Sting : Rock, Reggae et Ragots à la Foire Aux Vins d’Alsace

L’Englishman a encore une fois assuré le show ce jeudi soir au festival de La Foire Aux Vins de Colmar. Et même livré quelques confidences. Récit.

« La coquille » comme l’appelle les Alsaciens, est pleine à craquer : ce soir, on joue à guichets fermés. Le public s’est pressé très tôt aux portes du Festival de la Foire aux Vins de Colmar. Dans les gradins qui se remplissent rapidement, ça trinque en allemand, ça s’impatiente en suisse, ça rigole en français. Signe que la sensation « Sting à la FAV » est un événement international pour la ville alsacienne. L’Englishman était déjà venu à Colmar en 2017 — son attrait pour la vigne (il possède un vignoble en Italie) l’a encore une fois mené sur la route des vins d’Alsace, célébrés pendant 10 jours en musique lors de ce festival vieux de 72 ans. Actuellement en tournée Européenne, le grand Sting est venu présenter son dernier opus, My Songs, qui compile ses plus grands titres sur des arrangements nouveaux (et parfois déroutants). 

20h58

A contre-courant des pratiques de rockstars, Sting accorde au public alsacien une discrète révérence en guise d’entrée sur scène, avec deux minutes d’avance sur le programme. Classe! Alors qu’il s’empare d’une guitare acoustique, l’ex-frontman de The Police démarre son set d’une heure et demie par « une petite histoire ». En français, s’il vous plait! (Classe, on a dit). On y apprend les déboires de Police à ses débuts : « On est en 1967. Je suis chanteur d’un groupe très peu connu, on joue dans des clubs vides, et on gagne très peu d’argent, on séjourne dans des hôtels pourris, avec un petit déjeuner quand on a de la chance… » On presque du mal a du mal à y croire, tant le public conquis d’aujourd’hui boit ses paroles. On apprend que c’est en France qu’une des plus belles chansons de Police a connu sa génèse :  « derrière le comptoir de la réception l’hôtel, il y avait un vieux poster de la Comédie Française, d’Edmond de Rostand : Cyrano de Bergerac! Et l’amour de sa vie, de Cyrano s’appelle…. » Réponse en choeur du public : « Roxanne! » 

Il n’en faut pas beaucoup plus pour lancer le premier titre du set, au nouvel arrangement acoustique tout à fait bienvenu et dans une ambiance lumières rouges de circonstances.

21h10 

Juste le temps d’attraper une basse et la mélodie de Message In A Bottle résonne dans la coquille, déjà toute vibrante d’excitation. On apprécie l’arrivée de trois choristes qui viennent compléter le quatuor accompagnant l’Englishman. Avant même qu’on ait le temps de souffler, Sting renchérit de plus belle avec un English Man In New York qui finira d’installer la frénésie dans le public. A part quelques rares aspérités dans sa voix, on a du mal à s’imagine que Sting avait dû annuler il y a un mois à peine une partie de sa tournée en Allemagne et en Suisse pour des soucis vocaux. 

21h30 

Le reste de la setlist s’équilibre entre tubes de The Police (So Lonely, Walking On The Moon,…) et titres phares de sa carrière en solo (If You Love Somebedy Set Them Free, Every Little Thing She Does is Magic…). Si certains arrangements nous semblent tout à fait familiers, d’autres surprennent par leurs sonorités funky et autres rythmes reggaes inattendus. So Lonely est par exemple introduite par un Get Up Stand Up que l’on ne s’était pas préparé à fredonner ce soir.  

21h55 

Le milieu du set retombe un peu en intensité avec quelques balades et un registre plein de bonnes intentions. Sting a su s’entourer sur scène pour interpréter ses impeccables mélodies. Un jeune musicien ne semble faire qu’un avec son harmonica, et son solo sur Brand New Day et SO Lonely sont des moments dont le public alsacien se souviendra. Sur Shape of My Heart, la B.O. de Leon, c’est l’un des choristes qui s’avance sur le devant de la scène pour nous livrer un duo très soul parfaitement maîtrisé. 

22h05

Retour au Rock N Roll, au vrai, avec So Lonely, Wrapped Around Your Finger (seule vraie déception de la soirée) et Desert Rose. Walking On The Moon sera introduite par des « wééééhoooo » façon Freddie Mercury, preuve que Sting sait se connecter à son public et est dans le dialogue constant avec celui-ci.On reste sans voix sur Every Breath You Take qui éblouit sans surprise le public, déjà bien fermement décidé à exiger un rappel. 

22h20 

Ce n’est pas un mais bien deux rappels qu’aura offert Sting et sa bande à leur public. En pleine maîtrise avec Next To You, en pleine nostalgie avec King Of Pain, le roi anglais a assuré la fin de son show comme il l’a commencé : à la guitare acoustique. Très émouvants, Russians et Fragile restent dans toutes les têtes à l’issue du concert, à 22h30 comme prévu. 

L’échange avec la salle était en pudeur (la classe, on a dit) mais continu, le rythme du concert très bien maîtrisé. L’énergie et la précision du chanteur de 68 ans pourrait faire jalouser bien des artistes, tout autant que son étonnante facilité à se laisser aller aux confidences avec son public aura fait regretter les aoûtiens loin de la Foire Aux Vins. On est particulièrement ravis de voir les fans les plus anciens comblés et les plus jeunes conquis par la découverte. On ressort de la Coquille les étoiles plein les yeux, en espérant croiser la Légende pour un dernier verre dans les allées de la Foire…

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