31 Août Rock en Seine 2014, c’était comment ?
Sound of Britain s’est rendu à St-Cloud du 23 au 25 août pour vous faire un petit tour d’horizon du festival Rock en Seine. Encore une fois, pour cette édition 2014, des perles britanniques se sont glissées dans la programmation.
Commençons logiquement par le vendredi. Ce sont les Américains de Cage The Elephant qui donnent le coup d’envoi de Rock en Seine 2014 sur la grande scène et obtiennent un succès tout à fait honorable pour un set proposé aussi tôt dans la journée (car il faut savoir que le site du festival ne se remplit véritablement que vers 20h). L’investissement du frontman n’y est pas étranger. Ce dernier n’hésite pas à se déchaîner sur la jetée et à courir dans tous les sens. Direction ensuite la scène pression live pour Traams, groupe originaire du sud de l’Angleterre, qui nous livre une performance également très énergique aux teintes punk rock, alors que Wild Beasts opte pour un son plus aérien et mou. Retour sur la grande scène pour un autre artiste anglais, qu’on ne présente plus : Jake Bugg. Malgré ses talents de chanteur/compositeur (surtout pour son jeune âge : à peine 20 ans et déjà 2 albums), il peine à convaincre sur scène. Il n’y a en effet presque aucune modification entre le studio et le live. Bugg, l’air désabusé, se contente de jouer ce qu’il fait en CD et l’interraction avec le public est quasi-inexistante. Dommage, surtout quand on connait le potentiel du garçon. Il fallait donc être devant Crystal Fighters pour l’un des concerts les plus festifs de l’édition 2014. Planant, dansant, perché, ce set aura déchaîné le public malgré quelques ondées pluvieuses qui détonaient avec l’ambiance exotique servie ce groupe néo-hippie.
On passe du coq à l’ane, avec la nouvelle voix du moment, celle du chanteur Hozier, sur la Pression Live. L’auteur de Take Me To Church (seul morceau qui emporte l’adhésion totale du public) livre un set reposant mais manque de présence sur scène. Puis c’est au tour de The Hives de fouler la scène principale et c’est une tout autre histoire : leur péché mignon à eux, c’est évidemment le live. Le frontman s’adresse très fréquemment à la foule en gonflant volontairement son égo, de quoi faire passer Liam Gallagher pour quelqu’un de modeste. Musicalement, c’est également taillé pour les concerts, c’est simple mais efficace : trois accords par morceau mais les spectateurs n’ont guère besoin de plus pour se défouler. Petit tour sur la scène pression live pour un duo très prometteur (déjà croisé à Werchter) : Royal Blood qui ne se contentent que d’une basse et d’une batterie pour sortir des riffs imparables. Ajoutez à cela une voix enivrante et vous obtenez un groupe qui va assurément monter. Pendant ce temps, Mary Jane et beats transcendants font bon ménage sur la deuxième scène du festival, où Die Antwoord est placé en tête d’affiche. Pari osé, mais les Sud-af ne décevront personne avec un show transgressif, virulent et décomplexé.
Eux n’ont plus besoin de monter puisqu’ils sont déjà (ou presque) au sommet : Arctic Monkeys assurent le statut de tête d’affiche ce vendredi sur la grande scène. En alternant titres de AM pour les fans de la dernière heure et les vieux tubes pour ceux de la première, le quatuor de Sheffield se met Rock en Seine dans la poche pendant une heure et demie. On regrettera juste l’absence du grand classique 505.
La journée de samedi commence plutôt doucement. On en profite donc pour jeter un coup d’oeil aux artistes “made in France” comme Alb et leur set qui respire la bonne humeur ou Emilie Simon qui bénéficie du traditionnel accompagnement de l’Orchestre National d’Ile de France. Concert plutôt convaincant même si la surcouche ONDIF fait parfois too-much. La nuit commence à tomber et c’est du très lourd qui nous attend sur la grande scène avec Portishead et The Prodigy. On commence par le groupe de Beth Gibbons, qui nous offre une performance irrésistiblement glaciale. Le public est plongé dans l’univers trip-hop de la chanteuse et de ses acolytes. Un franc succès pour une formation pas très rock ‘n roll mais terriblement envoûtante. Gibbons se paye même le luxe de faire un rappel. Une heure plus tard, nous retrouvons un tout autre style mais, encore une fois, très ravageur. The Prodigy, d’entrée de jeu, emporte tout sur son passage : les festivaliers de la grande scène, du premier au dernier rang s’agitent au rythme effréné du momument de la musique électronique, une véritable machine à tubes (Breathe, Voodoo People, Smack My Bitch Up, Take Me To The Hospital, Omen…) qui prend une dimension encore plus démente en live. La basse est redoutable, les frontmen au meilleur de leur forme. Le tout couronné d’un jeu de lumières hors du commun, et tous les ingrédients sont réunis pour réaliser un concert exceptionnel. Ainsi les deux artilleries lourdes du samedi ont fait bien plus que confirmer, elles nous ont scotchés.
C’est déjà le dernier jour et après la claque de la veille, on repart sur d’excellentes bases dès 14h30 sur la grande scène avec le duo originaire de Brighton (non, pas Royal Blood) Blood Red Shoes. Malgré un set de qualité, Ansell et Carter payent leur horaire désavantageux et n’obtiennent pas un succès à la hauteur de leur talent. Airbourne, une heure plus tard, a moins de mal à attirer les foules avec leur concert hard rock kitsch qui fait penser à un AC/DC en panne d’inspiration. Toujours sur la grande scène, Selah Sue parvient à charmer le public du festival grâce à une voix qui sort de l’ordinaire, ainsi qu’une pêche et une communcation qui mettent de bonne humeur. On continue dans la pop avec Lana Del Rey, qui n’a pas besoin de grand chose pour convaincre les spectateurs tant la notoriété qu’elle a déjà acquise dépasse l’entendement. Néanmoins, elle ne se repose pas sur ses lauriers et nous offre une performance très agréable, malgré son comportement un peu trop pop star par moments (on pouvait se passer des selfies avec les fans premier rang). Petit passage par la scène de la cascade pour La Roux et son concert électrique très entraînant et on se retrouve pour Kavinsky sur la scène de l’industrie. Encore une fois, à l’instar de Phoenix, Justice, Daft Punk, Madeon… la musique électonique a permis au Français de se faire un nom à l’étranger. L’artiste de la soirée remet au goût du jour les sonorités tout droit sorties des musiques de films des années 80 avec un set entraînant et très efficace. Le public de la scène de l’industrie ne peut s’empêcher de danser et c’est évidemment sur Nightcall qu’il s’excite le plus. Pour terminer ce week-end en beauté, on retourne à la grande scène pour la fin du concert de Queens Of The Stone Age. Là encore le succès est au rendez-vous : dur de résister à leur rythmique lourde et de ne pas être impressionné par la présence de Josh Homme…
C’est terminé pour cette édition 2014 et c’est dur de retourner à la vie quotidienne après ces trois jours. On peut dire que Rock en Seine nous a offert une programmation de grande qualité avec des têtes d’affiche qui ont assumé parfaitement leur statut, de bonnes confirmations et de belles révélations, de quoi rendre les quelques déceptions presques anecdotiques. Espérons que l’an prochain nous réservera des surprises à la hauteur de cette année.
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