifié, autant dans les mélodies que dans les textes. D’où vient le titre et est-ce qu’il y a une idée générale derrière ? »
Le titre vient d’un truc un peu idiot que j’avais écrit sur mon téléphone. Il y a une époque où j’aimais beaucoup les films de kung-fu et cela vient de là.
A propos des paroles, pour une grande partie ce sont mes réflexions, essayer de démêler la confusion qui vient avec la condition humaine. C’est un mélange entre être confus à propos de plein de choses, mais aussi profiter de la vie… Pour Taxi To Your Head par exemple : mes amis et moi ont avaient l’habitude de pas mal sortir en ville pour danser, boire, … C’est aussi une célébration de la vie, je l’espère. Un peu des deux.
« L’album a été principalement enregistré par toi, tout seul en studio. Il y a-t-il eu beaucoup de changements entre la version studio et les versions live, où vous êtes 4 maintenant, des titres de l’album » ?
Je suis très chanceux parce que les autres gars dans le groupe sont d’excellents musiciens. Ils ont rendu ça tellement facile de passer du studio à la scène. On fait des petites chorégraphies, et d’autres trucs… On essaie de ne pas être ennuyeux parce qu’en studio t’as tellement d’idées différentes et sur scène t’as surtout besoin d’apporter cette énergie, ce fun, au public.
Des USA à Neil Young en passant par Brian Wilson : la vie en tournée et en festivals
« Être en tournée à 4 depuis 2 ans maintenant a-t-il influencé ta manière d’écrire et de composer ? Les autres membres du groupe sont-ils plus impliqués dans le processus ? »
Oui, forcément ! Les autres ont d’autres groupes, Sam a ce super projet Shoebox Orchestra, on va vers les autres dès qu’on a une idée. On s’inspire beaucoup les uns des autres et on s’encourage. Et puis, avant je n’écrivais pas forcément les titres pour qu’ils soient joués derrière sur scène. Maintenant, forcément j’y pense et ça change ma façon de composer. Il faut bien sûr toujours écrire un peu pour soi, mais bon, j’ai aussi envie que les gens aiment ces chansons !
« Vous avez fait des concerts dans des endroits plutôt petits et peu connus en France, jusqu’ici à Amiens, et pas seulement Paris. C’était par choix ? »
Oui, on veut que le plus de gens possible nous entendent … Au Pays de Galles, on apprécie quand les groupes prennent le temps de venir jouer chez nous, alors on fait un peu pareil. On essaie de prendre le temps d’aller faire des concerts dans des endroits moins courus par les groupes de musique. On ne le fait pas autant qu’on le devrait, mais on essaie !
« Comment s’est passée la tournée aux USA cet automne ? »
Incroyable ! C’était classe, tellement bien ! Bien sûr, l’Amérique est un endroit un peu fou, mais les gens sont tellement sympas. C’est un de ces trucs dont tu rêves quand tu es gamin, t’as un peu l’impression d’être tout le temps dans un film !
« Et le public réagissait différemment à vos chansons ? »
Ouais ! C’est tellement grand, les gens ne savent pas qui on est, mais on a eu des concerts vraiment cools quand même. Le premier était à New York et on pensait : «c’est énorme, il y a des gens à New York City qui viennent nous voir jouer ! ». On a aussi joué à KEXP, c’était vraiment un rêve devenu réalité.
J’aimerais vraiment y revenir, c’est sûr !
« Est-ce qu’il y a un concert mémorable depuis la sortie de l’album qui te vient à l’esprit ? »
Il y a un festival en Angleterre appelé Green Man ? C’était le meilleur concert de ma vie, avec n’importe quel groupe. On jouait assez tôt dans la journée, et pourtant beaucoup de gens sont venus nous voir. Il y avait des amis présents aussi. On a avait l’impression d’être les acteurs d’une fête géante, c’était cool.
« Vous avez joué en première partie de plusieurs grands noms récemment, est ce qu’il y a une date qui t’as particulièrement marquée ? »
On a joué avant Neil Young, et c’était fou. C’était vraiment incroyable comme expérience. C’est une icône pour moi… On a aussi fait quelques dates avec White Denim, on en refera quelques-unes en juillet. Ils sont vraiment sympas et gentils. Et ils sont super bons sur scène. Parfois tu te dis que t’es pas mal sur scène et puis tu vois un de leurs shows et non vraiment tu te dis que t’es encore loin du compte !
« Vous apprenez d’eux sur scène mais aussi en dehors ? »
Ouais, tout à fait. On a fait un concert au château de Cardiff et la rapidité avec laquelle les groupes s’installaient nous a vraiment impressionnée. On apprend un peu toute notre vie de toute façon.
« Est-ce que les festivals apportent une énergie différente ? »
Je pense oui, … C’est une échappatoire pour les gens, en fait. Ils travaillent beaucoup pendant la semaine et ils arrivent en festivals et deviennent déchaînés. Ils se permettent d’être eux-mêmes et même de devenir parfois un peu fou.
« Est-ce que tu as un super souvenir de festival, particulier et personnel à partager ? »
Je suis allé au Primavera Sound festival, il y avait Brian Wilson des Beach Boys qui a bercé toute mon enfance. Il est arrivé sur scène, le soleil se couchait sur la plage, c’était vraiment un moment émouvant, très spécial.
« Quel est le futur de Boy Azooga ?»
On va sortir un autre album l’année prochaine, il y a des nouvelles musiques qui arrivent bientôt… On va continuer autant qu’on peut le projet. Ce n’est pas forcément facile, je suis batteur dans un autre groupe, les gars ont aussi d’autres projets… Mais tant qu’on s’amusera autant dans le groupe on continuera !
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