Sad Night-Dynamite

Sad Night Dynamite : produits inflammables

Avec la sortie de sa première mixtape, le duo britannique Sad Night Dynamite allume définitivement la mèche

Ce n’est pas encore l’été, mais Dieu qu’il fait chaud. Non, la religion n’a rien à voir là-dedans, ou presque – cela serait blasphématoire. Tant ces deux jeunes magiciens manient leurs forces obscures avec malice. Cet élan diabolique se nomme Sad Night Dynamite ; comme un démon, il s’invoque à coup de trois « booms » dans le mur du son. Le sample, une bière à peine fraîche, des fringues directement piochées chez Ragyard, à Londres. Josh Greacen et Archie Blagden (leurs vrais noms), ont tenté l’impossible. C’est-à-dire lier la beauté à la violence, au fil de 9 titres coupés au couteau (très) aiguisé, au rythme de phrases bien posées, qui pousseraient presque la chansonnettes, d’instru alliant trip hop, hip hop plus globalement (le terme est large), electronica et du punk purement et simplement britannique. Une odeur de cramé ? C’est bon signe. Le plat se mange gratiné.

Tout de suite, on pourrait citer le mode je-m’en-foutisme si cher à Sleaford Mods, mais avec une qualité en plus, indéniable. L’accroche, la musicalité. Cette qualité de reviens-y. Cette faim.

Sample-ment

Mais que se passe t-il sur la planète du hip hop britannique ? Soutenus par les plus grands du genre (FKA Twigs, Pa Salieu), inclus dans les playlists de Noodle de Gorillaz, les gars de Sad Night Dynamite entrent définitivement par la grande porte. Ils se sont même retrouvés au célèbre studio Studio 13, là où bosse un certain Damon Albarn, pour enregistrer cette cassette de bangers. Autant le dire toute de suite, on ne serait pas étonné si le duo venait à collaborer prochainement avec le mastodonte virtuel d’Albarn, à l’occasion de la saison 2 de Song Machine, par exemple ? On dit ça comme ça. Bref, SND, pour les intimes, se promet à un avenir radieux grâce à cette mixtape assez sensationnelle, à base de samples et de refrains catchy. On mise fort sur cet art du storytelling, qui étonne, bouscule nos habitudes, transcende notre café le matin.

Puisqu’au fil des hits « Icy Violence », « Mountain Jack » ou encore le terrible « Smoke Hole », la folie s’enlise, le groupe s’enfile les samples à la The Avalanches, en rendant l’ensemble toujours plus créatif, ludique et… unique ? Visiblement, nous ne sommes pas au bout de nos surprises : « On a l’impression d’être dans un autre espace, confie Greacen pour NME. Il y a beaucoup d’éléments nouveaux pour nous sur cette première mixtape, on va aller encore plus loin. Pour nous, il va être plus difficile d’y entendre nos références. C’est ce qu’on veut. Être autonomes. »

Cette autonomie, justement, se ressent dans les saturations, les cliffhangers en fin de morceaux, les cris et distorsions de voix. Sans oublier ses bonnes basses, qui nous ramènent à la scène US (Brockhampton en tête) : oui, Sad Night Dynamite en a dans le ventre, se remue les méninges pour nous concocter une musique léchée, vallonnée (chaque nouvelle écoute recèle de trouvailles). Rares sont les formations britanniques à tenter le coup et à réussir, tenir le bon bout du fil. Bien savoir craquer l’allumette, si on veut aller au bout de cette maudite métaphore. Même si nos voisins de la Manche sont pros dans l’art de la gratte, ce qui fait le liant à toute cette culture, commune, qui rallie Sad Night Dynamite à ses ancêtres, à ses prochains, c’est bien le punk. Et il y a quelque chose à creuser ici.

Sad Night Dynamite, première mixtape disponible à l’écoute partout (via Parlophone Records).

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