01 Mar Sam Fender – People Watching

Après le succès surprise de son premier album, mais surtout l’avènement de Sam Fender avec Seventeen Going Under (2021), on s’attendait à la sortie d’un troisième album rapide. Ce ne fut pas le cas, mais que vaut People Watching ?

Sur le premier album, il nous avait surpris avec certaines fulgurances rock : That Sound, Play God ou encore Hypersonic Missile. Seventeen Going Under (2021) puisait dans les influences américaines et surtout du côté de Bruce Springsteen.

Quatre longues années plus tard, et après des problèmes de santé physiques et mentales, la pression de l’attente immense des médias et du public, mais aussi des difficultés à composer (à l’origine, ça devait être un concept album qui a finalement été abandonné), le jeune artiste est enfin de retour.

Cet album est finalement la suite directe de Seventeen Going Under (2021), avec des ajouts subtils de synthé piochés chez nul autre que… The War On Drugs. En grand admirateur du groupe, Sam Fender a tenté de joindre Adam Granduciel (chanteur, guitariste et producteur du groupe) qui a accepté de produire ce nouvel opus.

À son sujet, Sam a déclaré : “C’était un honneur. Je veux dire, c’était l’un de mes plus grands héros. La première fois que j’ai entendu Lost in The Dream (2014), j’étais vraiment malade, à l’hôpital et toute cette année que j’ai passée à récupérer, c’était la seule chose que j’écoutais vraiment. Donc sa musique compte beaucoup pour moi. […] Je me suis dit : « J’adorerais travailler avec lui, mais je sais qu’il n’a jamais produit en dehors de The War on Drugs. » […] On a un dicton dans le Nord-Est qui dit « les enfants timides n’obtiennent rien » […] J’ai donc contacté le label et puis je l’ai contacté, j’étais au téléphone et je lui ai dit : « Écoutez, j’aimerais beaucoup que vous fassiez ça. » Et puis on s’est mis à parler et on s’est rendu compte qu’on écoutait les mêmes trucs : Tom Petty, The Replacements, Springsteen, Dylan et The Waterboys…”

Quand on connaît le travail d’Adam Granduciel, il est impossible de ne pas sentir sa patte sur l’album, notamment sur le piano et les nappes de synthé de People Watching ainsi que sur les refrains de Wild Long Lie (pour ne citer que deux titres).

Certains y verront une qualité, d’autres un défaut, mais en quatre ans le son de Sam Fender a peu évolué. On retrouve des chansons longues et linéaires, avec de belles intros, mais très peu de surprises tant au fil de l’album qu’au sein de chaque titre. Les meilleurs exemples sont sans doute Chin Up et Crumbling Empire (malgré un mini-sursaut avec le solo de guitare, qui finit par être étouffé et disparaît dans une outro en fondu…).

L’intérêt des titres de Sam Fender réside également dans ses textes. Identifié comme le “Working class hero” d’une génération et en opposition avec son succès, il a su se réinventer et changer le point de vue de ses titres avec un album centré sur l’observation d’une classe sociale dont il ne fait désormais plus partie. Il réussit ce pari avec brio, décrivant un EHPAD dans People Watching, ainsi que la déchéance et la pauvreté constatées lors de sa tournée US sur Crumbling Empire. Ces instants de vie sont très bien représentés par le choix artistique de mettre des photos en noir et blanc pour illustrer l’album et les singles.

L’album est globalement réussi, mais il manque de variété, ce qui provoque une lassitude dès les premières écoutes. Même après plusieurs écoutes, on a du mal à distinguer dans nos esprits : Rein Me In, Something Heavy, Chin Up ou encore Nostalgie Lie. Heureusement, l’ordre de la tracklist permet des rebonds salvateurs :

• La guitare et le sentiment feel‑good de People Watching
• L’outro guitare et saxophone de Wild Long Lie
• Le phrasé marqué du refrain de Arm’s Length
• Les doubles voix de Little Bit Closer
• La poignante TV Dinner nous rappelle la voix à fleur de peau de Jeff Buckley.

Ce qui est certain, c’est qu’il ne faudra pas attendre longtemps avant de retrouver Sam Fender pour un quatrième album qui pourrait sortir plus vite que prévu d’après lui : “Je veux juste retourner en studio, pour être honnête. J’ai déjà plein de nouvelles chansons.”

Il est même entré dans le détail en donnant quelques informations supplémentaires sur son futur projet : “J’ai actuellement deux pistes en cours. J’ai un ensemble de morceaux vraiment dépouillés, sur lesquels je ne pourrais vraiment pas construire. Ils doivent simplement rester tels quels. Et de l’autre côté, c’est un peu plus agressif. Je réfléchis donc à deux albums à la fois en ce moment.”

TRACKLIST

People Watching
Nostalgia’s Lie
Chin Up
Wild Long Lie
Arm’s Length
Crumbling Empire
Little Bit Closer
Rein Me In
TV Dinner
Something Heavy
Remember My Name

La note du rédacteur : 6/10

Ses titres préférés : People Watching, TV Dinner, Arm’s Length

Avant de penser à son projet album, certains chanceux pourront le voir sur la mythique scène de l’Olympia ce mardi 4 mars 2025 !

Les autres notes :
Paolo : 7,5/10 Avec People Watching, Sam Fender s’impose encore davantage, sans trop d’efforts, dans le panorama musical britannique. Couronné d’un Brit Award de l’artiste rock indépendant de l’année à tout juste 30 ans, il est temps pour lui de prendre des risques pour donner encore une nouvelle dimension à sa carrière.