01 Mar Massive Attack scotche le Zénith
Au crépuscule d’une tournée européenne, Massive Attack a frappé un grand coup pour leur deuxième date dans la salle parisienne.
Avec deux concerts annoncés au Zénith de Paris, Massive Attack, emmenés par les énigmatiques Daddy G et 3D, étaient attendus de pied ferme. De retour avec un EP de qualité, la machine de guerre trip-hop avait fait couler beaucoup d’encre après leur premier concert du côté Porte de Pantin, désabusés par les problèmes techniques. Ce deuxième soir, en revanche, s’est déroulé sans encombres, pour notre plus grand bonheur. Retour sur une soirée qui nous a tous laissés bouche bée.
Vers 19h30, ce sont les Ecossais de Young Fathers qui entrent en pistes. Avec leur hip-hop glacial, ceux qui ont apporté leur contribution à Massive Attack sur Voodoo In My Blood, donnent le ton de la soirée avec une entrée fracassante. Sur des percussions aussi fracassantes que leur flow, le trio transmet son ambiance ténébreuse d’une facilité déconcertante. De quoi bien préparer le terrain avant l’arrivée du groupe phare.
Après trois quarts d’heure de pause, les hostilités reprennent de plus belle. Les lumières s’éteignent et Massive Attack est acclamé par toute l’assemblée. Sur un puissant Battle Box 001, accompagnés par Martina Topley-Bird au chant, la formation de Bristol nous plonge directement dans le bain : son puissant, jeu de lumières bluffant et visuels hypnotiques. La suite sera du même acabit, et une atmosphère froide, parfois perverse, se répandra sans relâche dans toute la salle, sous la tutelle de visuels prêts à titiller notre for interieur, quitte à nous rendre parfois mal à l’aise (images choc, messages tantôt teintés de pessimisme, tantôt d’espoir, nous remettant sèchement à notre place dans un monde qui ne tourne pas si rond) : l’esprit de 3D, connu pour son engagement politique, est partout, aussi bien dans la musique qu’autour d’elle.
Niveau communication, là aussi, on reste dans le cadre de la soirée : très économes dans leurs discours, les membres du groupe laissent une certaine distance entre eux et le public. Cette distance, néanmoins, joue en leur faveur et la mise en scène fait mouche. Nous restons en apnée pendant deux heure de show, touchés dans tous les sens par les sonorités éclatantes du collectif. On retiendra le succulent Future Proof, qui prend une dimension d’autant plus grandiose sur scène. Même son de cloche pour l’aérien Angel, guidé par la voix du monument du reggae Horace Andy, qui ne semble pas subir les altérations du temps. Et que dire du final dément de Safe From Harm, où batterie, basse et guitare viennent brutalement nous exploser au visage ? Imparable.
Après avoir quitté la scène sur ce feu d’artifice, Massive Attack, copieusement rappelé par le Zénith, revient en compagnie de Young Fathers pour une collaboration scénique de haut vol (Voodoo In My Blood révèle toute sa saveur en live). Sur un deuxième rappel, après un hommage touchant aux victimes des attentats de novembre sur l’écran géant, le groupe lâche ses dernières cartouches avec d’abord le célèbrissime Unfinished Sympathy, interprété par Deborah Miller avant de conclure sur un Splitting The Atom plus intimiste et rejoindre les coulisses pour de bon. Alors que les lumières se rallument dans la salle, le public reprend son souffle, l’esprit définitivement marqué par ce concert proche de la perfection.
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