The Amazons – The Amazons

Le premier album de la formation The Amazons vient enfin d’arriver. S’élève-t-il à la hauteur des ambitions du quartet? Écoute et critique.

Le rock de stade. On ne le présente plus, tant ses structures convenues et ses hymnes forcés et fédérateurs sont symptomatiques d’un genre souvent écrasé par le poids de ses ambitions. Le plus surprenant? Ce sont maintenant les plus jeunes formations qui s’attaquent à ce grandiloquent style. Des exemples récents? On pense immédiatement à Catfish & the Bottlemen, dont l’avoué objectif est de se produire dans les plus grandes salles possibles; et tant pis si leur deuxième album doit être un misérable copié/collé de leur premier. Lassés des Catfish? Réjouissez-vous, car The Amazons entrent dans la danse.

Vous l’aurez bien compris, le tout frais quartet vient délivrer un rock de stade ultra-efficace avec ce premier attendu album. De là, la surprise n’est pas de mise, mais la découverte n’en reste pas moins plaisante. La formation soigne son entrée avec 4 titres puissants, instantanés et qui jouissent de deux principales qualités: une production aux petits oignons, et un mur de guitares qui vient écraser (en bien) l’auditeur.

De là, le voyage de Stay with Me à Junk Food Forever en passant par Burn My Eyes et le single In My Mind est un plaisir, peut-être amoindri par le classicisme de la chose, mais néanmoins agréable. Le quatuor monte les amplis à 11 et fait hurler ses instruments avec des titres rock lorgnant délicieusement vers le garage pour un résultat détonnant, électrique et énergisant. On aurait presque envie d’arrêter de se montrer si dédaigneux avec le rock de stade en général. Mais malheureusement, The Amazons ne se tient pas sur la durée.

Très vite, l’auditeur déchante. Baisse de rythme nécessaire mais décevante malgré tout, le soufflé commence à redescendre avec l’apathique Raindrops, qui n’engage jamais vraiment l’auditeur. De là, l’album tombe dans tous les clichés possibles, avec une batterie au point mort niveau inventivité et ces insupportables guitares lead en réverbération qu’on jure avoir entendu des milliers de fois. Merde.

Quelques pointes soniques viennent cependant réveiller l’auditeur, pour son plus grand bonheur. Le lick ultra-jouissif de Black Magic fonctionne à merveille, et Ultraviolet et Little Something réservent toutes deux un pont garage-rock délicieux qui vient rendre le morceau bien plus facile à digérer. N’oublions pas non plus d’évoquer la sympathique Holy Roller qui, si elle ne se tient pas dans la durée, propose une ouverture à la guitare acoustique s’intégrant par la suite de manière intelligente à une structure plus conventionnelle; un mal pour un bien, mais dans quel sens? Tout est subjectif.

Mais l’estocade fatale est portée dans les derniers instants de The Amazons. En antépénultième morceau vient se positionner Something in the Water, titre stadesque conventionnel et convenu au possible qui déçoit à tous les niveaux. Et c’est en priant pour un dernier épique titre pour relever le tout que l’affront ultime est dévoilé: Palace est une basique et soporifique ballade au piano ne faisant rien pour se démarquer ou pour intéresser son auditeur. La gâchis est double: un titre final parfaitement oubliable plaçant l’un des morceaux les moins marquants de l’album comme point d’orgue. Double faute.

De là, la trajectoire de The Amazons semble toute tracée. Premier album oubliable, concerts énergiques et mouvementés conférant sympathie et attrait au groupe, puis deuxième album copié/collé sans aspiration, visant les stades. Le planning semble familier? Ayant démarré avec Catfish & the Bottlemen, nous pouvons conclure la critique par une nouvelle évocation de cette autre jeune stadesque formation, tout en faisant un inévitable parallèle avec les nouveaux-venus de The Amazons. Et de ce jugement subjectif, il est temps de sauter à un autre.

L’industrie musicale a sans cesse besoin de se renouveler. Et si la piste du rock de stade semble être la voie la plus rapide vers le succès, il ne fait nul doute que cette recette cessera un jour de faire ses preuves. Les nouvelles formations sont les plus aptes à proposer de novatrices recettes et à explorer des territoires musicaux inexplorés, et à ainsi promouvoir la pluralité de la musique; Pumarosa nous l’a montré il y a tout juste une semaine. Et en attendant que ce changement s’applique à grande échelle, un seul conseil peut être adressé à toutes les formations répétant leurs classiques sans inventivité: il serait temps de passer à autre chose les gars.

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Tracklist

The Amazons – The Amazons

 

Stay with Me

Burn My Eyes

In My Mind

Junk Food Forever

Raindrops

Black Magic

Ultraviolet

Little Something

Holy Roller

Something in the Water

Palace

 

Nos morceaux préférés: Stay With Me, Burn My Eyes, Junk Food Forever, Black Magic

 

La note: 4/10

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