Ken Scott

Ces producteurs qui ont marqué l’Histoire : Ken Scott

Photo par Staffordshire University.

Dans cette série d’articles, nous revenons sur le parcours de dix producteurs britanniques qui ont marqué l’histoire.

Qu’est-ce qu’un producteur de musique ? Contrairement au cinéma, le rôle d’un producteur n’est pas de financer un enregistrement, il intervient dans la conception de celui-ci. Son intervention est diverse et varie en fonction des producteurs et des artistes. Leur mission est de faire en sorte que les morceaux, EP et albums enregistrés soient les meilleurs possibles. Pour cela ils peuvent guider les musiciens, proposer des arrangements ou des nouvelles méthodes d’enregistrements, etc. Ce qui les intéresse est que le produit fini soit beau et cohérent. Ken Scott, celui dont la carrière est étudiée aujourd’hui explique que le producteur est « le psychologue, le dictateur, le meilleur ami ». Précédemment nous avons écrit sur George Martin, Gus Dudgeon, Roy Thomas Baker, Nigel Godrich, Brian Eno, John Fryer et James Guthrie.

Un amoureux de la cassette

Ken Scott a commencé à s’intéresser à la musique quand son père lui a fait écouter Elvis Presley, Eddie Cochran et Gene Vincent. Puis, à 12 ans il reçoit un enregistreur et tombe amoureux des cassettes. Dès lors, il savait qu’il devait travailler avec des bandes, d’une manière ou d’une autre. A 16 ans, s’ennuyant à l’école, il envoie une lettre à tous les studios qu’il trouve dans l’annuaire, leur demandant s’ils cherchent un ingénieur d’enregistrement. Il quitte alors l’école pour travailler pour le seul studio qui lui a répondu : Abbey Road. Il commence en 1964 à la bandothèque, puis devient un presse-bouton pour les enregistrements. A chaque session, il apprend quelque chose de nouveau. Quelques années plus tard, il devient ingénieur son pour les Beatles. Puis il travaillera pour Jeff Beck, Lou Reed ou encore David Bowie.

Ses débuts de producteurs

Ce sera d’ailleurs David Bowie qui lui donnera son premier contrat de producteur. Travaillant désormais aux studios Trident (comme Roy Thomas Baker plus tard), il est ingénieur sur le troisième album du Londonien. Scott propose souvent des idées aux producteurs et aimerait être celui qui décide. De plus, il commence à s’ennuyer de son métier qui devient trop simple et où il n’apprend presque plus rien. Bowie, quant à lui, vient de signer pour un nouvel album sans son producteur Tony Visconti, il ne se voit pas le produire seul, il propose alors à Scott de le co-produire. Ce dernier accepte et se dit qu’il peut faire toutes les erreurs qu’il veut puisque, selon lui, David Bowie « ne sera jamais une superstar » . Ensemble ils créeront Hunky Dory, Ziggy Stardust, Aladdin Sane, et Pinups.

L’importance de l’erreur

Pour le producteur, le temps en studio doit être agréable. Ayant travaillé avec George Martin, il retient de lui que « le talent est dans le studio pour créer, on doit permettre à ce talent de créer ». Pour cela, il faut aussi laisser les erreurs se présenter et aviser. Par exemple, le téléphone à la fin de Life on Mars?  en est une. Alors que le groupe enregistrait, un téléphone dans une autre salle et est capté par le micro du piano et Mick Ronson jure car la prise était parfaite. On réengistre la piste mais la précédente n’est pas totalement effacée, ce qu’ils remarquent seulement au moment d’enregistrer les violons. Le piano revient à la fin, avec le téléphone et les jurons de Ronson. Finalement, cette partie est gardée et accélérée pour qu’on ne comprenne pas ce que disait le guitariste.

L’authenticité est ce qu’il recherche. En général il demande au chanteur de chanter entièrement le morceau environ sept fois, puis il construit les pistes vocales autour de ces performances. Il apprend ça de David Bowie, qui souvent n’avait besoin que d’une seule prise, même si ce n’était pas totalement juste, c’était authentique. En chantant le titre en entier, on obtient toutes les émotions nécessaires. Si bien qu’à la fin de Five Years, David Bowie, et certains de ses musiciens, étaient en pleurs. Ce sont ces émotions, cette vérité, que cherche Ken Scott.

Ken Scott en studio

Ken Scott aime décider dès l’enregistrement si les prises seront utilisées ou non. C’est important pour lui de faire ces choix tôt pour éviter de se retrouver avec un trop grand nombre de pistes au moment du mixage. Il explique que personne n’aime faire de choix, mais qu’il vaut mieux les faire le plus tôt possible. Au niveau de l’enregistrement, pour lui tout se passe dans le studio, il faut qu’il y ait un bon son, les effets ne pourront pas remplacer un bon enregistrement.

Scott est le producteur derrière Crime of the Century et Crisis? What Crisis?  de Supertramp. Il souhaitait que tous les sons soient créés par eux-mêmes. Ainsi, pour School, l’équipe est allée enregistrer des enfants dans une cour d’école. Pour Rudy, elle est allée à Paddington Station enregistrer les trains et un homme qui jouait du violon devant la gare. Ken Scott a toujours travaillé avec des personnes créatives prenant le temps d’explorer toutes les pistes possibles. Alors qu’à cette époque, l’enregistrement d’un album prenait deux semaines, celui de Crime of the Century a pris six mois. Ils cherchaient des sons particuliers et prenaient le temps nécessaire pour le trouver. Ken Scott apportait ses connaissances au groupe, en proposant, par exemple, de plonger un gong dans de l’eau, ce qui change sa tonalité, dans Crime of the Century. Pour Dreamer, au lieu d’utiliser un tambourin, il propose d’utiliser une brosse à tambour. Pour d’autres effets sonores, il a frappé du bois à travers le studio pour trouver le son le plus approprié.

Ne jamais s’ennuyer

Ken Scott a eu une carrière très variée lui permettant d’éviter l’ennui et de garder son bien être mental. Il a ainsi été ingénieur pour les Beatles, Elton John, Duran Duran, et Lou Reed parmi d’autres. Il a managé Missing Persons, produit David Bowie, Supertramp, Mahavishnu Orchestra, Kansas, etc. Lui, qui considère la table de mixage comme son instrument, joue alors sur de nombreux albums majeurs de la musique contemporaine.

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