24 Jan The Smile – Wall Of Eyes

C’est l’un des albums anglais les plus attendus de 2024. Le deuxième effort d’un groupe dirigé par Thom Yorke, Jonny Greenwood et Tom Skinner. Mais alors, l’album est-il à la hauteur de nos attentes ?

Si vous aimez la musique anglaise, vous n’avez probablement pas pu échapper au premier album de The Smile. Porté par un succès critique grandiloquent, le groupe avait entamé une tournée internationale qui dure encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs pendant cette tournée débutée en 2021 que Wall Of Eyes a été composé. Les membres du groupe écrivaient en journée. Et le soir, ils profitaient des concerts pour tester leurs chansons. Si bien qu’avant la sortie de ce nouvel album, seules deux chansons restent inédites : I Quit et You Know Me. Toutes les autres ont été jouées en concert, diffusées dans des épisodes de la série Peaky Blinders (Teleharmonic) ou encore sorties officiellement en single (Wall Of Eyes, Bending Hectic et Friend Of A Friend).

Heureusement, il nous reste quelques éléments de surprise comme la production. Car oui, tout comme le précédent album, Wall Of Eyes est produit par l’un des techniciens emblématiques de Radiohead : Sam Petts-Davies. On a notamment pu le voir à l’enregistrement de A Moon Shaped Pool, le dernier album du groupe d’Abingdon. C’est également lui qui a produit Suspiria de Thom Yorke ou encore Junun de Jonny Greenwood And The Rajasthan Express.

Un autre élément de surprise réside dans la direction artistique de Wall Of Eyes. L’album ne comporte que huit titres dont un seul qui dure moins de 5 minutes. Les deux premiers titres, Wall Of Eyes et Teleharmonic sont lents. Très lents. Mais les quatre morceaux suivants sont, à l’inverse, assez rythmé. Il en va de même pour la structure des morceaux. Si il y a bien un point commun entre chaque morceaux, c’est celui-ci. Ils démarrent tous assez lentement pour évoluer de manière crescendo vers un rythme plus soutenu voir chaotique. Le single Bending Hectic en est l’illustration parfaite. Les cinq premières minutes nous font saliver avant quatre dernières minutes chargées de multiples instruments qui nous mettent en transe. Et ce qui est beau, c’est que ces changements collent parfaitement à l’histoire que raconte la musique. Pendant tout le temps où Thom Yorke nous chante le temps qui se fige lorsque l’on est très proche du vide, la musique est très calme. Comme si elle était figée elle aussi. Mais dès que les paroles parlent de changer rapidement de direction pour éviter la catastrophe, la musique change également de direction.

On a l’impression que la longueur des titres de Wall Of Eyes permet à The Smile d’aller au bout de leurs idées tout en continuant de multiplier les expérimentations. Read The Room est probablement la chanson la plus expérimentale de l’album. Le premier couplet est chanté sur des nappes synthétiques et des riffs de guitares électriques assez rythmés. Puis, pour le refrain, la musique devient si douce et calme que l’on dirait une berceuse. Mais dès le deuxième couplet, la musique bascule à nouveau dans un autre univers.

Et puis, au milieu de toutes ces chansons expérimentales, on retrouve une petite pépite qui s’appelle Friend Of A Friend. À mi-chemin entre la pop et le free jazz, la chanson nous apaise avant de nous emporter totalement. C’est la chanson la plus courte et la plus accessible de l’album. À certains moments, avec le piano, les violons et la douce voix de Thom Yorke, on croirait presque entendre une chanson des Beatles.

Les paroles de Friend Of A Friend sont également les plus optimiste de l’album. Comme l’a expliqué le chanteur lors de plusieurs concerts, la chanson a été écrite à propos de cette époque durant le confinement où tout le monde se mettait au balcon pour chanter (« All the window balconies, they seem so flimsy as our friends step out to talk and wave and catch a piece of sun »). Mais sur les autres titres de Wall Of Eyes, les vieux démons de Thom Yorke refont surface et l’on aborde de nombreux sujets sombres comme les expériences de mort imminente. Certaines paroles sont également très cyniques comme le deuxième couplet de Wall Of Eyes (« Let us raise our glasses To what we don’t deserve Or what we’re not worthy of So rich and white »).

Un album à écouter et à réécouter

Wall Of Eyes est un album complexe qu’il faudra écouter plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités. Mais si vous aviez aimé le premier album alors vous ne devriez pas être déçu. Les expérimentations et autres aventures musicales sont toujours aussi nombreuses mais tout semble plus cohérent, plus fluide et, de manière générale, plus abouti.

Tracklist

Wall Of Eyes
Teleharmonic
Read The Room
Under Our Pillows
Friend Of A Friend
I Quit
Bending Hectic
You Know Me

La note de la rédactrice : 8/10

Ses morceaux préférés : Friend Of A Friend, Bending Hectic, Read The Room

Les autres notes :
Fabien : 6,5/10. Difficilement accessible, mais pas impossible avec bien des écoutes.