21 Jan Interview – Miles Kane nous parle de son nouvel album, de catch, de Tik Tok et de Lana Del Rey
En décembre dernier, on a eu l’occasion de discuter avec THE Miles Kane à l’occasion de la sortie de son nouvel album, « Change the Show ». Puisqu’il a choisi de s’orienter vers un style assez éloigné de la musique qu’il avait l’habitude de nous proposer en solo, on lui a donc parlé de ses collaborations mais également de sa nouvelle casquette de producteur, avant de dériver vers Tik Tok, le catch, Lana Del Rey ou encore son album de l’année. Lors de cette interview, il n’avait pas encore sauté le pas et créé un compte Tik Tok, où on lui aurait bien entendu parlé de sa reprise de Dealer dans la baignoire…
Sob : Salut Miles ! On va parler de ton nouvel album, « Change the Show », qui sort le 21 janvier. C’est assez différent de ce à quoi tu nous avais habitués dans ta carrière solo, où il y a généralement des gros riffs de guitare. La trompette, le saxophone, le clavier, ça ressemble un peu plus à ce que tu as l’habitude de faire dans tes collaborations ! Est-ce que tu peux nous en dire plus sur les conditions de l’enregistrement, qu’est-ce qui t’a amené à changer de style ?
MK : Pour moi, c’était juste une évolution naturelle… Mes deux derniers albums étaient un peu plus glam rock, avec du gros son. Mais j’ai toujours aimé les chansons soul, dans l’esprit Motown, aussi un peu plus dans l’esprit Last Shadow Puppets, qui sont quand même un peu plus rock’n’roll… Ça m’a semblé plutôt naturel de faire genre d’album, j’aime vraiment les chansons, et ce sont elles qui ont décidé du style pour moi, tout s’est mis en place comme ça.
SOB : Tu as enregistré l’album avec un groupe en studio ? Comment l’as-tu écrit, avec un groupe et les différents musiciens avec qui tu travaillais ?
MK : Les chansons étaient composées avant qu’on aille en studio. Une fois en studio, le groupe n’a pas eu peur d’ajouter sa touche personnelle, avec la batterie, la basse, et tout s’est mis en place comme ça. Ils ont vraiment transformé mes chansons et en ont fait le spectacle qu’elles sont maintenant. Je savais dans quelle direction je souhaitais aller, en ce qui concerne le style, les paroles bien sûr et la guitare, je voulais qu’elle sonne un peu plus groovy, plus réfléchie, un peu plus rock en fait.
SOB : Est-ce que tu éprouves une sorte de nostalgie pour cette période, c’est une période à laquelle tu aurais souhaité vivre ?
MK : J’aime juste le style musical, ce genre de sons. J’ai un peu grandi avec ça, c’est ce que ma mère et ma tante écoutaient quand j’étais enfant. Diana Ross, Four Tops, ce genre de choses, puis les Beatles, T Rex, tout ça. Je sais que ça a l’air différent de mon dernier album, mais dans ma tête ça ne l’est pas vraiment, c’est plutôt une sorte d’évolution et de nouvelles versions de ces chansons en fait.
SOB : Est-ce que tu as laissé de côté les grosses guitares alors ou aura-t-on un jour un son un peu plus indie ?
MK : Ne jamais dire jamais !
SOB : On a vraiment aimé ta collaboration avec Corinne Bailey Rae sur la chanson Nothing’s Ever be Good Enough. Pourquoi elle, comment vous êtes-vous rencontrés ? Que pensais-tu qu’elle pouvait apporter à ta musique ?
MK : On est de vieux amis, elle a chanté sur mon album « The Colour of The Trap », elle a fait les chœurs. Il y a plusieurs années, on s’est recroisés et on s’est dit qu’on pourrait faire quelques chansons ensemble. On s’est envoyé des idées et elle a vraiment adoré Nothing’s Ever be Good Enough, elle m’a dit qu’elle aimerait vraiment chanter dessus parce qu’elle l’adorait, et donc on l’a fait. Et je pense qu’avec l’album que j’étais en train de faire, c’est son style. C’était un peu « imagine-le et fais-le », et c’est ce qu’on a fait. C’était une sorte de connexion entre nous, et maintenant qu’on l’a jouée en concert, on a fait quelques chansons ensemble, le clip… C’est quelque chose que j’aimerais faire plus souvent pour être honnête ! Mais pas juste le faire pour le faire, là ça a vraiment donné quelque chose, c’est cool, c’est authentique.
SOB : Tu as l’habitude de faire des collaborations, il y a celle avec Lana Del Rey dernièrement, avec Clémence Poésy il y a plusieurs années déjà, ou encore avec Blossoms pendant le confinement. Qu’est-ce que tu recherches dans une collaboration ?
MK : Parfois j’ai l’impression que je n’en fais pas assez justement, que je devrais en faire plus ! Les collaborations que tu viens de mentionner, c’était l’occasion d’explorer. Honnêtement, ce n’était pas prévu, on me les a proposées. Je suis plutôt ouvert, j’ai toujours envie d’essayer de nouvelles choses ! Surtout en termes de créativité, je suis toujours prêt à essayer, et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave ! C’est également une façon de prendre soin de moi mentalement, si je n’essaie pas quelque chose, après je vais le regretter. Je suis toujours prêt à faire des collaborations, à essayer d’écrire quelque chose. Si j’ai une idée, ou quelqu’un a une idée… Je ne suis pas du tout opposé aux collaborations, je pense que c’est même plutôt sain. Au final, on veut juste faire de bonnes chansons, peu importe comment.
SOB : Est-ce que tu peux nous raconter l’histoire derrière ta collaboration avec Lana Del Rey ?
MK : C’est une super chanson ! La façon dont elle la chante… Personne ne l’a jamais entendu chanter comme ça, c’est pour ça qu’autant de personnes l’adorent. C’est l’une de ses chansons, on était en studio, on travaillait sur quelques démos et on écrivait quelques chansons ensemble, puis à la fin de la journée, on a retenu cette chanson. Zach (Dawes) a commencé à jouer ces accords et on a commencé à chanter “please don’t try to find me through my dealer”, j’ai mis ça sur papier et elle l’a complètement transformé avec sa magnifique voix brute, c’était carrément génial ! C’est le caractère brut de sa voix qui la rend si spéciale. Et le fait qu’elle n’ait quasiment pas touché à la démo, je trouve ça vraiment trop cool !
SOB : Tu as l’air de bien t’amuser en studio avec les autres artistes. Est-ce que ça te manque de jouer dans un groupe ? Pour les deux dernières tournées, tu as joué avec le même groupe sur scène, mais ce n’est pas avec eux que tu écris ou que tu enregistres. Pourquoi ça ? Est-ce qu’il y a un Miles Kane Band qu’on verra un jour, ou est-ce que tu penses continuer en solo ?
MK : Honnêtement, je ne sais pas, il y a deux nouveaux musiciens avec moi sur la tournée 2022, on va changer un peu les choses. J’ai l’impression que la tournée et l’enregistrement sont deux choses vraiment différentes, quand j’écris et quand j’enregistre je suis vraiment dans ma bulle. J’imagine que tu ne peux pas vraiment planifier tout ça, ça dépend de qui est là à ce moment-là, on ne prévoit pas forcément de séparer tout ça mais ça marche bien de cette façon.
SOB : Tu as commencé à produire Brooke Combe. Comment ça s’est fait ? Est-ce que c’est quelque chose que tu envisagerais de poursuivre dans le futur ?
MK : Ouais, c’est une toute nouvelle chanteuse, elle va venir avec nous sur la tournée en 2022. Mon cousin (Alfie Skelly) est son manager, il m’a fait écouter sa musique et j’étais scotché. C’est important d’encourager les plus jeunes, je ne suis pas super vieux mais j’ai 35 ans et tu vois, voir des jeunes qui ont la vingtaine et essaient de comprendre qui ils veulent être et ce qu’ils veulent jouer comme musique, si je peux les aider, les encourager, ou encore leur faire essayer de nouvelles choses et faire en sorte qu’ils n’aient pas peur d’essayer, croire en eux, c’est quelque chose d’incroyable et j’aimerais bien en faire plus honnêtement. Quand j’étais à leur place, que j’avais la vingtaine, Paul Weller m’avait appelé et voulait travailler avec moi, et il m’a donné beaucoup de conseils. Donc maintenant que j’ai dix ans de plus, je transmets mes conseils, ce n’est pas ça qui va faire leur carrière, mais j’espère que ça pourra les aider à trouver leur identité.
SOB : Ils ont 20 ans maintenant, toi c’était y’a une quinzaine d’année. Qu’est-ce qui a changé d’après toi ?
MK : C’est un monde complètement différent. Même pour moi, sortir des chansons et faire de la musique, c’est complètement différent, avec tout ce qu’il y a maintenant. Je m’habitue encore à tout ce qui est réseaux sociaux, parce que je suis d’une époque où tu sais, je suis un peu entre les deux, j’ai vu l’avant et l’après… La jeune génération d’artistes, ils ne connaissent que ça, et peut-être que ce n’est pas une mauvaise chose, je ne dis pas que ce n’est pas cool ou quoi, mais pour eux c’est normal donc peut-être que c’est plus simple pour eux.
SOB : Tu parles des réseaux sociaux, et on sait que ça a un impact sur la façon dont les artistes font de la musique maintenant. Tik Tok par exemple a permis de révéler pas mal d’artistes, beaucoup d’entre eux font des chansons spécifiquement pour Tik Tok. C’est pareil avec Spotify, tu dois sortir de nouvelles chansons en permanence pour continuer à exister, les albums ça ne marche plus trop maintenant. Tu as en effet sorti des singles avant de sortir un EP ou un album, qu’est-ce que ça te fait ?
MK : C’est juste quelque chose que j’aime faire. Les albums, c’est plus long, et j’aime bien rester créatif et sortir des nouvelles chansons si je peux. C’est une sorte de soulagement. Je n’aime pas vraiment garder les chansons pour moi trop longtemps, parce qu’après on se lasse d’elles. C’est plutôt triste si elles ne voient jamais la lumière du jour parce que tu es lassé, c’est plutôt égoïste en fait. Je pense que c’est quelque chose de sain pour un artiste de sortir régulièrement des chansons, si elles sont bien ! Si c’est de la merde, ok n’insiste pas… Mais si elles sont vraiment bien et sont une sorte de valeur ajoutée à ton répertoire, alors il faut clairement le faire. Vous savez, on me dit de me mettre sur Tik Tok et de faire des trucs, mais j’ai un peu du mal à passer le cap…
SOB : Peut-être que tu es trop sage !
MK : Je ne sais pas, je devrais juste me lancer en fait !
SOB : Tu pourrais même découvrir de nouveaux artistes sur Tik Tok !
MK : Ouais, peut-être… Ils pourraient aussi me découvrir, et si j’arrive à être numéro un dessus aussi, ça serait génial !
SOB : Est-ce qu’il y a un artiste que tu as découvert en 2021 que tu apprécies particulièrement ?
MK : J’aime beaucoup Sam Fender et Yungblud, ce sont deux mecs cools !
SOB : Est-ce qu’il y a un album que tu attends avec impatience en 2022 ?
MK : Je ne pense pas, pas vraiment.
SOB : Quel a été ton album ou ta chanson préféré de 2021 ?
MK : Le seul qui me vient en tête, c’est Sam Fender. Il vient de sortir un album, et j’essaie de voir si un autre artiste me vient en tête, mais non, je ne vois que lui.
SOB : Tu as aussi fait la promo d’un groupe qu’on aime beaucoup chez Sound of Brit, The Lathums.
MK : Ils sont géniaux, leur album est super.
SOB : Notre site s’appelle Sound of Brit, quelle serait ta définition d’un « son britannique » pour le public français ?
MK : On ne peut pas vraiment enfermer le son en une seule catégorie. Mais si je devais le décrire, je dirais qu’il est réfléchi et authentique.
SOB : On a vu sur Instagram que tu t’intéressais au catch. Après la production, c’est quelque chose que tu envisages pour le futur ?
MK : Dans mes rêves, oui !
SOB : Tu joues à l’Olympia dans quelques semaines. Que penses-tu du public français ?
MK : C’est le meilleur ! Depuis que je suis dans un groupe, depuis mes 17-18 ans, peu importe le groupe, le projet, je suis toujours venu ici, c’est presque comme l’Angleterre pour moi ! Être en France, surtout à Paris, c’est comme être à Londres, on a joué ici tellement de fois. Et l’Olympia est la meilleure salle au monde ! J’aime tellement les français… C’est une combinaison parfaite, et j’espère continuer à être là pour y retourner !
SOB : Tu joues quatre fois en France, c’est vraiment génial. Est-ce que tu feras des festivals également ?
MK : C’est génial pour moi aussi, j’ai hâte de tous vous voir. On verra !
SOB : Un mot pour convaincre nos lecteurs d’écouter ton nouvel album, « Change the Show » ?
MK : Tout ce que je peux dire, c’est que c’est le meilleur album de 2022 !
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