Tindersticks – The Waiting Room

Avec The Waiting Room, les anglais de Tindersticks n’ont jamais aussi bien brouillé les pistes. Musique qui se regarde ou film qui s’écoute, à vous de choisir…

 

Après 3 années d’absence, le groupe de Stuart Staples revient avec un nouveau projet mêlant musique et cinéma. Les britanniques reprennent le fil de leur discographie là où il s’était arrêté en 2013 avec Across Six Leap Years ; et nous gratifient en guise de 10ème album, d’un concept intéressant.

Après plus de 2 décennies d’existence, le trio restant a su garder l’inspiration pour revenir sur le devant de la scène avec cet ambitieux projet. La particularité des Tindersticks réside dans son authenticité, ce qui rend leur oeuvre attrayante et intemporelle. Leurs compositions semblent traverser les époques et exigent une certaine attention afin de pénétrer leur univers. Elles dévoilent leurs histoires progressivement comme une bande son accompagnant intimement le défilement d’images. D’ailleurs, cette affiliation avec le 7ème art n’est pas nouvelle ; celle-ci ayant débuté en 1996 par une longue collaboration artistique avec la réalisatrice française Claire Denis.

Ce lien entre le son des Nottingham lads et le cinéma s’affirme encore plus avec The Waiting Room. Depuis leur Creuse d’adoption, les artistes se sont associés avec le festival du court-métrage de Clermont Ferrand et la Blogothèque. Le résultat se concrétisa sous la forme de onze mini-films illustrant chacun des morceaux de ce nouvel opus. Ce travail remarquable fut réalisé par Claire Denis, Richard Dumas, Christophe Girardet, Gregorio Graziosi, Rosie Pedlow & Joe King, Gabriel Sanna et Pierre Vinou ; et est appréciable ci-dessous :

 

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Mais revenons à ce bijou sonore. Après l’introduction, Follow Me, reprenant un air du film Les Révoltés du Bounty, le décor est planté et la pellicule prête à être déroulée.

Dès les premières notes de Second Chance Man, Staples qui a délaissé sa guitare, semble avoir retrouvé rythmiquement une certaine liberté, et cette fluidité ambiante est mise en valeur par les arrangements de cuivres crées par le musicien de jazz et compositeur Julian Siegel. Cette impression s’accentue sur Were We Once Lovers?, où le phrasé du chanteur accélère à lui seul le tempo. La métamorphose des rockers en jazzmen inspirés est lancée et l’auditeur est surpris par le groove dégagé sur Help Youself, écrit et enregistré en 1 heure!

L’ambiance se calme avec la ballade Hey Lucinda, enregistrée avec la regrettée Lhasa de Sela. Au delà de l’émotion provoquée par cette chanson, les interprétations des 2 artistes retranscrivent parfaitement la complicité et le plaisir issus de cet enregistrement de 2009. Puis vient l’entracte illuminé avec l’aérien et lancinant This Fear of Emptiness, né d’une expérimentation du claviériste David Boulter.

La 2ème partie de l’album est une séance plus feutrée, s’ouvrant avec le beau How We Entered  et sa paisible atmosphère; pour se poursuivre avec le titre éponyme qui se cristallise par la voix de l’anglais posée sur une orchestration minimaliste. Il faudra attendre We Are Dreamers !, le duo avec Jehnny Beth de Savages, pour retrouver du rythme mais aussi l’inquiétude et un sentiment d’urgence. Le disque se termine avec une légère ballade Like Only Lovers Can, laissant l’auditeur en suspens.

The Waiting Room est certainement l’aboutissement le plus complexe de nos acolytes. Au delà, de cette réalisation périlleuse, l’émotion du son des Tindersticks est toujours présente, et se retrouve embellie par une production légère et subtile. Personnellement, je vais continuer à écouter le film et regarder la musique. Et vous…

 

Tracklisting :

Follow Me

Second Chance Man

Were We Once Lovers ?

Help Youself

Hey Lucinda

This Fear of Emptiness

How He Entered

The Waiting Room

Planting Holes

We Are Dreamers !

Like Only Lovers Can

 

Nos morceaux favoris : We Are Dreamers !, Help Youself, Hey Lucinda, This Fear of Emptiness

NOTE : 8/10

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