17 Oct De retour à Paris, Editors enchantent l’Olympia
Deux ans après leur dernier passage par la capitale, Editors étaient de retour en France pour une date unique à l’Olympia. Récit d’un concert de haut vol.
En arrivant devant l’Olympia, ce samedi 15 octobre, on découvre une longue file d’attente. Eh oui, les fans du groupe britannique sont arrivés tôt pour être certains d’être au premier rang et ils sont visiblement nombreux, aussi, à avoir fait de la route. En effet, on entend de nombreux accents belges, ainsi que des bribes de discussions en anglais en remontant la rue pour rejoindre la queue à notre tour. Une fois à l’intérieur, on est surpris de découvrir que la fosse se remplit très vite malgré les 1h30 d’attente avant la première partie. Le public attend Editors de pied ferme. Hors de question, donc, de risquer sa place pour boire une bière dans le foyer.
À 20h tapantes, The KVB font leur entrée et obtiennent très vite les faveurs de la foule. Leurs titres aux sonorités cold wave et shoe gaze, sublimés par des visuels projetés derrière eux, captivent la salle. Pas étonnant puisqu’après 7 albums, Nicholas Wood – à la guitare -, et Kat Day – au clavier -, ont l’habitude de la scène. Ils ont d’ailleurs une relation spéciale avec Paris : leur passage à la Cigale en 2020 (en première partie de Rendez-vous) s’était transformé en disque live. Si l’on apprécie le set dans son intégralité, on avoue un coup de coeur pour Unité et Unbound, deux titres issus de leur dernier effort, Unity.
EBM à l’honneur
20h30. Les lumières se rallument et Personal Jesus de Depeche Mode retentit dans la salle. Puis Boys Don’t Cry de The Cure et Smack My Bitch Up de Prodigy. De quoi s’assurer que l’ambiance ne retombe pas pendant la pause. Lorsqu’enfin la salle est plongée dans la pénombre, la scène s’illumine de rouge. Comme tout au long de la soirée, une attention très particulière est donnée aux lumières et à l’éclairage du groupe, permettant à chaque membre d’être mis en valeur. Les hostilités sont lancées avec Heart Attack et Strawberry Lemonade, deux titres issus d’EBM, album sorti le 23 septembre dernier. Ce choix, qui peut sembler risqué, plaît définitivement aux premiers rangs qui se mettent aussitôt à danser. Difficile, en effet, de résister à ces rythmes électro qui font désormais pleinement partie de l’ADN du groupe grâce à l’arrivée d’un sixième membre : le producteur Blanck Mass (alias Benjamin John Power) présent aussi bien en studio que sur scène. Toujours est-il que, pour que le reste de la salle rejoigne le mouvement, il faut attendre le 3e morceau, le plus connu (et ancien) Bones. On sent alors immédiatement le sol de l’Olympia rebondir sous nos pieds, gage d’une bonne soirée.
Un Tom Smith survolté
Tom Smith, quant à lui, est une véritable pile électrique sur scène. Face aux photographes, il pose à plusieurs reprises et n’hésite pas à faire quelques grimaces. Un rythme effréné qu’il maintiendra pendant les presque 2h de concert qui nous attendent. Et pour cause, la quasi-totalité d’EBM est jouée ce soir comme Karma Climb et son refrain – « And if you don’t know what you’re feeling / You’ll never know, go, give it away » -, repris en choeur par le public. Les seuls instants où la tension retombe un peu sont lorsque Tom Smith se met au piano, comme pour In This Light and On This Evening. Mais l’intro terminée, le titre retrouve toute sa puissance. La fête reprend de plus belle avec Sugar puis Magazine, puisque, sans grande surprise, ce sont majoritairement les morceaux plus anciens qui font recette auprès de la majorité de la foule réunie ce soir.
Le groupe continue de faire des allez-retours dans sa discographie passant de All Sparks, sorti en 2006, à Vibe, dévoilé cette année, avant de voyager à nouveau dans le passé avec The Racing Rats, titre qui re-transforme l’Olympia en trampoline géant. La bande de Tom Smith est contente d’être là, et ça se voit. Ils échangent de nombreux regards entre eux et interagissent beaucoup avec le public. Le bassiste Russell Leetch, notamment, est tout sourire face à un premier rang survolté auquel il envoie de nombreux médiators.
Après Frankenstein – inédit paru sur le best-of, Black Gold, qui augurait déjà du tournant électro d’Editors en 2019 -, il est enfin temps pour le groupe de reprendre un peu son souffle. Seul sur scène, Tom Smith prend alors sa guitare acoustique et entame Nothing. Un moment intimiste qui captive l’attention de la salle qui l’écoute religieusement.
Ce calme n’est cependant que de courte durée. Rejoint sur scène par Blanck Mass et Elliott Williams, le trio se lance dans un All The Kings sublimement ré-arrangé. Il faut ensuite bien le sextet au complet pour offrir toute leur puissance à Blood et Smokers Outside The Hospital Doors, deux morceaux qui donnent une nouvelle impulsion au public. Cet enthousiasme fait visiblement très plaisir à Tom Smith puisqu’il lance un Merci beaucoup en français à la salle avant de lui envoyer un baiser et de retourner à son piano pour interpréter le bien nommé Kiss. Seule petite déception, No Harm qui nous laisse légèrement sur notre faim. Mais c’est vite oublié. Car pour finir leur set, Editors ont misé sur un ultime extrait d’EBM : Strange Intimacy. Un morceau qui prend une tout autre dimension en live et qui clôture cette première partie en beauté.
Un saut dans le passé
Cela fait déjà 1h30 qu’Editors nous régalent sur scène, mais le public en redemande à grand renfort d’applaudissements et de « Po-po-po » de Seven Nation Army. Heureusement, la bande de Birmingham fait très vite son retour, leurs ombres se découpant à travers les lumières bleues qui inondent la scène. Dès les premières notes, la salle exulte. Et pour cause, elle vient de reconnaître l’incontournable An End Has a Start. Pour ce rappel, Editors font plaisir aux fans de la première heure avec deux autres titres incontournables : Munich et le très beau Papillon. Un show de près de deux heures, donc, durant lequel Editors ont prouvé qu’ils jouent dans la cour des grands puisqu’en plus d’avoir pondu de nombreux singles devenus cultes, ils continuent de prendre des risques et de se réinventer. Entre deux morceaux, le très expressif, mais pas très bavard, Tom Smith remerciait les fans d’être venus si nombreux, d’autant plus que nous vivons dans un « strange world« . Et au risque de paraître un peu niais, c’est justement grâce à ce genre de concerts que ce strange world, comme il dit, reste un endroit où il fait encore bon vivre.
Setlist :
Heart Attack
Strawberry Lemonade
Bones
Karma Climb
Picturesque
In This Light and on This Evening
Sugar
Magazine
All Sparks
Vibe
The Racing Rats
Frankenstein
Nothing
All the Kings
Blood
Smokers Outside the Hospital Doors
Kiss
No Harm
Strange Intimacy
Rappel :
An End Has a Start
Munich
Papillon
Vous pouvez retrouver l’intégralité du concert en vidéo ci-dessous :
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