Kae Tempest - © Wolfgang Tillmans

Kae Tempest en impose aux Nuits de Fourvière

C’est au cœur du magnifique théâtre antique de Lyon que l’artiste est venu.e nous exposer ses multiples talents, devant un superbe coucher de soleil qui nous aurait presque fait oublier la horde de moustiques qui nous attendait. L’ambiance était détendue ce soir là dans les gradins. Kae entre sur scène seul.e avec son micro, aux côtés de sa claviériste : « Merci à vous d’être venus si nombreux ce soir, ça me touche énormément. Et puis si vous ne comprenez pas tout quand je parle ce n’est pas si grave ! » nous lance la poète avec un grand sourire.

Et effectivement, il est parfois complexe de tout assimiler, mais le grand talent de Kae Tempest réside dans sa capacité à rendre accessible et stimulant le spoken word (oralisation d’un texte écrit, souvent de la poésie, qui peut être accompagné de musique ou de danse par exemple) à un public non-initié. Oscillant entre le slam et le chant, Kae captive son auditoire avec une voix puissante qui donne toute leur intensité à ses textes.

Sur scène, sa claviériste habille magnifiquement les textes de son interprète, en les accompagnant tantôt d’une soundbox, de synthé ou tout simplement de sa voix sur les chœurs. Le mélange est réussi et l’intervention par moments d’autres voix déjà enregistrées se fond totalement avec le reste de la prestation. La scénographie, à l’image de la performance, est très sobre et intimiste : trois petits spots sur le dessus, et deux plus puissants placés de chaque côté. Simplement blanc durant la plupart du concert, l’éclairage accentue la force de certaines envolées verbales en se teintant de rouge, de bleu ou encore de jaune par moments. Tout est minimaliste, laissant pleinement place aux mots et à leur interprétation.

Malgré tout cela, l’heure-trente passe relativement rapidement : malgré quelques longueurs, la setlist offre quelques moments fascinants, notamment quand l’artiste défend son dernier opus : The Line is a Curve. Pendant These are the Days par exemple, la voix tremble presque d’émotion mais devient de plus en plus forte et résonne dans tout le théâtre comme une ode à l’acceptation de soi. Juste après, Smoking nous met un deuxième coup de poing dans le ventre grâce au témoignage si unique que nous livre son autrice sur la misogynie et le genre. L’alternance entre des morceaux slamés, d’autres très doux accompagnés d’un clavier et des sons parfois proche de l’électro fonctionne très bien et redonne du dynamisme à l’ensemble du concert.

La foule, de tous les âges, est captivée. Un interlude instrumental s’installe, et le noir est fait sur toute la scène. Quand le projecteur se replace sur le public, Kae se trouve au milieu des spectateurs, qui dansent autour d’iel pour l’accompagner. Le concert se termine sur ses remerciements, presque au bord des larmes. On ressort de ce concert émus par ce personnage si particulier, qui a su toucher autant les néophytes que ceux qui étaient déjà conquis dans un moment hors du temps.

SETLIST

Priority Boredom

I Saw Light

Nothing to Prove

No Prizes

Salt Coast

Don’t You Ever

These Are the Days

Smoking

Water in the Rain

Move

More Pressure

Grace

Europe Is Lost

Marshall Law

Ketamine for Breakfast

Circles

Firesmoke

Holy Elixir

People’s Faces

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