01 Mar Review : Noel Gallagher’s High Flying Birds – Chasing Yesterday
Celui qu’on surnommait The Chief, revient avec un deuxième album, toujours avec les High Flying Birds, intitulé Chasing Yesterday. Et si une certaine nostalgie peut envelopper certains morceaux, avec ce disque Noel Gallagher semble plus que jamais dans le présent. Il expérimente peut-être même plus qu’il ne l’a jamais fait et prouve ainsi, une nouvelle fois, qu’il fait partie des meilleurs compositeurs de sa génération.
Depuis la fin de sa dernière tournée, Noel Gallagher s’est fait plutôt discret : annonçant qu’il travaillait sur de nouveaux morceaux durant l’été 2013, puis apparaissant de temps en temps sur les photos des paparazzis, répondant pour la énième fois aux questions sur une éventuelle reformation d’Oasis et commentant des émissions de télé-réalité britanniques dans une autre émission de télé-réalité (Gogglebox) en compagnie de Naomi Campbell et Kate Moss. Noel Gallagher a toujours su bien s’entourer après tout, et ce n’est pas cet album qui nous prouvera le contraire. Johnny Marr s’invite ainsi pour un solo de guitare le temps d’une chanson (Ballad of the Mighty I), et Gallagher fait à nouveau appel aux choristes présentes sur son album éponyme, qui apportent une richesse indéniable aux morceaux sur lesquels elles le rejoignent.
Ainsi, Chasing Yesterday s’ouvre sur Riverman, chanson que Gallagher a confié être sa préférée de l’album, mais aussi l’une de celles qu’il a préféré écrire. Et l’on comprend pourquoi. Riverman, bien qu’étant la chanson la plus longue de l’album, est un véritable petit bijou que ce soit grâce aux guitares planantes, qui ne sont pas sans rappeler Pink Floyd, qui semblent annoncer la fin du morceau avant de lui permettre de s’envoler à nouveau, ou au saxophone qui lui donne un certain gravitas final.
Vient ensuite In The Heat of the Moment, premier single issu de l’album et morceau assez exaltant qui peut cependant devenir assez énervant si l’on n’est pas fanatique des « na-na-na » qui font régulièrement leur apparition. Mais ce titre réussira tout de même sans aucun doute à faire danser, ou au moins à faire remuer la tête même des plus grincheux. La très pop Girl With the X-Ray Eyes est presque trop simple et doucereuse pour le reste de l’album, ayant du mal à trouver sa place en particulier entre deux morceaux plus énergiques. Difficile, d’ailleurs, de ne pas penser à Oasis et aux singles qui ont fait la renommée du groupe en entendant Lock All the Doors, puisqu’il s’agit d’une ancienne démo intitulée My Sister Lover enregistrée entre 1992 et 1993. La voix de Noel se retrouve alors un peu noyé dans le mix alors que le morceau aurait sans doute gagné en puissance et en colère s’il avait été confié à son petit frère, Liam (oui, il fallait bien finir par le mentionner).
Suit une autre démo que les fans avaient pu entendre plus récemment puisque The Dying of the Light avait été jouée lors des soundchecks de la tournée précédente de Gallagher. Celle-ci pose une ambiance très cinématographique et nostalgique – en attestent les paroles du refrain « I was told / The streets were paved with gold / And there’d be no time for gettin’ old when we were young / It’s alright, if you dance with me tonight / We’ll fight the dying of the light and we’ll catch the sun ».
Noel continue ensuite ses expérimentations avec The Right Stuff puisque c’est un morceau presque de jazz noir qui nous est proposé et qui a, sans doute, été influencé par ses collaborations avec les Amorphous Androgynous. Sa voix se mêle alors à celle d’une chanteuse qui lui volerait presque la vedette s’il ne reprenait pas le dessus lors du couplet. Le son de la clarinette basse est d’ailleurs très vite rejoint par les guitares psychédéliques que l’on avait pu entendre sur Riverman, pour notre plus grand plaisir. Si Gallagher avait indiqué avoir été influencé par les Queens of the Stone Age, en particulier pour The Right Stuff, durant l’écriture de cet album, c’est plutôt vers B.R.M.C. que nos pensées se portent en découvrant The Mexican, peut-être à cause du refrain qui semble avoir emprunté quelques notes à la célèbre Whatever Happened to my Rock’n’Roll. Mais une nouvelle fois, le fantôme du petit frère turbulent fait son apparition en nous obligeant à nous demander si le morceau ne gagnerait pas à être chanté par lui.
You Know We Can’t Go Back rappelle là encore l’ancien groupe des Gallagher (mais plutôt époque Don’t Believe The Truth ou Dig Out Your Soul que Morning Glory) avant que Ballad of the Mighty I vienne clore l’album. Avec ce dernier morceau, Gallagher renoue avec son côté « disco » qu’il avait déjà exposé dans son précédent album avec Aka… What A Life!. Mais là où Aka… tombait un peu à plat, Ballad of the Mighty I gagne au contraire en intensité grâce, notamment, au solo signé Johnny Marr et au refrain qui se glissera aisément dans un coin de votre tête et vous fera chanter « Yes I’ll find you » tout au long de la journée. Mais au lieu de se reposer sur ses acquis, le morceau dévoile finalement une dernière petite surprise avant d’accueillir des cordes qui signent définitivement la fin de l’album.
Noel Gallagher nous livre ainsi un très bon deuxième album qui, s’il contient un ou deux morceaux moins inspirés, est aussi composé de réelles petites pépites comme The Dying of the Light ou The Right Stuff. Même si Chasing Yesterday viendra sans aucun doute une nouvelle fois prouver que le guitariste et compositeur d’Oasis n’a plus besoin de son ancien groupe pour avoir du succès, on ne peut s’empêcher de regretter la constante tension qui existait entre les deux frères et qui rendait presque chaque concert inoubliable. Car, comme le Chief le dit lui-même, il ne faut s’attendre à rien d’exceptionnel lors de l’un de ses shows puisqu’il n’est pas sur scène pour faire un spectacle, mais simplement pour jouer les chansons qu’il a composées. Mais après tout, c’est bien pour ça que des milliers de fans se réuniront lors de sa tournée, qui débutera dans quelques jours, et seront heureux de pouvoir écouter et chanter en cœur avec celui qui a bercé leur adolescence et continuera probablement de les accompagner pendant une bonne partie de leur vie.
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