14 Sep Sam Fender – Hypersonic Missiles
Sam Fender ou la nouvelle sensation indé britannique.
Brit Award du Critic’s Choice dans la poche depuis février et obtenu uniquement suite à la sortie d’un premier EP très prometteur Dead Boys quelques mois auparavant, des morceaux qui passent déjà en boucle sur toutes les bonnes stations de radio outre-Manche, des concerts à guichets fermés…ça met la pression pour la parution du premier effort c’est clair mais au final est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Très clairement oui. Believe the hype !
« Tonight the streets are heaving with young hearts on the chase, we’ll have this place on lockdown … the night is ours”
Sam Fender ou le nouveau mystère musical. Il nous tardait de savoir ce qu’avait dans le ventre le lad qui se produit un peu partout en Europe depuis quelques mois et ameute une fanbase déjà bien établie. Et sincèrement, Hypersonic Missiles a un goût de reviens-y.
Alors certes, quand on parle du lascar de 25 ans on tombe systématiquement sur les mêmes infos qui soulignent son statut d’outsider, sa singularité dans le milieu musical actuel (malgré son style et ses thèmes de prédilection il a signé chez Polydor, pas très underground), sa célébrité soudaine dans sa ville natale ou sa gueule d’ange. Mais la musique dans tout ça ? Intéressante. Étonnante aussi. Saisissante parfois.
Hypersonic Missiles c’est un peu 13 pop songs fourmillantes et éclectiques qui s’avèrent plus denses et complexes qu’elles n’y paraissent. Si certains morceaux campent des ambiances presque rock 80s nostalgiques imprégnées par Tom Petty ou The Cars (The Borders, Will We Talk ?), d’autres se font hymnes pop rock immédiats (Hypersonic Missiles, That Sound, Saturday, Call Me Lover) tandis que l’on passe également par des ballades plus dépouillées (Leave Fast et ses notes de clôture lancinantes assez géniales, Use) et des compositions plus brumeuses (Dead Boys, Play God). Sam Fender côtoie un peu tout cela avec une aisance assez déconcertante, il ne se refuse rien, pas même des notes de saxophone qui (étonnamment il faut bien l’avouer) se marient parfaitement dans l’ensemble. Le seul reproche serait l’abondance de singles déjà disponibles pré-sortie d’album mais bon, la vie est imparfaite que voulez-vous. Si les mélodies sont imparables et l’énergie qui s’en dégage parait badine, il n’en est rien. Sam Fender en bon troubadour moderne se pose comme chroniqueur de sa génération et de l’environnement qui l’a vu grandir. This is not a love song.
« I have no answers, only questions, don’t you ask a thing »
Avec pour toile de fond sa ville natale de North Shields, non loin de Newcastle, les thèmes soulevés tranchent avec l’irrésistible musique qui accompagne l’album, donnant un rendu complexe et dense qui caractérise encore un peu plus Sam Fender. Presque sous forme de coming-of-age album (littéralement album qui marque le passage à l’âge adulte), Hypersonic Missiles aborde le besoin irrépressible et tonitruant de s’échapper de sa morne banlieue, les soirées au pub, la pression sociale, le manque de reconnaissance de l’importance de la santé mentale et l’absence de solution face à l’épidémie de suicides chez les jeunes hommes dans le nord de l’Angleterre entre autres…
Lorsque l’on prête une oreille attentive, la musique de Sam Fender touche un point sensible, quel qu’il soit, profondément intime et troublant qui atteste d’un songwriting aiguisé et mature. Avec Hypersonic Missiles on a affaire à un premier album honorable, réussi et surtout éminemment authentique.
Tracklist:
- Hypersonic Missiles
- The Borders
- White Privilege
- Dead Boys
- You’re Not The Only One
- Play God
- That Sound
- Saturday
- Will We Talk?
- Two People
- Call Me Lover
- Leave Fast
- Use [live]
LA NOTE: 8/10
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