30 Oct Miles Kane – Sunlight In The Shadows

Miles Kane n’en finit plus de sortir des albums : après avoir admis un manque d’inspiration après Coup de Grace (2018), il semble avoir retrouvé un nouveau souffle et publie son troisième album solo en l’espace de quatre ans.

La genèse du projet tient en une session d’écriture de deux jours prévue avec Dan Auerbach, chanteur et guitariste des Black Keys. Rapidement complices, Dan propose de signer Miles sur son label Easy Eye. Ensuite, tout va très vite : l’album est écrit en quelques semaines et enregistré… en seulement trois jours.

L’album s’est construit autour d’une passion commune pour les années 60 et la Motown. Les influences sont nombreuses et la patte de Dan se retrouve tant dans le son des guitares que dans le choix des contributeurs : Patrick Carney (batteur des Black Keys), Daniel Tashian (The Silver Seas), Nick Bockrath (Cage The Elephant), Barrie Cadogan (Little Barrie), pour ne citer qu’eux. Le résultat : un album aux bonnes intentions, mais qui peine à trouver rythme et équilibre.

Une première explication tient au manque de profondeur musicale : plusieurs titres sont vite oubliables. Electric Flowers, très inspiré par T. Rex, est trop linéaire pour rester en mémoire, tout comme Coming Down The Road ou Blues Skies. Même après plusieurs écoutes, il est difficile de les distinguer mentalement.

La seconde explication relève de l’enregistrement, de la production et du mix. D’un côté, on trouve des morceaux très bien produits, à l’image de l’ouverture Love Is Cruel, qui sonne presque cinématographique et grandiloquente. La douceur et la simplicité, presque acoustique, permettent à Miles de renouer avec sa voix de crooner — impossible de ne pas faire le lien avec Everything You’ve Come To Expect (The Last Shadow Puppets) — sur Always In Over My Head, My Love ou encore Walk On The Ocean.

De l’autre côté, des titres comme Sunlight In The Shadows, Sing A Song To Love ou Coming Down The Road sonnent plus sauvages et bruts, enregistrés comme des sessions live. L’énergie de ces prises apporte de la fraîcheur, mais s’accompagne d’un manque de clarté : trop d’éléments sonores se superposent. Le traitement de la voix est parfois abrasif, avec de fortes saturations qui renforcent la sensation de « bruit » .

Mais ces deux caractéristiques, jugées négatives par certains, ne sont-elles pas surtout une question de goût ? Le propos réel de l’artiste est de rendre hommage à une époque et à un certain rock. Dans cette logique, simplicité et spontanéité peuvent primer sur la complexité musicale. Le choix de production reflète aussi une manière de faire de la musique différente de celle de notre époque, où règne la quête de « bangers » . Vu sous cet angle, la toute première reprise incluse sur un album studio de Miles Kane prend tout son sens : faire du neuf avec du vieux, faire redécouvrir une époque et, par la même occasion, un titre méconnu des Flamin’ Groovies, Slow Death.

Ce projet ne prendra-t-il pas toute son ampleur en live ? C’est en tout cas ce qu’on lui souhaite.

Tracklist

Love Is Cruel
Electric Flower
Sunlight In The Shadows
Coming Down The Road
Always In Over My Head
Blue Skies
My Love
Without You
Sing A Song To Love
Slow Death
I Pray
Walk On The Ocean

La note du rédacteur : 6/10
Ses titres préférés : Always In Over My Head, Walk On The Ocean & Love Is Cruel

Les autres notes :
Solly : 6,5/10, un album agréable à l’écoute, mais dont les titres peinent à se distinguer les uns des autres. Coup de cœur quand même pour Coming Down the Road et Blue Skies.