30 Juin Grian Chatten – Chaos For The Fly
Grian Chatten, chanteur du groupe irlandais désormais le plus célèbre après U2, se livre dans un premier album solo. Intime, éloigné du post-punk, « Chaos For the Fly » permet au chanteur d’explorer des genres différents, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Intimiste, on entre dans l’univers de Grian Chatten avec The Score, un titre doux, avec pour seul accompagnement ou presque une guitare acoustique. When I make my move, you will know, entame-t-il d’une voix envoûtante, se confessant. Après trois albums avec Fontaines D.C., où les textes pouvaient être tantôt personnels, tantôt politiques, ici on entre dans l’intimité de son leader — ou ce qu’il accepte de nous partager.
Pendant près de cinq ans, le groupe a tourné à travers le monde, devenant de plus en plus célèbre chaque jour qui passe. Un succès qui a touché Grian Chatten qui, à force de ne savoir où il appartenait (« I don’t Belong »)— Dublin, Londres, Paris, le tour bus ? —, a entraîné une dépression. Une fatigue mentale et physique qui l’a poussé, comme à son habitude, à coucher ses émotions et pensées sur papier, et à prendre un peu de recul avec le groupe.
Une première partie rythmée par les singles
Arrive ensuite Last Time Every Time Forever, autre single — 4 sont sortis avant l’arrivée de l’album. Sa voix se fait plus nasale sur cette ballade, dans laquelle on entend également sa compagne chanter les choeurs. Without a chance I’m king of every single thing / And it’s the cheapest spend to make a dead heart sing, chante-t-il la voix emplie d’émotion. Et si la traduction littérale nous fait défaut, ces paroles semblent répondre au titre de Fontaines D.C. I Love You — bien que la meilleure chanson de 2022 n’ait toujours pas trouvé plus belle qu’elle jusqu’à présent.
Fairlies, plus pop, est certainement la chanson la plus rythmée de l’album, dont le refrain reste en tête. Pour notre plus grand bonheur. Slán abhaile le post-punk de Liberty Belle, cette chanson pourrait presque avoir sa place sur un album des Last Shadow Puppets. Dommage pour Alex Turner. Sur Bob’s Casino, il tente une voix de crooner, accompagné toujours de sa petite amie. Si la mélodie est plus lumineuse, plus sixties, et pourrait avoir sa place dans la BO de Chantons sous la pluie ou Breakfast at Tiffany’s, ce n’est pas la chanson qui reste en tête.
Ballades, grunge et danse celtique
La suivante, en revanche, est certainement la plus belle de l’album. Dernier single avant l’arrivée de l’album, All of the People, est la plus grande réussite de Grian Chatten. D’après lui-même, mais d’après moi également. Ici, les cordes se font plus discrètes pour laisser la place au piano, qui accompagne sa voix, douce et mélancolique, avant l’arrivée d’un violon sur la fin qui nous emporte. Arrive ensuite East Coast Bed, où la boîte à rythme et le saxophone nous ramènent à la réalité. Si on apprécie l’effort pour sécher nos larmes après une chanson aussi belle que All of the People, celle-ci ne figure malheureusement pas au top 3 de l’album.
Sur Salt Throwers Off a Truck, la guitare et le violon rappellent un air traditionnel irlandais, et l’attachement du chanteur à son pays, et plus particulièrement à Dublin, après avoir passé cinq ans sur la route. Pour l’avant-dernière chanson de l’album, on retrouve les choeurs féminins sur I Am So Far, ballade mélancolique et nostalgique rythmée par l’harmonica, mais que l’on oublie un peu trop rapidement. Season For Pain conclue ce premier album. Dans cette ballade mélancolique à mi-chemin entre Kurt Cobain et The Smiths, Grian Chatten répète This is no season for loving, this is the season for pain. Ses airs grunge la font directement entrer dans le top 3. Lui qui a confié vouloir travailler avec Asha Lorenz, chanteuse du groupe Sorry, on a hâte de voir ce que nous réservent ses autres aventures extra-Fontaines D.C.
TRACKLIST :
The Score
Last Time Every Time Forever
Fairlies
Bob’s Casino
All of the People
East Coast Bed
Salt Throwers off a Truck
I Am so Far
Season for Pain
La note de la rédactrice : 7,5/10
Ses morceaux favoris : All of the People, Season for Pain, Fairlies, Last Time Every time Forever
Les autres notes:
Adélaïde: 9/10. Un premier album qui recèle d’épiphanies angéliques.
Audrey : 8/10. Ne tiendrait-on pas déjà le meilleur album de l’année ?
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