Review : SBTRKT – Wonder Where We Land

Talent émergent de la scène électronique britannique, SBTRKT (à prononcer Subtract) nous revient avec un deuxième album magnétique aux accents d’odyssée musicale…

 

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Débarquant en 2011 sur une planète électro où il ne faisait pas bon d’aller se morfondre dans la house ou le dubstep, Aaron Jerome aka SBTRKT signait une petite bombe de premier opus au début de l’été. Electro, indie, pop dubstep… le garçon semblait manier suffisamment bien les platines et autres synthés pour séduire la critique et se démarquer. Après trois ans d’absence, le jeune homme est revenu avec trois EP (Transition, I, II et III), porte ouverte à un deuxième exercice forcément très attendu.

Au titre Wonder Where We Land, SBTRKT trouve une réponse presque évidente à la question, que se passe-t-il derrière le nœud dur d’une soirée, alors que l’aube pointe le bout de son nez. Où va-t-on atterrir ?

 

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Producteur et compositeur de talent, Aaron Jerome fait évoluer son style, tout en construisant pour ses featurings et autres guests, un véritable cadre musical. Dans cet album éclectique, la sensualité aisément incarnée par le flow impeccable et endurant de Raury, protégé de Kanye West, sur l’excellent Higher, succède à une session sous acides dans un tunnel éclairé au néon (Lanterns), pour laisser place ensuite à la poésie vocale d’une Caroline Polachek, aka Ramona Lisa, la voix de Chairlift, peu inspirés sur les beats lancinants de Look Away.

 

Odyssée électro en tout point intrigante, Wonder Where We Land permet à SBTRKT de retrouver quelques amis en accompagnements vocaux, de Jessie Ware (Problem) à sa protégée Denai Moore (The Light) en passant par l’incontournable Sampha dont l’incroyable et envoûtante voix sert de fil conducteur à un disque sur lequel il est présent à quatre reprises, mais aussi des nouveaux venus à l’instar de Raury ou le producteur gallois Koreless (avec qui il cosigne le voyageur Osea (référence à l’île de l’Essex où l’album a commencé à être enregistré avant de traverser l’Atlantique). Et que dire d’Ezra Koenig, la grosse surprise du chef sur le funky New Dorp. New York, hélas dévoilée trop tôt puisque choisi comme premier single. Chanteur de Vampire Weekend lorsqu’il n’est pas en train de s’offrir en solo quelques belles sorties (le morceau-phare du film Her, en collaboration avec Karen O), Ezra Koenig ajoute sa voix si particulière et un flow inattendu – c’est oublier que le new-yorkais a débuté dans le rap… eh oui ! – sur ce tube de nightclub en puissance.

 

 

Il est finalement décevant de découvrir à l’écoute de l’ensemble Wonder Where We Land que SBTRKT a préféré isoler les meilleurs titres de son œuvre en les dévoilant à part entière en amont de la sortie dans les bacs. Incohérent sur le papier, ce second effort recèle de pépites qui, écoutées séparément, prennent du relief. Entrecoupant son album de chapitres, Subtract nous montre qu’il évolue aussi bien dans l’ombre de ses guests, qu’en solo, comme lorsqu’il brille avec l’intro Day 1, Lanterns ou encore Everybody Knows.

 

Au final, ce voyage électronique – dont on peut prolonger le plaisir avec une version deluxe offrant six titres supplémentaires – qui peut aller d’un If I Happens au piano où la voix soul de Sampha vient se poser avec délicatesse, au halluciné et néanmoins excellent Voices in my Head, où il invite des talents US avec Warpaint et l’un des rejetons du collectif A$AP Mob, ASAP Ferg, séduit par son caractère insaisissable, enivrant. Surtout Wonder Where We Land confirme le brio à part entière d’Aaron Jerome qui semble s’affirmer comme un électron libre de l’électro britannique, celui qui, on l’espère, n’atterrira jamais.

 

LA NOTE : 8 / 10

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