23 Juin Muse : La grandiloquence à l’état pur
Matthew Bellamy et sa bande ont squatté le Stade de France pour deux soirs et deux shows mémorables. On vous raconte !
A chaque tournée, Muse remet en jeu un titre de meilleur groupe live qu’il est presque certain de remporter. Non seulement, le trio britannique s’affirme toujours un peu plus chaque fois, mais surtout il monte en puissance à chaque tournée des stades. Un Parc des Princes, puis deux Stade de France et bis repetita trois ans plus tard, avec près de 160 000 spectateurs massés devant un show spectaculaire.
Avant que Muse n’apparaisse sur cette géante scène prenant toute la largeur d’un terrain de football, c’est le rappeur Dizzee Rascal qui a ambiancé véritablement la Plaine de St-Denis. Un choix étonnant, preuve de l’éclectisme de Muse, puisqu’après le flow électronique du londonien, ce sont les fidèles rockers de Biffy Clyro qui ont pris place. Habitués à ouvrir pour Muse depuis des lustres, les écossais ont répété devant un public réceptif avant de prendre l’headline du Reading / Leeds Festival fin août prochain. Enchaînant tubes sur tubes dans un bruit grisant, Biffy a montré qu’il a plus que la stature d’un simple soutien en salles.
21h15, Muse entre sur scène sur l’ouverture annonciatrice d’un chaos (Unsustainable) avant d’imprimer tout de suite cette mégalomanie pièce maîtresse de leur conception d’un show rock (Supremacy). Le ton est donné, le public en feu (le stade aussi, grâce aux cheminées culminant sur le haut de la scène, lesquelles crachent flamme sur flamme telle une usine de pétrole).
Muse va vite jeter les bases de son Unsustainable Tour : le point fort en sera la mise en scène. Sur Panic Station, le trio du Devon fait danser les marionnettes des grands dirigeants de ce monde, parmi lesquels on retrouve Barack Obama, François Hollande, Vladimir Poutine ou encore Angela Merkel. Après notamment avoir galvanisé les foules sur Plug in Baby, Muse dénonce l’argent facile et les complots financiers chez les « Animals » en invitant sur scène un acteur qui lance avec rage des billets sur le public, avant de mourir au milieu du stade sous une pluie de billets à l’effigie de Muse (mégalomanie, encore). Enfin, troisième illustration de cette mise en scène divertissante, comme si le clip se déroulait sous nos yeux, une femme col blanc vient s’asperger du précieux pétrole devenu un luxe pour certains, sur la musique de Feeling Good.
Le show est rôdé, les rythmes joueurs et la setlist parfaitement réfléchie. Un exemple illustre d’ailleurs ce propos, lorsqu’à la fin d’Animals, notre financier déchu allongé en symbole christique toujours au milieu du stade les billets fermement tenus dans sa main, Chris Wolstenholme vient entamer L’homme à l’harmonica, tel un défi grisant. S’en suivra un Knights of Cydonia parfaitement introduit.
Assurant le spectacle, entre un robot géant de 5 mètres venu faire face à Matthew Bellamy sur l’explosive Unsustainable ou encore une ampoule flottant au-dessus de la pelouse avec en son bout une acrobate pendant Blackout, Muse a aussi comblé ses fans les plus anciens. Et avec un sens du jeu qui plus est. A l’aide d’une roulette, les titres de la setlist dépendent du hasard (pense-t-on). La boule du 22 juin aura offert le plus beau des cadeaux aux fans de la première heure, avec un combo Dead Star / New Born en tout point orgasmique.
Après 2h15 d’un show millimétré, des flammes sur Survival, des spectateurs remuants sur Time is Running Out (introduit avec House of the Rising Sun) ou Uprising (Matt y brise sa guitare), Muse en termine sur Starlight, 27ème titre. Entre mégalomanie devenue inhérente, grandiloquence surexploitée et sens du spectacle, Muse a clairement conquis une nouvelle fois un public français fidèle et attaché.
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