25 Juil The Good, The Bad & The Queen à Marseille : balances, concert et after
La dernière venue de Damon Albarn dans la cité phocéenne remonte à 2013. Cette date au festival Marseille Jazz des Cinq Continents avec son super groupe était donc grandement attendue.
L’annonce de cette soirée au Palais Longchamp avait fait grand bruit dans la deuxième ville de France. Un cadre exceptionnel, un groupe plus que reconnu composé de très grands musiciens, que demander de plus ? The Good, The Bad & The Queen rassemble Damon Albarn (Blur, Gorillaz…), Paul Simonon (The Clash), Simon Tong (The Verve, Gorillaz…) et le grand Tony Allen (selon Brian Eno, le plus grand batteur de tous les temps). Avec un deuxième album plus que réussi dans les bagages, l’attente était plus que grande.
Mercredi 24 juillet. Le Jour-J est enfin arrivé. Pour ne pas perdre une seule miette de l’événement, je me rends pour 13 heures sur place. La scène est déjà dressée au cœur du parc, lieu tant insolite qu’idéal. Un petit tour du propriétaire, les bus sont repérés, et j’ose demander à un régisseur à quelle heure se feront les balances. Celui-ci regarde une feuille et m’énonce 16h. Pas de souci, je suis très patient.
Aux alentours de 15 heures, ça commence à grouiller de monde sur la scène. Les techniciens s’agitent de plus en plus, et voilà qu’arrivent Albarn, Simonon, et Tong. Les balances commencent, dans un parc complètement vide (canicule !), nous sommes trois à assister à ce moment d’exception. Vient alors à notre rencontre un des hommes de confiance de Damon, que l’on a notamment déjà croisé aux Vieilles Charrues sur la tournée de Gorillaz (peut-être était-il aux Eurockéennes en 2013, impossible de s’en rappeler). Il nous énonce alors que les portables devront rester rangés, et qu’il ne faut pas trop s’approcher pour ne pas les déranger. Compréhensible.
Et c’est parti pour 1h30 de balances. Simonon est torse nu, Tong très souvent assis, et Albarn en bon père de famille donne les ordres. Là, peut-être êtes-vous en train de vous dire que j’ai entendu bien des chansons avec tout ce temps. Et bien non, une seule… Northern Whale a été joué et rejoué des dizaines de fois ! On constate un Damon Albarn très autoritaire, qui semble avoir toujours raison. Puis, Tony Allen arrive alors quelques temps après ces camarades, et vient rééquilibrer les débats. Ces deux derniers ont en tout cas la banane, et c’est plus que plaisant à voir. Le frontman de Blur ne tient pas en place, se balade sur la scène pour s’étirer, fait des blagues, parle à la fosse vide, les mains dans les poches. Les yeux bien souvent rivés sur ses partitions, il détourne la tête pour regarder les colonies qui passent par là, amusé de la situation. »Ça marchait en studio comme cela, mais on ne peut faire ainsi ici » peut-on notamment entendre, l’uniformité musicale se met en place petit à petit. Tout ce beau monde quitte alors la scène.
Un des objectifs du jour était notamment de rencontrer Damon. Les balances terminées, je me presse du côté des bus pour tenter de l’approcher. Deux vans arrivent alors, ils sont tous dedans, mais le temps que je m’en rende compte et après une petite course il était déjà trop tard. Les deux véhicules reviennent quelques minutes après, vides, me permettant d’en mémoriser des informations pour mieux les reconnaître la prochaine fois. Les heures passent et je file alors au contrôle des billets, pour rejoindre la foule.
Les tee-shirts Gorillaz, Blur et bien sûr The Clash sont de sortie. Beaucoup sont assis dans l’herbe, une cinquantaine debout à la barrière. La soirée s’ouvre avec Raphaël Imbert & la Cie Nine Spirit, avec en invité très spécial le grand Eric Bibb. Bon, que vous dire. On prend une leçon de jazz, de blues, un niveau incroyable qui fait du bien. Comme quoi, ça a du bon de sortir de temps en temps des festivals généralistes, et de tomber sur de grands musiciens.
Le changement de plateau est alors assez long (45 minutes !), toutefois l’heure de début du show annoncée était bien 22h30. Rien n’est laissé au hasard par les techniciens, les micros sont carrément nettoyés à la lingette hygiénique. Un beau fond comprenant un ponton fait à la peinture est dressé, des lampes sont posées. Les violons arrivent alors, s’accordent, et les lumières s’éteignent enfin.
Bien plus classes que cette après-midi, le groupe salue chaleureusement le public. Polo Fred Perry pour Damon comme toujours, et les hostilités commencent. Tony Allen a opté quant à lui pour lunettes de soleil et casquette, débordant de charisme. Dès les premières notes, on remarque un son exceptionnel, d’une qualité de plus en plus rare en festival. Albarn s’impose très vite avec son micro, rendant bien discrets les choeurs. Tong bouge très peu, à la différence de Simonon qui est excité comme une puce. Deux chansons passent et les présentations sont déjà faites : en plus des quatre violonistes, un percussionniste et un claviériste sont de la partie.
Pour la suite, c’est du classique Damon Albarn. Un grand sourire, des mouvements dans tous les sens, la foule se lève vite. Il fait participer tout le monde comme s’il était avec Blur, réclamant les »whou » ou encore »la la la ». Il n’hésite pas à demander au groupe de jouer plus doucement, pour mieux nous entendre. Tout ceci est subliment orchestré par Tony Allen qui démontre son talent hors du commun avec une agilité déconcertante. Le mélodica est de sortie, rappelant les belles heures de Gorillaz.
En français impeccable, il nous énonce alors que les festivals de jazz c’est nouveau pour lui, mais pas pour son batteur, qui est alors applaudi par tous. Il ajoute en anglais que la bouillabaisse fut difficile à trouver, et qu’ils ne se rendaient pas compte à quel point c’était copieux. Quelqu’un crie alors »Fuck brexit », Damon sourit, et continue d’assurer le show, sans trop quitter son porte-vues. Parallèlement, Simonon continue d’être déchaîné, démontrant une belle complicité avec l’ensemble des musiciens. Il parvient même à faire décocher un sourire (le seul ?) à Tong, bel exploit.
Une personne dans le public entre deux chansons parla un peu fort. Albarn le dévisagea, comme un père fâché contre son fils qui a fait une bêtise. Finalement, il lui sourit et lui offre un clin d’œil. Puis, il s’agite encore et saute sur la batterie, Allen fit alors un sourire crispé, et retombe sur son piano. Pourtant, il n’a bu que de l’eau ! Une petite pause de 5 minutes et le rappel se présente, clôturant un concert de 1h45 majestueux. Oui, avec deux albums, The Good The Bad & The Queen jouent plus longtemps que bon nombre de groupes de nos jours qui en ont parfois quatre fois plus. On retient de ce concert une harmonie rare, qui n’est pas toujours présente dans les super-groupes. Simonon est toujours en pleine forme, Tong assure le taff et Allen nous a délivré une leçon de batterie.
L’objectif de rencontrer Damon Albarn était toujours dans un coin de ma tête. Je file alors à ma voiture, et me positionne juste devant les tour-bus. Plus qu’à attendre… Une heure passe, les violonistes sont rentrées dans les bus, et toujours pas les fameux vans. Un van blanc sort alors avec une pancarte »artistes », mais difficile de voir à l’intérieur. 30 secondes après, la sécurité nous informe que c’était eux, attristant la dizaine de fans qui attendait sagement. Je file alors poursuivre le van, qui s’arrête alors à un hôtel. Je sors, les portes s’ouvrent, mais ce n’était pas eux. La déception est immense, il est 1h30 du matin et je décide finalement de rentrer chez moi, me disant qu’ils sont passés par une autre sortie. Je fais le chemin en sens inverse, et m’arrêta net quand je vis un van, gris comme cette après-midi.
Je fis alors demi-tour tant bien que mal, et me mis à la poursuite du véhicule. Le chemin n’est pas le même, mais connaissant plutôt bien la ville je sais qu’il amène vers le même hôtel. Je me gare de nouveau devant, et un monsieur âgé assis à la place du passager me fait un petit sourire. Il sort alors… Tony Allen. Il s’approche de moi, me serre la main, accepte mon selfie, et mes remerciements quant à sa venue à Marseille. Un autre visage m’est alors familier : le monsieur qui m’avait dit pas de photos durant les balances. Tong sort à son tour, me salue, toujours aussi timide que sur scène. Et Damon Albarn sorti alors. Il me regarde tout sourire, et me dit »Comment as-tu fait ? Tu as couru jusqu’ici ou quoi ? » Je lui explique alors ce que j’ai fait, et reste bouche bée. Son homme de confiance me propose alors de faire une photo, Damon accepte, les mots sortent difficilement mais le moment restera inoubliable.
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