19 Nov Sleep Token – Temps suspendu à la LDLC Arena
7 novembre 2024. Le futur headliner du Download festival nous rendait visite en agglomération Lyonnaise pour une date unique, en compagnie de l’Américain Bilmuri. On vous raconte ce « sacred moment ».
Quelques jours après leur passage à la Défense Arena en première partie du groupe le plus hype du moment (Linkin Park évidemment), on les retrouve pour un set complet d’1h30 en terre lyonnaise. Leur performance sur la date parisienne a d’ailleurs pas mal déçu les fans de LP d’après les quelques retours que j’ai pu glaner. Normal, finalement. Programmer Alain Souchon aurait probablement fait plus de sens tant le gap entre les styles des deux groupes est immense. Réunir deux groupes qui ont le vent en poupe sur la même affiche n’assure pas que la programmation plaira à tous… Mais elle attirera du monde, bien joué Live Nation !
En juillet 2023, Sleep Token avait ouvert pour Slipknot aux Arènes de Nîmes. Encore une fois, les voilà totalement éclipsés par leur tête d’affiche. En même temps, voir les Britanniques à 20h en plein soleil sous 35 degrés, ce n’est pas la meilleure façon d’apprécier la musique de Vessel et ses compères. Le souvenir en est donc mitigé, il fallait un concert en salle pour se faire un avis sur la véritable force de frappe de ce groupe. Mais alors, malgré les mauvais sons de cloche et si on occulte les conditions défavorables, qu’est-ce que ça vaut vraiment Sleep Token en live ? Eh bien il y a plein de chose à dire, et la réponse ne sera probablement que partielle.
Bilmuri – Easy-Pop-Country-Core
Une surprise de voir l’Américain sur cette tournée, mais étant assez friand de ses albums, je suis curieux de voir ce que ça peut donner. En un mot : clivant. Il ne fera aucune unanimité ce soir, c’est une certitude. Il faut imaginer des balades Swiftesques entrecoupées de Breakdown dissonants après une bonne couche de refrain soupeux mais parfois catchy. C’est un registre vraiment très spécial et voyant l’espace devant nous qui commence progressivement à s’agrandir, les Lyonnais préfèrent sortir déguster une pinte de 40cl à 7.5€ plutôt que de continuer l’écoute de ce concert ! Il ne restera pas dans les annales d’un quelconque classement, mais en tout honnêteté c’est plutôt sympa connaissant les morceaux. Big up au saxophone omniprésent, on en voit pas souvent en concert de « Metal » !
Sleep Token – Esotérique et lumineux
La récréation est terminée, on peut attaquer les choses sérieuses. Petit point setlist tout d’abord. L’ordre et le choix des musiques est superbement cohérent. Il prennent 5-6 musiques de chacun de leurs 3 opus et les jouent dans l’ordre d’apparition sur l’album, du plus ancien au plus récent. C’est un excellent moyen de faire découvrir progressivement leur discographie, sans sacrifier aucune de leurs créations. Un bon point ! Grand amateur du dernier album, mais peu connaisseur des deux premiers, la surprise est grande et la découverte de leurs premiers sons est vraiment plaisante.
Le concert est divisé en plusieurs séquences. A chaque nouvelle séquence la scène change de décor. Le batteur monte progressivement en altitude, les lumières sont changeantes et la musique s’en ressent. Le chanteur nous livre une performance de très haute voltige. Son timbre de voix est unique et sa tessiture impressionnante. Le leader incontestable du projet qui porte à bout de bras la musique de Sleep Token. Le reste du groupe, amputé de son guitariste encore malade, est finalement assez peu en vue. Quelques apparitions du bassiste sur le devant de la scène et des spots lumineux braqués ponctuellement sur le batteur, mais à part ça pas beaucoup de visibilité données aux zikos (RIP les 3 choristes que l’on aperçoit une fois toutes les 5 musiques).
La véritable plus-value de ce concert est sans hésitation l’adéquation parfaite entre le spectacle lumineux et le rythme de la musique. Le dispositif mis en place est ultra impressionnant et les spots lumineux avancent jusqu’au dessus de nos têtes ce qui donne une projection presque tri-dimensionnelle à la lumière. La vraie claque vient de là. Un dernier mot sur la LDLC Arena. Une petite merveille en termes d’infrastructure, de son et de fluidité. L’entrée se fait très facilement, la commande au bar est très facile et l’attente n’a quasiment jamais lieu. Une prouesse pour une salle d’une telle taille.
En résumé, Sleep Token n’est jamais accompagné par un groupe qui pourrait un tantinet lui ressembler, leur concert est unique tant par ce jeu de lumière complètement fou que par cette alternance de style qu’on leur connait bien et leur musique reste clivante et finalement pas si accessible, malgré leur popularité. Finalement, aucune objectivité n’est possible sur Sleep Token, il faut vraiment se faire son propre avis et ceux qui auront la chance de rentrer dans leur univers onirique vivront un moment inoubliable.
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