Review : Smoke Fairies – Smoke Fairies

Le virage pop a-t-il eu raison de la musique acoustique du duo britannique? 

Il paraît qu’il n’y a pas de fumée sans feu. C’est la première pensée qui vient en tête en écoutant le  nouvel album des Smoke Fairies. Le duo féminin ne livre pas un désastre auditif, loin de là mais étonne ou néanmoins, déroute. Car où sont passées les envolées vocales?

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Dès les premières notes de We’ve Seen Birds, la question reste en suspens. Le ton pop plombe le morceau, de la pop de bonne qualité, à la manière de Sonsick de Sam Fermin, donnant des envies de road trip dans les Highlands. Les voix Jessica Davies et Katherine Blamire se répondent avec une justesse impeccable et énormément de complémentarité. Les deux font la paire! A la base, cela ne devait pas être le cas, du tout. L’album Blood Speak avait saigné à blanc un groupe sur le point d’imploser. La lassitude n’était pas une solution suffisante pour arrêter la musique et encore moins pour rompre une amitié née sur les bancs de l’école. Et c’est pour stopper l’hémorragie sentimentale et artistique, que Davies a écrit un album entier pour s’excuser, celui-ci.

Dans ce contexte, l’infidélité musicale est-elle plus acceptable? La fibre sentimentale est en effet bien exacerbée et tout n’est pas rose au fil des morceaux. Dès Eclipse Them All ou  Shadow Inversions à la Warpaint, tout devient plus sombre et les anciens démons se réveillent. Les voix s’épousent et deviennent mystiques encore plus sur Hope Is Religion. Sur une construction assez simple et typiquement pop, les deux jeunes filles cristallisent le meilleur d’elles-mêmes et scandent leur crédo à qui veut l’entendre. Entre de longs instants instrumentaux menés par une batterie bien lourde et un piano délicat, les chanteuses exposent leur réelle foi en la musique, la seule religion qu’elles connaissent et qu’elles n’auraient quittée pour rien au monde.

A l’auditeur de se laisser convertir! A l’écoute des arrangements sublimes, sans doute un peu influencés par leur travail pour Jack White et son label Third Man Records ou l’ambiance folk envoûtant à la Laura Marling, dont elles ont assuré les premières parties, l’adoration est plus que possible. Les sonorités à la Garbage tendance Bleed With Me accentuées par l’utilisation exceptionnelle de synthétiseurs mettent à nu les mots des chanteuses, se libérant de leurs maux et se livrant à une vraie déclaration d’amitié avec des chansons comme Your Own Silent Movie fortes en émotion, dans la voix. Un peu loin de « l’ambiance pop à danser dans la cuisine » souhaitée par les deux jeunes filles ! Mais dans Waiting for Something, proche de l’expérimental ou Koto et ses choeurs prenants, poind quelque chose de virevoltant et mystique, une ambiance quasi fantomatique comme si l’usine désaffectée où le groupe a enregistré l’opus avait marqué de son empreinte  la musique. Pourtant dans ce studio du Kent, c’est un un esprit blusy assez fort et très convivial qui a plané pendant l’enregistrement à la mode artisanale de Smoke Fairies.

Un nouvel album éponyme comme pour fonder des bases nouvelles de ce groupe de 6 ans.
7/10 

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