Liam et Noel Gallagher d'Oasis par Simon Emmett

Le développement personnel dans les chansons d’Oasis

Dans ce premier article consacré aux thématiques importantes dans les paroles de chansons, nous allons parler du groupe Oasis.

Pourquoi Oasis ? Parce que c’est mon groupe préféré et celui que je connais le mieux. Mais aussi parce que, derrière leurs guitares électriques et leurs paroles brutes, se cache un fil rouge inattendu : le développement personnel. Alors non, les frères Gallagher n’étaient pas exactement les Léna Situations des années 90, mais leur musique portait un message clair : croire en soi, se relever après les échecs et refuser de se conformer.

Mais au fait, le développement personnel, c’est quoi ?

C’est un ensemble de pratiques visant à mieux se connaître, valoriser son potentiel et chercher à être heureux. Les philosophes de la Grèce antique en parlaient déjà, les influenceurs d’aujourd’hui en ont fait un business, et entre les deux, il y a eu Oasis. Dès leur premier single Supersonic (1994), le ton est donné : « I need to be myself I can’t be no one else » . Un message réaffirmé dans Whatever : « I’m free to be whatever I / Whatever I choose » , puis dans The Masterplan : « Say it loud and sing it proud today / And then dance if you wanna dance » . Cette obsession pour l’affirmation de soi soulève une question : pourquoi ce besoin d’en parler encore et encore ?

Oasis - Supersonic (Official HD Remastered Video)
Oasis Supersonic

L’enfance brisée des Gallagher

Pour comprendre Oasis, il faut revenir à l’origine. Les frères Gallagher sont trois : Paul, Noel et Liam. Sur les trois enfants, deux ont subi des violences physiques régulières de la part de leur père. Et selon Paul Gallagher, c’est Noel qui a le plus souffert des coups. Liam, le plus jeune, n’a jamais été frappé, mais il a tout vu. Et grandir dans ce chaos a forcément impacté leur vision du monde et de la musique.

Noel Gallagher : le rêve comme échappatoire

Noel est le cerveau d’Oasis, l’auteur-compositeur des plus grands classiques du groupe : Wonderwall, Don’t Look Back in Anger… Avec son passé, il aurait pu écrire des chansons sombres et torturées, comme Nirvana ou tous les autres groupes grunge de l’époque. Mais lorsqu’en 1993, il entend Kurt Cobain chanter I Hate Myself and I Wanna Die, il refuse d’ajouter du désespoir au désespoir. Alors, en réaction, il écrit des hymnes d’espoir et de détermination. Ainsi, en 1994, il répond avec Live Forever : « You and I are gonna live forever » .

Dans Rock N Roll Star, il chante déjà la vie dont il rêve, alors qu’Oasis joue encore devant vingt personnes. Quelques années plus tard, il chante ces mêmes chansons dans des stades. « In my mind my dreams are real » , répète-t-il, comme une prophétie. Une fois la célébrité atteinte, il en savoure chaque instant. Dans The Fame (1997), il provoque même ses détracteurs : « I’m a man of choice in an old Rolls Royce And I’m howling at the moon Is my happening too deafening for you? ».

Oasis - Don't Look Back In Anger live River Plate Argentina
OasisDon’t Look Back In Anger

Mais il y a un « mais »

À partir des années 2000, les chansons de Noel changent de ton. Il a tout pour être heureux… mais ne l’est pas. L’album Standing on the Shoulder of Giants (2000) déborde de désillusion, notamment dans des titres comme Where Did It All Go Wrong et Gas Panic!. Mais c’est Little by Little (2002) qui résume tout : « And little by little, we gave you everything you’ve ever dreamed of / And little by little, the wheels of your life have slowly fallen off » .

Son parcours prouve une chose : atteindre ses rêves ne guérit pas les blessures du passé. Si l’on base tout son bonheur sur un objectif, une fois atteint, il peut ne rester qu’un grand vide. Liam Gallagher le résumera plus tard dans Once (2019) : « It was easier to have fun back when we had nothing / Nothing much to manage / Back when we were damaged / Sometimes the Freedom we wanted feels so uncool ».

Liam Gallagher – Once | MTV Unplugged
Liam GallagherOnce (MTV Unplugged)

Liam Gallagher : la rédemption

Si Noel était le cerveau d’Oasis, Liam en était l’âme. Sa voix, son attitude et son charisme ont donné vie aux chansons du groupe. Peu importe le message, avec lui, tout sonnait vital.

Jusqu’à la fin des années 2000, il est surtout connu pour ses excès et son comportement imprévisible. Mais quand son groupe Beady Eye (formé juste après la fin d’Oasis) s’effondre, il doit se remettre en question. Le monde a changé : les rockstars arrogantes ne font plus rêver, elles doivent évoluer.

En 2017, il entame sa carrière solo avec un premier album où il reconnaît ses erreurs. Dans For What It’s Worth, il chante : « I’m sorry for the hurt / I’ll be the first to say I made my own mistakes / For what it’s worth I know it’s just a word and words betray / But sometimes we lose our way ».

Liam Gallagher - For What It's Worth (Live At Air Studios)
Liam Gallagher For What It’s Worth

Plus qu’un simple retour musical, il devient le porte-flambeau de l’esprit d’Oasis pendant plus de dix ans. Que ce soit en reprenant leurs chansons ou en co-écrivant des titres comme You’re Too Good For Giving Up, Liam n’hésite pas à puiser dans son passé tout en tentant de construire quelque chose de nouveau.

Son évolution ne passe pas que par la musique. Dans ses interviews, il se montre plus ouvert. Sur X, il échange quotidiennement avec ses fans. Il multiplie aussi les actions caritatives. Petit à petit, il reconquiert son public tout en en attirant un nouveau. Il passe ainsi de salles de 2 000 places à des stades complets. Contrairement à Noel, qui reste figé dans son image d’icône rock, Liam évolue. Bien sûr, il y a encore des dérapages : concerts annulés, insultes, parfois envers son propre frère. Mais désormais, il s’excuse et assume.

Et l’impact de tout ça alors ?

Oasis a souvent été critiqué pour la simplicité de ses chansons. Paradoxalement, c’est aussi ce qui fait qu’elles sont si populaires et qu’elles nous restent en tête pendant longtemps. Pour une personne anxieuse comme moi, avoir en tête la voix de Liam Gallagher qui répète en boucle que « It’s gonna be okay » , c’est parfois mieux que d’entendre mes propres pensées négatives qui me disent que je n’y arriverais jamais.

Alors non, les frères Gallagher ne sont pas des modèles parfaits. Mais en 2025, après une pandémie et à l’aube d’une troisième guerre mondiale, cela fait du bien de voir deux frères se réconcilier pour rappeler à des millions de personnes que « Maybeeeeee You’re gonna be the one that save meeeeeee » .

Liam Gallagher | Wonderwall live @ reading festival
Liam GallagherWonderwall
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